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L'UNIVERSITE DES ANTILLES DOIT ETRE SANCTUARISEE (2è partie)

L'UNIVERSITE DES ANTILLES DOIT ETRE SANCTUARISEE (2è partie)

   L'affaire du CEREGMIA ne permettra pas seulement de nettoyer les écuries d'Augias et de donner un coup d'arrêt au siphonage des fonds européens par certains universitaires peu scrupuleux, mais peut être également l'occasion d'avancer une notion qui était inconnue jusque-là au sein de notre université : sa sanctuarisation. Que faut-il entendre par là ? D'abord le fait que cet outil qui sert à d'une part former notre jeunesse et d'autre part, à produire du savoir, ne doit plus être l'objet de captations politiciennes. Autrement dit, plus aucun universitaire, dès l'instant ou il y occupe un poste d'autorité ou des fonctions de direction, à quelque niveau que ce soit, ne devra se prévaloir de ce statut pour se présenter aux élections ou négocier une place sur une liste électorale.

   Par contre, le simple enseignant-chercheur a tout à fait le droit de faire de la politique comme on dit couramment et à briguer tel ou tel poste. D'ailleurs, au cas où il est élu, il/elle devrait même se donner pour tâche première de faire ses collègues maires, conseillers territoriaux, députés ou sénateurs respecter l'autonomie des universités, autonomie que protège une loi et qui est pourtant régulièrement remise en cause. C'est que dans nos régions plus que dans l'Hexagone, les collectivités locales, par exemple, au motif qu'elles participent au financement de l'Université croient pouvoir lui dicter sa conduite et s'arrogent le droit d'intervenir dans les affaires internes de celle-ci. Faut-il rappeler que sur un budget universitaire de près de 90 millions d'euros, nos collectivités de Martinique et de Guadeloupe n'interviennent que pour 2% de cette somme ? Faut-il rappeler aussi que dans des régions françaises telles que l'Ile-de-France ou Rhône-Alpes, régions qui participent pourtant à hauteur de 30% du budget des universités se trouvant sur leur territoire, aucun président de région ou de département ne s'aviserait de vouloir interférer dans la bonne marche des universités, encore moins de tenter de mettre sous leur coupe les présidents (es) de ces dernières ?
   L'Université des Antilles doit cesser d'être un enjeu de pouvoir et doit être sanctuarisée.
   Par sanctuarisation, nous entendons le fait de la placer au-dessus des inévitables rivalités politiques qui somme toute témoignent de la réalité d'une vie démocratique, fut-elle agitée par endroits ou par moments. Autrement dit et pour parler concrètement, les élus ne doivent plus conditionner leur aide à telle ou telle demande de financement à l'appartenance politique, réelle ou supposée, du ou des porteur (s) de projet (s), mais à l'intérêt de ces derniers pour la Martinique et la Guadeloupe. En quoi ce projet fera-t-il avancer nos pays ? En quoi il peut être utile à nos sociétés antillaises ? Cela sera-t-il utile à notre jeunesse ? Voilà les seules questions que devraient se poser nos élus lorsqu'ils sont confrontés à une demande de financement. Alors bien sûr, les régions définissent des plans de développement et les universités, de leur côté, se doivent d'essayer au maximum de mettre leurs projets d'enseignement et de recherche en adéquation avec lesdits plan de développement mais sans que cela remette en question pour autant la recherche fondamentale laquelle est aussi l'une des missions de l'université. Entre gens de bonne volonté et de bonne compréhension, il n'y a aucune raison que des concertations régulières ne soient pas organisées et qu'elles n'aboutissent pas à des accords solides entre régions et universités.
   Sanctuariser ne signifie pas pour autant momifier. Ni non plus tenir à l'écart du monde. L'université est pleinement dans le monde et les conflits qui affectent ce dernier la traversent forcément. Rien que de très normal. Mais l'université doit se montrer exemplaire puisqu'elle est censée être un haut lieu du savoir. Le mot "études supérieures" n'est pas un vain mot. Et la première exemplarité pour un universitaire est de refuser de se livrer à toute forme de prosélytisme, surtout politique auprès de ses étudiants, ses collègues et du personnel administratif. L'Université ne doit pas être un lieu de recrutement pour les partis politiques. Les universitaires, surtout ceux qui occupent des fonctions d'autorité ou des postes de direction, sont déjà assez occupés par la politique à/de l'université, par la gestion des conflits internes comme par la définition des orientations de l'institution pour se permettre d'y mêler en plus des problématiques hors-université.
   D'une manière générale, nous gagnerions, Martiniquais et Guadeloupéens, à définir des territoires à sanctuariser pour le bien-être de nos sociétés. Outre, l'université, on peut y ajouter la défense et promotion de la langue créole, la sauvegarde des terres agricoles, la protection de la biodiversité etc...En clair, des domaines dans lesquels l'intérêt général primera sur les intérêts particuliers toujours forcément conflictuels. Ce ne sera pas facile à faire admettre et de nombreux obstacles se dresseront sur la route des partisans de la sanctuarisation, mais dans des pays aux dimensions réduites comme les nôtres, n'est-ce pas l'unique manière d'éviter le piège de l'auto-destruction ?...

Commentaires

Apache | 25/11/2015 - 10:01 :
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