Accueil
Aimé CESAIRE
Frantz FANON
Paulette NARDAL
René MENIL
Edouard GLISSANT
Suzanne CESAIRE
Jean BERNABE
Guy CABORT MASSON
Vincent PLACOLY
Derek WALCOTT
Price MARS
Jacques ROUMAIN
Guy TIROLIEN
Jacques-Stephen ALEXIS
Sonny RUPAIRE
Georges GRATIANT
Marie VIEUX-CHAUVET
Léon-Gontran DAMAS
Firmin ANTENOR
Edouard Jacques MAUNICK
Saint-John PERSE
Maximilien LAROCHE
Aude-Emmanuelle HOAREAU
Georges MAUVOIS
Marcel MANVILLE
Daniel HONORE
Alain ANSELIN
Jacques COURSIL

Martinique : l'indépendance pour quoi faire en 2018

Raphaël Confiant
Martinique : l'indépendance pour quoi faire en 2018
    "Pour ne pas disparaître en tant que peuple, c'est tout !"
   C'est la réponse la plus sensée à cette question que j'ai entendue depuis des années et elle n'émane pas d'un Martiniquais, mais d'un...Japonais qui aime notre pays, qui connaît sa culture (en particulier sa littérature) et qui vient chez nous de temps à autre. 
    J'aurais ajouté : "Pour ne pas devenir à terme les Noirs américains des Français !".
   Car oui, nous sommes menacés d'être phagocytés par l'Hexagone à l'heure où l'Internet abolit les distances et où un pays peut en contrôler un autre de façon instantanée et continue. Le bateau prend dix jours pour traverser l'Atlantique, l'avion 8h, mais l'Internet, lui, n'a besoin que de quelques nanosecondes. Quand vous introduisez votre carte bleue dans un distributeur automatique à Fort-de-France, votre code est contrôlé par un central informatique situé à...Lyon.
   Donc, la vraie question, la seule qui importe dans notre situation est de savoir si nous voulons exister en tant que peuple différent ("différent" ne voulant absolument pas dire "ennemi" !) des Français ou si au contraire nous souhaitons devenir des Français à part entière dans les moindres détails de notre existence quotidienne. Les bavardages de gauche et surtout d'extrême-gauche sur l'amélioration du niveau de vie des masses populaires n'ont servi depuis quatre décennies qu'à empêcher que cette question soit posée. Il faudrait que nos gauchistes (septuagénaires pour la plupart) arrêtent de raconter n'importe quoi. En effet, le plus inculte ou le plus obtus des Martiniquais sait pertinemment qu'aucune indépendance ne lui garantira la CMU, l'assurance-chômage, l'allocation-logement, l'allocation adulte handicapé ou les 40%. Même en ne disposant que d'un RSA, il peut voyager jusqu'à Sainte-Lucie ou la Dominique et s'en rendre compte de ses propres yeux.
   Donc lui tenir le discours indépendantiste habituel n'a aucune chance de fonctionner et compère Lapen comme il est, il votera pour les indépendantistes tant que le statut de l'île n'est pas en jeu Mais dès qu'il aura le moindre soupçon d'un début de commencement d'autonomie, il battra aussitôt en retraite et votera massivement contre comme en 2010, lors de la consultation sur cette poussière d'autonomie qu'est l'Article 74 (plus de 70% de votes contre). FANON l'avait déjà dit pour l'Algérie : le combat pour l'indépendance d'un pays n'a rien à voir avec le combat pour la justice sociale.  Le combat pour l'indépendance est un combat existentiel !
   Car enfin, Simon BOLIVAR voulait la justice sociale peut-être ? Il avait promis aux Noirs l'abolition de l'esclavage s'ils rejoignait les Blancs créoles dans leur lutte contre l'Espagne, chose que les Noirs ont faite, mais une fois l'indépendance acquise le Libertador oublia sa promesse. BOLIVAR voulait l'indépendance de la Colombie-Venezuela. Point ! Aucune indépendance latino-américaine (19è siècle) ni aucune indépendance caribéenne (20è siècle) n'a  d'ailleurs été obtenue en promettant aux masses populaires le paradis du socialisme ou du communisme.
   Cela peut se résumer ainsi : L'INDEPENDANCE OU LA MORT.
  Si la Martinique demeure française, année après année elle deviendra de plus en plus française et un beau jour, la seule chose qui distinguera les Martiniquais des Français sera la couleur de la peau. La Martinique martiniquaise aura alors disparu. Si c'est un choix conscient, il n'y a aucun problème à cela, mais si cela advient par manque de clarté d'esprit et à cause des bla-bla-blas gauchistes (lesquels sont devenus le principal obstacle à l'idée d'indépendance car le camp assimiliationniste ou la Droite sont morts en Martinique depuis longtemps), ce serait affligeant.
   Donc le Martiniquais a le choix entre une existence française relativement confortable (par rapport aux pays voisins) et une existence martiniquaise (qui lui demandera des sacrifices comme les peuples voisins). Il ne peut pas vouloir le beurre, l'argent du beurre et l'arrière-train de la fermière en prime comme le lui promettent les autonomistes aussi néfastes, ceux-là, que les gauchistes. A fond et très ironiquement, les Martiniquais sont confrontés à la fameuse question shakespearienne : to be or not to be ? Etre ou ne pas être ?  
   Les Martiniquais veulent-ils continuer à être martiniquais ("persister dans leur Etre" diraient les philosophes) ou au contraire veulent-ils devenir les Noirs américains des Français ? Choisir l'une ou l'autre voie est parfaitement honorable. Ce qui est, par contre déshonorant, c'est de déclarer, comme l'a fait un leader d'un mouvement d'extrême-gauche dernièrement, "Je fus indépendantiste".
    Cela ne signifie pas que je sois meilleur ou plus honnête que ce dernier. Oh, que non ! Car entouré d'indépendantistes marxistes-maoïstes-trotskystes durant des décennies, je n'ai jamais trouvé le courage de leur dire que j'étais un indépendantiste barbadien (ou seychellois ou mauricien)...Maintenant, il est l'heure de faire mon coming out !
   J'y reviendrai dans un prochain article...
Image: 

Connexion utilisateur

CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain afin d'éviter les soumissions automatisées spam.

Pages