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L’ŒUVRE DE MAURICE SIXTO, UN PATRIMOINE À SAUVEGARDER ET À ÉTUDIER

par Frenand Leger
L’ŒUVRE DE MAURICE SIXTO, UN PATRIMOINE À SAUVEGARDER ET À ÉTUDIER

Maurice Sixto, le grand "lodyansè" haïtien, est né le 23 mai 1919 et est décédé le 12 du même mois en 1984. Pour la Fondation Maurice Sixto (MAS) en Haïti, le mois de mai devrait être consacré à honorer la mémoire de Maurice Sixto. En contribution à cette initiative Frenand Leger nous a transmis cet article. Gloriyé Sixto.

Il convient, dès le début, d’attirer l’attention des responsables et de tous les acteurs des institutions culturelles et éducatives haïtiennes, sur le fait que les lodyans[i] de Maurice Sixto constituent un patrimoine littéraire oral (d’oraliture[ii]) à sauvegarder précieusement et surtout à étudier au même titre que n’importe quelle production littéraire écrite. Cette manière d’aborder la question des lodyans de Maurice Sixto, en mettant d’emblée en parallèle l’oraliture kreyòl[iii] et l’écriture haïtienne d’expression française, nous permet de ne pas perdre de vue l’essentiel de la problématique de ce genre de récit propre à la culture haïtienne. Dès la première moitié du XIXe siècle, on peut déjà observer certains éléments caractéristiques du lodyans dans l’écriture haïtienne de langue française. L’œuvre fictionnelle d’Ignace Nau, inspirée principalement de la vie rurale haïtienne, est en effet imprégnée de cette poétique du lodyans et plusieurs autres écrivains lodyansè[iv] des générations suivantes ont emboîté le pas, notamment Louis Joseph Janvier, Justin Lhérisson, Fernand Hibbert, Ida Faubert, Jacques-Stephen Alexis, Gary Victor, Stanley Péan, Dany Laferrière, Georges Anglade etc.

 

Si dans la plupart des sociétés, le passage de l’oral à l’écrit s’opère habituellement dans une même langue, la production des lodyans littéraires, par les écrivains haïtiens, ne s’inscrit pas dans cette logique puisqu’il ne s’agit pas d’un passage de l’oraliture kreyòl à la littérature haïtienne d’expression kreyòl, mais plutôt à une littérature d’expression française. Cette situation illustre bien la hiérarchie qui existe entre le lodyans oral kreyòl et le lodyans écrit français et plus précisément la position défavorable du premier par rapport au second. Cela explique aussi bien évidemment le rapport de dominant-dominé qui existe entre les deux langues officielles de la République d’Haïti. Si passer de l’oralité à l’écriture c’est transiter de la tradition à la modernité, Laroche a raison d’affirmer que la transition de l’oral à l’écrit dans le contexte haïtien est le « passage d’une tradition non pas à sa modernité mais à une autre modernité[v] » (1991, p. 23-24). Dans ce cas, on peut dire que l’utilisation de l’oralité kreyòl comme matière première[vi] dans le domaine de la création littéraire sert généralement à illustrer et à enrichir le français à la place de la langue kreyòl. Sinon, comment explique-t-on l’élection de l’écrivain haïtien Dany Laferrière à une institution comme l’Académie française dont la mission principale est de défendre la langue française? Quel est le statut de l’œuvre d’oraliture de Sixto par rapport à celles de ces écrivains lodyansè?

 

La vie de Maurice Sixto

Né aux Gonaïves le 23 mai 1919, Maurice Alfredo Sixto était journaliste, animateur de radio, traducteur, enseignant de littérature et l’un des professionnels haïtiens de l’oralité les plus populaires. Son nom est resté célèbre dans l’histoire de l’oraliture haïtienne grâce à ses multiples lodyans contés principalement en kreyòl et, dans une moindre mesure, en français. Du côté maternel,  il appartient à la lignée familiale des Vastey. Sa mère, Maria Bourand, fille de Alice de Vastey, est la petite fille de Pompée Valentin Vastey, qui, lui-même, est devenu Baron de Vastey sous le règne de Henry Christophe dans le Nord d’Haïti. Maurice tient son nom de famille de son père, l’ingénieur Alfredo Sixto qui était le fils d’Adolphe Sixto, un homme d’affaires originaire de Saint Thomas dans les Îles Vierges.

 

Maurice Sixto débute ses études classiques à l’école des Frères de Gonaïves et les poursuit à Port-au-Prince chez les Frères de l’Institution de Saint-Louis de Gonzague où il a commencé à se faire remarquer pour ses talents de lodyansè, de diseur et surtout d’imitateur. On rapporte qu’il avait l’habitude d’amuser ses camarades de classe qui s’attroupaient autour de lui dans la cour de récréation pour l’entendre parodier des personnalités célèbres tels Sacha Guitry et Sténio Vincent. Il imitait aussi la voix des gens du peuple parlant le kreyòl à un moment où cette langue n’avait encore aucun statut dans la société haïtienne. Il le faisait à ses risques et périls puisqu’à l’époque l’usage du créole était encore formellement interdit dans les écoles haïtiennes sous peine de sévères punitions allant jusqu’au châtiment corporel.

 

Ses études secondaires terminées, le jeune Maurice décide d’intégrer l’ancienne Académie Militaire, non pas par conviction, mais pour fuir la maison familiale en signe de protestation contre son père. Peu de temps après la mort de Maria en 1936, le père de Maurice épouse une jeune fille ayant le même âge que son fils de 17 ans. Ne pouvant pas supporter cet affront à la mémoire de sa défunte mère, Maurice prend le chemin de l’école militaire où il n’est resté que trois mois. Entre 1938 et 1948, Maurice est, tour à tour, journaliste au quotidien Le Matin, enseignant d’anglais et de français, animateur à la radio HHBM, interprète et traducteur à l’Ambassade amérciaine, guide touristique à l’Agence Citadelle, et étudiant à la Faculté de Droit de 1945 à 1948. Il est ensuite nommé Attaché de Presse à l’Ambassade du Libéria le 28 Décembre 1950 par le président Paul Eugène Magloire. Il reste en fonction à l’Ambassade du Libéria jusqu’en 1961 et part ensuite au Congo en 1962 avec le premier contingent d’enseignants haïtiens qui partaient pour l’Afrique sous l’égide de L’Unesco.

 

Maurice passe neuf ans à Kinshasa où il enseigne le français, l’anglais, le latin et les sciences sociales. Il déplorait le fait que les Belges soient partis du Congo sans contribuer à la formation d’enseignants locaux pour prendre la relève. C’est au cours de ces années passées en Afrique qu’il a rencontré et épousé Marie Thérèse Torchon, sa deuxième épouse avec qui il a vécu jusqu’à la fin de ses jours. Souffrant du glaucome dès l’âge de 24 ans, Maurice est atteint de déficience visuelle totale en 1969 malgré plusieurs interventions chirurgicales. À cause de la cécité, il est contraint d’abandonner son poste d’enseignant en Afrique. Il s’établit définitivement aux États-Unis dans les années 1970.  Sa condition ne l’empêche pourtant pas d’être très actif dans le milieu américain où il travaille comme consultant et donne ponctuellement des conférences sur les civilisations précolombiennes et africaines. Le 4 juillet 1976, il est honoré par le maire de Philadelphie à l’occasion de la célébration du bicentenaire des États-Unis et ensuite par Madame Jacky Kennedy qui l’a choisi comme invité d’honneur à un dîner organisé pour lever des fonds contre la leucémie. Maurice reçoit également le prix du meilleur diseur à New York en 1979 ainsi que celui du meilleur conférencier à Philadelphie en 1984.

 

Comme dit le funeste dicton haïtien « malè pa gen klaksòn », un évènement malheureux, survenu le 12 mai 1984, a causé la mort de Maurice Sixto à la « Villa Léa Kokoye » à Philadelphie. Selon Gertrude Séjour, directrice de la Fondation Maurice Sixto, le lodyansè, qui aimait fumer, se brûlait constamment lorsqu’il allumait à l’aveuglette ses cigarettes. La femme de Maurice a elle-même arrêté de fumer pour encourager son mari à en faire autant. Mais, avec l’aide d’une voisine, le fumeur invétéré se faisait acheter des cigarettes qu’il consommait en cachette. Un jour, alors qu’il allumait une cigarette, le pire s’est malheureusement produit. L’allumette est tombée sur ses habits et a mis le feu à son pyjama. Transporté d’urgence à l’hôpital Albert Einstein dans la ville de Philadelphie, Maurice Sixto est mort d’une crise cardiaque causée par ses graves brûlures.

 

L’œuvre de Maurice Sixto

L’œuvre de Maurice Sixto, ayant pour titre d’ensemble Choses et gens entendus, est composée d’une série de 60 lodyans, dont la plupart sont racontés à l’oral en kreyòl et quelques uns en français. Enregistrés sur supports sonores, les lodyans de Sixto étaient à l’origine diffusés à la radio avant d’être compilés en volumes sur cassettes et CDs vendus chez des disquaires. Il existe actuellement en circulation huit volumes, dont six publiés pendant le vivant de Sixto et plusieurs autres volumes posthumes. Les lodyans de Sixto les plus connus sont ceux qu’il a lui-même publiés avant sa mort. Parmi ceux-ci on peut citer « Lea Kokoye », « Zabèlbòk Berachat », « Ti Sentaniz », « Gwo Moso », « J’ai vengé la race » et « Madan Jul ». Chacun de ses six lodyans est en fait le titre d’un des six volumes sortis à l’époque où Sixto était encore parmi nous. Il existe parallèlement plusieurs lodyans posthumes notamment « Pa nan Betiz », « Emil toutou », « Solisyon chimik », « Machann poul », « Dictatures », « Les Perles du Général » et « Elie Lescot » ainsi que des inédits tels « La fortune politique de Dumarsais Estimé », et « La diplomatie se meurent et les ambassadeurs ont peur ».

 

Il semble que les tout premiers lodyans de Sixto aient été composés en Afrique et c’est une phrase, provenant de La Condition Humaine d’André Malraux, qui aurait servi de catalyseur à la création de l’œuvre de Sixto. La phrase qui a retenu l’attention de Sixto est la suivante: « Il faut se défendre des absurdités de la vie, et l’on ne peut se défendre qu’en créant ». Selon Gertrude Séjour, « deux jours après, Léa Kokoye était née. Et suivirent, Ti Saintaniz,  Me Zabèlbok, etc. ». Quoique l’œuvre de Maurice Sixto soit composée de lodyans et non de contes, on fait souvent référence à lui comme étant un conteur plutôt qu’un lodyansè. Cette confusion est probablement dû au fait qu’il n’existe pas encore de définition théorique satisfaisante du genre du lodyans. Le lodyans, en tant que récit, est conté ou raconté certes, mais cela ne fait pas du lodyansè un conteur. Le conte et le lodyans sont deux genres distincts. Il est donc plus approprié d’utiliser le terme kreyòl lodyansè plutôt que conteur ou « conteur de lodyans ». L’écrivain et géographe haïtien Georges Anglade est le seul à avoir proposé une esquisse de théorie du lodyans. Dans un de ses articles, Anglade affirme qu’il a dû se forger ses propres outils d’analyse qui lui ont permis de « définir approximativement les cinq éléments qui caractérisent « ce genre d’un nouveau genre, genre unique en son genre: miniature, mosaïque, jouvence, voyance, cadence[vii] » (2004, p. 66).

 

Si l’analyse de Lea Kokoye montre, contrairement à ce que soutient Anglade, que ce lodyans ne correspond pas aux critères de la miniature et de la mosaïque, cette œuvre répond par contre aux trois autres critères du modèle. En fait, ce sont les critères de la jouvence, de la voyance et de la cadence qui font toute la force de la théorie d’Anglade puisqu’ils constituent des composants invariables et consubstantiels au genre du lodyans. L’actualité, la critique et l’humour sont en effet des critères qui permettent de rendre compte de la singularité du lodyans par rapport à tous les autres genres littéraires oraux et écrits. Comme le soutient Anglade, la spécificité du lodyans réside dans « une articulation complexe et unique de ces trois éléments » (2004, p. 84). Le modèle d’Anglade s’avère donc être d’une certaine utilité dans la mesure où il peut être utilisé comme une grille d’analyse du lodyans. Parmi ces trois éléments, l’humour semble être celui qui entretient le rapport le plus étroit avec le lodyans défini par Pompilus comme un « récit d’un fait vrai ou fictif, mais plaisant […] » (1961, p. 179). La pertinence du critère de la cadence dans l’hypothèse d’Anglade est indiscutable compte tenu du rire que provoque les lodyans des quatre plus grands lodyansè haïtiens, à savoir le maître lodyans Justin Lhérisson, Maurice Sixto, Théodore Beaubrun dit Languichatte et Jean Gesner Henry alias Koupe Kloué.

 

De ces quatre lodyansè, Sixto est celui qui se rapproche le plus de Lhérisson. Le rire que suscite ses lodyans est, de par sa complexité, comparable à plusieurs égards à celui de Lhérisson. Prenons par exemple « Lea Kokoye » et « Ti Sentaniz ». Ces deux lodyans suscitent le rire certes, mais ils sont loin d’être de simples divertissements frivoles. Le rire suscité par « Lea Kokoye » et « Ti Sentaniz », qui oscillent d’ailleurs entre le comique et le tragique, confère à ces lodyans une dimension à la fois distrayante et dérangeante. Inspiré probablement du réalisme de Zoune chez sa nainnaine, Ti Sentaniz aborde la question de la domesticité infantile en Haïti avec une clairvoyance telle qu’on ne songerait même pas à questionner le sérieux de ce lodyans.

 

Pour dénoncer la situation déshumanisante des nombreux enfants haïtiens traités en esclave (les restavèk), Sixto utilise, à l’instar de Lhérisson, un langage à la fois comique et réaliste. Le rire du lodyans provient souvent en effet d’une situation tristement comique. Chez Sixto, tout comme chez Lhérisson, le rire est puissant parce qu’il provient précisément de ce dont on ne doit pas rire, ni même parler. Le comique du lodyans peut donc être vu comme un mode d’examen lucide du réel et de transgression des normes sociales et morales, car le rire qui en découle est souvent libérateur et contestataire. C’est justement la dialectique entre le rire et la souffrance, le bonheur et la douleur, qui est constitutive de ce comique du lodyans. Il reste donc à écrire, parallèlement à l’histoire de la « tragédie haïtienne », celle du « rire haïtien ».

 

Dans « Lea Kokoye », Sixto oppose la situation d’une femme d’origine modeste à celle d’une petite bourgeoise pour dénoncer le clivage et l’injustice sociale qui règne en Haïti. Complètement aliéné, le personnage éponyme du lodyans « Maître Zabèlbok » refuse de travailler et préfère se faire entretenir par sa femme. Dans « Ti Sentaniz », le lodyansè pointe du doigt la tragique situation des multiples restavèk haïtiens alors que dans « Gwo Moso », il nous fait rire à gorge déployée.

 

L’œuvre de Sixto est à la fois une forme de divertissement et un outil de réflexion, de critique politique, sociale et culturelle. Compte tenu de leur richesse littéraire, historique et sociologique, les lodyans de Sixto n’ont rien à envier à ceux des écrivains lodyansè d’hier et d’aujourd’hui. Pourquoi donc les œuvres des écrivains lodyansè sont-elles divulguées, enseignées et enrichies par des commentaires critiques alors que celle de Sixto reste encore marginalisée? Est-ce que cette marginalisation est due au caractère oral des lodyans de Sixto ou par le fait d’être principalement narrés en kreyòl? Ces deux éléments, qui semblent malheureusement constituer un handicap, devraient au contraire pouvoir contribuer à un plus grand rayonnement de l’œuvre de Sixto dans la société haïtienne. Contrairement à la plupart des écrivains lodyansè haïtiens, qui s’inscrivent dans une démarche paradoxale de désacralisation et d’enrichissement de la langue française en l’investissant d’un contenu kreyòl dans le domaine littéraire, Sixto accorde une place privilégiée à la langue maternelle de l’ensemble de la population haïtienne. Pour leur contribution à la valorisation et à l’enrichissement de la langue kreyòl ainsi que pour leur visée esthétique, les lodyans de Sixto méritent d’être préservés précieusement et d’être étudiés dans les écoles haïtiennes.

-- Frenand Léger

Département de français de l’Université de Toronto

 

 




[i] Le terme kreyòl « lodyans » a été proposé par Georges Anglade pour désigner ce genre de récit propre à la littérature orale haïtienne que les Haïtiens francophones appellent traditionnellement « audience » en français. Dans cet article, nous optons pour « lodyans » car le mot français « audience » a un sens différent de la réalité kreyòl à laquelle nous voulons faire référence ici. Par souci de neutralité et pour rester en conformité avec la tendance générale, qui veut que les emprunts prennent le genre masculin en français, nous préférons, contrairement à Anglade, attribuer le genre masculin à ce mot.

[ii] « Oraliture » est un concept proposé par l’écrivain haïtien Ernst Mirville, dans le journal Le Nouvelliste du 12 mai 1974, pour remplacer le syntagme « littérature orale ».

[iii] Pour faire référence à la langue haïtienne, nous choisissons d’utiliser le substantif “kreyòl” orthographié dans cette langue afin de faire la nécessaire distinction entre le kreyòl d’Haïti et les multiples autres langues créoles qui existent dans le monde.

[iv] Nous préférons utiliser le terme kreyòl « lodyansè » dérivé du substantif kreyòl « lodyans » car nous l’estimons plus approprié que lodyanseur.

[v] Laroche, Maximilien. La double scène de la représentation: oraliture et littérature dans la Caraïbe. Québec : Université Laval, Grelca, 1991.

[vi] Voir l’excellent livre de Tontongi. Critique de la francophonie haïtienne. Paris: L’Harmattan, 2007.

[vii] Anglade, Georges. « Les lodyanseurs du soir, il y a 100 ans, le passage à l’écrit », dans Écrire en pays assiégé, Amsterdam, New York, Rodopi, 2004, p. 61-87.

 

 

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