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Lyonel Trouillot : « C’est dangereux de vivre en [Haïti] »

Lyonel Trouillot : « C’est dangereux de vivre en [Haïti] »

« C’est dangereux de vivre ici [Haiti, ndlr] », déclare Lyonel Trouillot dans une entrevue diffusée en France ce dimanche 8 décembre. Avec le franc-parler qu’on lui reconnait, il affirme que la position de la communauté internationale actuellement en Haïti révélerait de « l’ordre du racisme ».

En entretien avec Thierry Fiorile à l’émission Culture d’info sur France info ce dimanche 8 décembre, l’écrivain haïtien et militant politique Lyonel Trouillot s’est prononcé sur l’état de délabrement actuel dans lequel Haïti s’y connait.

« C’est l'une des pires de son histoire certainement », regrette-t-il. « On vit une orientation vers des pratiques dictatoriales qui sont de plus en plus criminelles, assassines et inquiétantes, a ajouté, plus loin, l'un des membres fondateurs de RADI (Rasanbleman pou diyite Ayiti).

Nous publions in-extenso cette entrevue si courte, mais non dénuée de sens et d’importance à l’heure où le pays connait une période de « lock » depuis plus de quatre mois. Les enfants essayaient de reprendre la route de l’école la semaine écoulée, mais la psychose de peur se faisait sentir de part et d’autre. Du coup, les apprenants s’y rendaient en couleur.  

franceinfo : La période actuelle est-elle la pire qu'ait connue Haïti ?

Lyonel Trouillot : C’est l'une des pires de son histoire certainement, mais en même temps, si les revendications populaires finissent par triompher, c’est aussi la possibilité de penser Haïti autrement et d’orienter la société haïtienne vers plus de liberté, de justice sociale et de démocratie. Nous sommes à la fin d’un système qui ne peut plus produire de consentement. Cette société est fondée sur des inégalités sociales inacceptables, donnant quasiment tout à un petit groupe, et quasiment rien à la majorité. Les gens n’en veulent plus et le seul recours du pouvoir actuel contre cette volonté générale, c’est la répression. On vit une orientation vers des pratiques dictatoriales qui sont de plus en plus criminelles, assassines et inquiétantes.  

Au quotidien l’insécurité est totale ?  

Elle est terrible, en particulier dans les milieux populaires, où il y a de plus en plus d’actes de répression, on parle de plus en plus de la transformation de la police nationale en un corps de Tontons macoutes (de l'ère Duvalier).  

Le départ de Jovenel Moïse est indispensable ?  

Je le crois, et cette demande est quasiment exprimée par tous. Mais nous sommes entrés dans une période de pourrissement, le président s’accroche au pouvoir et en même temps, il n’a aucune possibilité de produire du consentement.  

On a l’impression que la communauté internationale est aveugle  

Aveugle et peut-être sourde... Nous, Haïtiens, sans être paranoïaques, on se demande s’il n’y a pas deux poids, deux mesures, et quelque chose qui serait de l’ordre du racisme dans le traitement de la question haïtienne par la communauté internationale. Aussi bien par la presse que par les États, il est extrêmement douloureux pour un Haïtien d’entendre qu’à Hong Kong, un militant pro-démocratie a été tué, alors qu’ici nous avons des massacres réguliers.

Des amis français ont rédigé une note, mais tous les jours ils me disent le mal qu’ils ont à trouver des médias pour publier leur tribune. Et ce sont des écrivains, des comédiens, des gens plutôt connus, mais ce qu’ils disent ne semble intéresser personne.  

Vous avez fait le choix de rester en Haïti, c’est un choix courageux, c’est dangereux...  

Oui, c’est dangereux de vivre ici, concernant ceux qui partent, je comprends tout à fait ceux qui disent : je n’en peux plus, mais on ne peut pas construire un pays en le fuyant, et si la France peut aider, il n’y a qu’une façon de le faire, c’est d’accompagner le mouvement revendicatif.

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