A la veille du second tour des élections présidentielles, dans un courrier publié le 26 avril dernier dans France-Antilles, je disais mon refus de choisir entre le choléra et la peste. Depuis, suite à une campagne médiatiquement orchestrée, le danger de cette première épidémie a été (jusques à quand ?) écarté. Quant à la seconde, celle de la peste, passé le temps de son incubation, les effets de cette maladie infectieuse ne tarderont pas à sévir et ceux qui, n’ayant pas su refuser de choisir entre ces deux maux, n’auront plus que leurs yeux pour pleurer.
Lors du premier tour des élections présidentielles françaises, je me suis fait violence : je suis allé voter Mélanchon et non pour Mélanchon, cette nuance pour dire ma clairvoyance quant aux limites de la vision politique de celui qui (encore imbu, comme tant d’autres, de la sempiternelle idéologie coloniale française) se réclamait du vaste empire maritime français et de la perpétuation de la francophonie.
Faisant (tactiquement) fi de ces déclarations, je retenais du programme de la France Insoumise la mise à bas de la Veme République et la convocation non pas d’Etats généraux ni d’Assisses d’outremer, mais d’une Constituante, espace fondateur d’une nouvelle constitution à propos de laquelle le peuple martiniquais, aurait eu l’opportunité d’exiger une nouveau cadre institutionnel propice à l’avancé de ses légitimes revendications.
Aux présidentielles ont succédé les législatives…Un vent de folie souffle sur notre pays ! Une cinquantaine de candidats monte à l’assaut de quatre fauteuils parlementaires et parmi cette multitude de challengeurs (dont il est permis de se demander si certain(e)s savent ce qu’ils/elles font là), des apprentis magiciens s’apprêtent à effectuer un détournement de voix, de ces 29.958 voix ayant porté, lors du premier tour des présidentielle, leur suffrage sur La France Insoumise.
Cette manœuvre doit être dénoncée parce que non seulement elle est le fruit d’un subtil abus de confiance mais surtout les promoteurs de cette opération politicienne inscrivent celle-ci dans la lignée de ce qu’il convient de nommer paternalisme de « gauche », cet incessant perturbateur des progrès de la conscience martiniquaise.
Daniel Boukman, écrivain, militant martiniquais.