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Point de vue

« Nos langues ont besoin d’un véritable plan Marshall »

 « Nos langues ont besoin d’un véritable plan Marshall »

Pour Bernez Rouz, président du conseil culturel de Bretagne et Yann-Bêr Thomin, président de sa commission langue, la réforme « non aboutie » de Jean-Michel Blanquer « n’a pas anticipé les conséquences pour les langues régionales » notamment le breton.

« Si on ne peut que se féliciter d’une réelle progression des postes d’enseignants en primaire cette année, on ne peut qu’être inquiet de la baisse des effectifs constatée dans les filières bilingues des lycées. »

« Si on ne peut que se féliciter d’une réelle progression des postes d’enseignants en primaire cette année, on ne peut qu’être inquiet de la baisse des effectifs constatée dans les filières bilingues des lycées. » | OUEST FRANCE

 « Lors de sa visite récente en Bretagne, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation Nationale a évoqué la politique de son ministère en ce qui concerne les langues de Bretagne.

Nous ne doutons pas de son attachement à nos langues et nous avons bien entendu son cri : « Vive le breton ! ». Pourtant, si on ne peut que se féliciter d’une réelle progression des postes d’enseignants en primaire cette année, on ne peut qu’être inquiet de la baisse des effectifs constatée dans les filières bilingues des lycées. En demandant aux élèves de se spécialiser à 16 ans, en classe de première, c’est-à-dire de choisir un métier, le breton est mis en concurrence directe avec d’autres spécialités : mathématiques, sciences, français, histoire-géographie et langues vivantes étrangères…

Le choix devient donc cornélien en première

C’est là que le bât blesse. Il n’est pas possible de prendre deux langues en spécialité. En un mot c’est breton ou allemand, c’est breton ou espagnol. Pour des élèves bilingues depuis la maternelle qui ont acquis une aisance dans l’apprentissage des langues, cette exclusion d’une langue vivante est un drame.

Le choix devient donc cornélien pour les parents qui sont sensibles aux sirènes des modèles dominants. Et pourtant une spécialisation en breton c’est du travail assuré en Bretagne où le besoin en personnels bilingues français-breton est important et correspond à une forte demande sociale.

Pour les mêmes coefficients que les langues anciennes

Le choix de l’option breton a également l’avantage de pouvoir être valorisé à l’université. Mais la réforme de Jean-Michel Blanquer présente une deuxième pierre d’achoppement, à savoir la sous-évaluation de l’épreuve au bac.

C’est pourquoi les associations d’enseignants demandent que les coefficients des langues régionales soient au même niveau que les langues anciennes, ce qui serait la moindre des choses.

Conséquence de cette réforme, le quart des élèves des filières de seconde abandonne ce bilinguisme qu’ils pratiquent depuis la maternelle et qui n’est plus valorisé jusqu’à la fin des études secondaires. Ce sont des années d’enseignement qui sont balayées d’un trait de plume, par une réforme non aboutie qui n’a pas anticipé les conséquences pour les langues régionales malgré l’intervention des syndicats d’enseignants et des personnalités politiques de tous bords.

Vive notre culture magnifique !

Le ministre de l’Éducation nationale a regretté récemment, à Brest, cet état de fait. Le ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, n’est pas en reste, dans le portrait qu’elle fait de sa grand-mère bretonnante dans son livre, Corentine :  C’est avec indignation que je vois le mépris avec lequel la France considérait ses enfants bretons comme des arriérés, alors qu’ils étaient pétris d’une culture magnifique ».

Vive le breton ! Vive notre culture magnifique ! Donc au plus haut niveau ! Mais que les gestes rejoignent la parole ! Or, malgré la levée de boucliers de tous les représentants des langues régionales dans toutes les régions de France concernées depuis deux ans, Jean-Michel Blanquer n’a pas bougé d’un pouce.

Le recours au CNED (cours à distance), tardivement proposé en ce mois de décembre 2020, par le ministre ne peut remplacer efficacement un enseignement en présentiel et le travail en commun des lycéens dans une classe.

De plus la politique subtile de fragilisation de l’enseignement des langues régionales dans les lycées se doit de lever une ambiguïté : les cours du CNED sont payants, le seront-ils pour le breton ?

Pour une reconnaissance de la diversité linguistique

On peut donc légitimement s’interroger sur la contradiction entre des déclarations a priori positives, un renforcement par des créations de postes en école primaire et une politique ambiguë concernant les lycées, qui impacte gravement toutes les langues régionales.

La meilleure illustration de l’intérêt du ministre pour nos langues et pour une véritable reconnaissance de la diversité linguistique en France, serait de prendre en compte, dans la nouvelle convention État Région sur les langues de Bretagne, actuellement en discussion, des propositions faites par le Conseil régional de Bretagne et appuyées fortement par le Conseil culturel de Bretagne.

Nos langues ont besoin d’un véritable plan Marshall, c’est-à-dire de moyens conséquents, accompagnant une politique à long terme, clairement affirmée par nos gouvernements. »

 

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