Dans nos petites sociétés insulaires, le regard de l'autre est forcément plus important que dans les grandes où l'on bénéficie de l'anonymat. Certains (es) ne vivent même que par et pour le regard des autres qui donne, à leurs yeux, sens à leur existence en ce bas monde que Dieu lui-même semble avoir déserté depuis longtemps.
Pour que ce regard de l'Autre puisse vous...regarder et vous admirer, l'on doit arborer des titres ronflants (directeur, chef, de service, patron, président, vice-président, etc.) et surtout pouvoir les sortir à tout moment afin d'impressionner le vulgum pecus plus communément appelé en latin Ti SONSON. Il existe même des personnes qui ne peuvent pas respirer si on ne leur donne pas du "Monsieur ceci" ou du "Madame cela" à tout bout de champ. C'est là leur oxygène !
Et quand le chef ou la cheftaine est un traitre ou une traitresse, il et elle ont toujours le pressant besoin, non pas d'aller au petit coin, mais de se voir attribuer des médailles de saucisson pour leurs faits d'arme (en plus de leurs prébendes et autres espèces sonnantes et trébuchantes). La plus hilarante d'entre ces médailles a un joli nom : les palmes académiques. Nos palmipèdes académiques, une fois décorés, adoptent une démarche canardesque censée leur gonfler le jabot et donc leur donner encore plus d'importance aux yeux de Gros SONSON.
Dans l'Antiquité, Judas, en Palestine sous occupation romaine, tout en étant un yich man Bans (comme on dit en espagnol) ou un "hijo de puta" (comme on dit en créole), n'avait, lui au moins, pas soif de décorations à la con. Il se contentait de trahir les siens...