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« Morne Câpresse » de Gisèle PINEAU

Marie-Noëlle RECOQUE DESFONTAINES
«  Morne Câpresse »  de Gisèle PINEAU

Line, la narratrice, cherche sa sœur qui a disparu. Ses pas la conduisent en haut du morne Câpresse où s’est implantée, dans un cadre verdoyant, la Congrégation des filles de Cham. La secte n’accueille que des femmes, toutes anciennes prostituées, délinquantes, droguées en mal de rédemption. Elles arrivent souvent enceintes et bizarrement n’accouchent jamais que de filles. Line, subjuguée, ne parvient pas à résister au conditionnement ambiant et se trouve happée par la communauté.

 

Les pratiques religieuses de la secte annoncent la proche délivrance du « peuple noir » et les saints catholiques sont priés conjointement avec les esprits des ancêtres esclaves et ceux des grandes figures de l’histoire de la  « race noire ». La fin de la vie contemplative pour ces femmes doit être annoncée par la venue au monde sur le Morne Câpresse d’un enfant mâle autrement dit un messie. Alors, les adeptes iront convertir les impurs de la Guadeloupe puis ceux du monde entier.

 

Le gourou de cette secte, Sœur Pacôme, travaillait autrefois en France, à la RATP. En 1990, elle revient en Guadeloupe pour enterrer sa mère et se lancer à la recherche des frères et sœurs semés à tous vents par son père, un coureur de femmes impénitent dans le mystère duquel elle a toujours vécu. Pacôme a alors une vision, celle de la communauté à fonder afin de remettre sur le droit chemin des marginales fourvoyées. Elle est très vite perçue, y compris par les responsables politiques, pour une femme providentielle. Mais Pacôme est dérangée psychiquement, sa dérive entraînera celle de la secte.

 

Dans ce roman, l’image de la Guadeloupe n’est guère flatteuse. Les plaies réelles sont amplifiées de manière à créer une dramatisation romanesque particulièrement efficace: décharges sauvages tentaculaires, bétonnage des terres vierges ou empoisonnement par les pesticides, insécurité galopante, ombres du passé, violence retenue, haine à retardement. L’île va vers sa perdition. L’évocation des quartiers défavorisés et de la campagne guadeloupéenne est très pertinente ainsi que celle des pauvres gens et des femmes en proie à la décrépitude. 

 

« Morne Câpresse » est particulièrement réussi. Le récit bien conduit bénéficie d’un style évocateur et prenant, marque de fabrique de la romancière et cela depuis ses premiers écrits.

 

    Marie-Noëlle RECOQUE DESFONTAINES

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