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LES REVELATIONS DE VINCENT VITAL BAKANA

Propos recueillis par MALANDA-MALÉKA (Le Patriote)
LES REVELATIONS DE VINCENT VITAL BAKANA

Ancien Ninja dès la création de cette milice, ce transfuge passé dans les rangs des Cobras par la suite, Vincent Vital BAKANA alias "Challay" a activement participé aux guerres fratricides qui ont déchiré le Congo Brazzaville, de 1993 à 1999, aux côtés de Bernard KOLÉLAS puis de Denis SASSOU NGUESSO.

Depuis la fin des hostilités, ce dernier est devenu officier de police judiciaire. Il avait publiquement déclaré le 23 août 2003 à Linzolo (département du Pool), à l’occasion d’une cérémonie qui avait regroupé des milliers de chrétiens, qu’il avait définitivement tourné le dos à son passé de guerrier.
Mais depuis le mois de mars, une rumeur persistante, le présente comme étant l’un des membres du commando qui aurait attenté à la vie du président de la République Démocratique du Congo. Abordé par le journal le Patriote, Vincent Vital BAKANA, visiblement courroucé par ces allégations, a tenu à s’exprimer sur cette question et sur bien d’autres événements malheureux qui ont marqué notre pays.

{{Le Patriote : Une rumeur de plus en plus pressante fait état de votre participation au commando qui avait attaqué la résidence présidentielle à Kinshasa en février dernier. Qu’en dites-vous ? }}

Vital BAKANA : Je suis fier de répondre à cette question, parce que ce genre d’accusation que j’appelle des secousses, peuvent amener à une insurrection. Nous vivons dans un pays doté d’une constitution. Il existe une hiérarchie militaire, au sommet de laquelle se trouve le Commandant en Chef de l’armée, Président de la République et Chef suprême des armées, Denis SASSOU NGUESSO.

Notre armée compte de nombreux officiers généraux, des colonels, des commandants … Je ne suis pas le plus fort de tout ce monde, pour prétendre accomplir une telle tâche. Je suis au courant de tout ce qui se dit de moi. Ici et là, on parle de Vital qu’on aurait arrêté à Kinshasa, qu’on aurait montré à la télévision. Les uns parlent de la chaîne Molière, d’autres de l’émission Lingala facile ; certains citent la chaîne de MASSENGO TIASSÉ. Je ne sais pas quand est-ce ces derniers m’ont vu à Kinshasa.

Ce sont des allégations mensongères. Leurs auteurs visent de créer une tension dans le pays. J’ai entendu quelqu’un me dire qu’il y a le vent qui secoue les présidents africains et que vous autres (en commençant par citer mon nom), vous qui avez soutenu le Président Denis SASSOU NGUESSO, vous subirez le même sort.

Dans ce pays, il y a eu des hostilités de guerre. Je ne suis pas un fantôme. Parmi tous ceux qui ont manipulé les armes de la honte, on compte des militaires réguliers qui avaient empoché leurs galons, des partisans de Bernard KOLÉLAS, de NTOUMI, de YHOMBI, de LISSOUBA, de MILONGO, tous ceux-là mangent bien aujourd’hui. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Que visent exactement ceux qui véhiculent une telle information ?

Comprennent-ils les relations bilatérales entre les deux Républiques ? Si les gens veulent arriver à une insurrection, en passant par un tapage, par un soulèvement ; de grâce, qu’ils n’utilisent pas mon nom.

Non. Je n’ai jamais voyagé depuis plusieurs années. Tout le monde me voit à Brazzaville. Je vous dis que, c’est bien moi-même Vincent Vital BAKANA alias "Challay", qui suis en face de vous, même si certains m’ont présenté comme mort à Kinshasa.

{{Le Patriote : La rumeur qui circule au sujet de cette situation concerne aussi Yvon Sita BANTSIRI, NCHECHE, MACKA BOURO, qui seraient portés disparus. Aurez-vous de leurs nouvelles ? }}

Vital BAKANA : Je n’ai aucun lien avec toutes ces personnes. Chacun s’occupe quotidiennement à sa manière. On voit constamment Sita BANTSIRI, à Saint Pierre dans son fief, même s’il dort à Ouenzé vers le régiment blindé. NCHECHE est à Moutampa dans ses travaux champêtres, MACKA BOURO gère ses affaires au Marché Total.

Je veux vous dire clairement ici qu’on n’est pas dans un même compartiment pour se donner côte à côte et arriver je ne sais où. Moi je ne les gère pas. Nous ne sommes pas ensemble. Je suis moi-même, j’ai ma petite famille. Quand je regarde ma femme et mes enfants, je suis fier de moi.

Pour tout dire, je n’ai aucune relation avec tous ceux que vous venez de me citer. Je ne les fréquente pas. Après mon service, j’ai un petit milieu où tout le monde me voit. C’est avec mon association "le village natal".

{{Le Patriote : Comment expliquez-vous le fait que votre nom soit toujours cité dans les tristes événements comme l’assassinat des religieux à Mindouli, les disparus du Beach, la fusillade de prêtres à l’ORSTOM ?}}

Vital BAKANA : Sincèrement, je vais vous le dire clairement et ça c’est mon cœur qui parle et je suis fier d’en parler. Dans ce pays, nous étions nombreux à être impliqués dans cette bêtise humaine. Tout ce que je peux vous dire, c’est que si mon nom est beaucoup plus cité, c’est parce que j’ai des capacités militaires et intellectuelles reconnues.

Répondons point par point aux événements que vous avez évoqués.

Lorsque des religieux ont été assassinés à Mindouli, je me trouvais à Pointe-Noire et mon séjour était à son onzième jour. Je logeais à l’hôtel Mbou Mvou-Mvou au 3e niveau. C’est là que j’avais appris la triste nouvelle.

C’est un lieutenant nommé Guy POATY qui me l’avait apprise. Mon nom circulait effectivement dans cette affaire. J’étais contraint de vite revenir à Brazzaville. Mon ex-épouse Lydie Flore BIKOUMOU était menacée par rapport à cette situation, tout comme la femme avec laquelle je me suis marié actuellement. Elles ne pouvaient plus se déplacer librement du fait de la honte.

J’avoue que je n’étais pas l’auteur de cette tuerie. Je ne m’appelle pas Djedra. Le prêtre orthodoxe qui a indiqué que c’est Vital qui nous a donné la mort est le frère aîné de Djédra. Il a protégé son petit frère pour m’exposer. Je peux aujourd’hui affirmer que le grand complice dans cette affaire, c’est lui. J’en parlerais toujours, même s’il faut répondre devant les tribunaux, je suis prêt. Comment a-t-il fait tuer les autres et lui, il est sorti vivant ? Je vous le dis et pour vous le répéter, je ne l’ai jamais dit, je fais cette révélation à votre journal.

Le ministre Isidore MVOUBA, à l’époque directeur de cabinet du Chef de l’Etat, nous avait fait appel au Palais du peuple. Nous étions le défunt MOUNGABIO, MAKRAKOS Jules BOUDZOUMOU, devant MASSENGO TIASSÉ et le père DIAFOUKA. Il avait donné des explications sur la nature de la mission que devaient effectuer les hommes d’église dans le Pool. J’avais été le seul à lui déconseiller d’effectuer cette mission, étant donné le climat d’insécurité qui y régnait.

Quelques jours auparavant, nous étions à Missafou et à Mindouli et ce que nous avons vécu ne nous rassurait pas. On n’a pas voulu m’écouter. Bien que le ministre Isidore MVOUBA avait déclaré "on verra bien plus tard", six jours après, les hommes de Dieu avaient voyagé. Je peux prendre à témoin l’actuel deuxième vice-maire de Brazzaville, Cyriaque MALONGA.

L’une des victimes dans cette affaire, le nommé MANANGA était venu me voir avant leur départ pour louer ma Suzuki. On m’avait promis un million de FCFA à la fin de la mission. Jusqu’à ce jour, je n’ai plus jamais retrouvé ma Suzuki.

J’ai plusieurs fois écrit au ministre Isidore MVOUBA par l’intermédiaire de M. NDOULOU Félix Faye. Mes six correspondances sont restées lettres mortes. Dans cette affaire de Mindouli, je ne connais absolument rien.
Il faudra bien qu’un jour, le prêtre orthodoxe rescapé réponde à cette question. Comme on l’a fait pour l’affaire des disparus du beach, je souhaiterais qu’il y ait une audience sur l’affaire de Mindouli.

{{Le Patriote : Que savez-vous de l’affaire dite de l’ORSTOM ? }}

Vital BAKANA : A propos de l’affaire de l’ORSTOM qui avait coûté la vie à un grand séminariste, voici ce que je peux vous dire : le jour où j’étais allé sortir les prêtres du séminaire Saint Jean, je les avais déposés à l’Archevêché de Brazzaville.

Il faut poser la question à un lieutenant nommé NZILA MBOT. C’est lui seul qui peut répondre de cette situation. Vital n’avait rien à avoir dans cette affaire. Quant à cette fusillade, elle est intervenue pendant que, je me trouvais déjà à la Cathédrale. Tous ceux que j’avais accompagnés ne vous diront pas le contraire. J’étais passé par là à 10 heures et la fusillade avait eu lieu à 15 heures.

Je reconnais un seul fait lié à l’ORSTOM. En 1993, alors que j’étais Ninja aux côtés de feu Bernard KOLÉLAS, la morgue de Makélékélé ne tournait pas. Nous sommes allés voler des moteurs à l’ORSTOM, pour les installer à la morgue. Jusqu’à ce jour, ce sont ces moteurs qui font fonctionner la morgue de Makélékélé et je n’y gagne rien. J’ai beaucoup fait. Pour le bien que j’ai fait, c’est le mal qui me suit.

Venons-en à l’affaire des disparus du beach. J’étais en poste au pont du Djoué en qualité de chef de poste. Il faut poser la question à ceux qui allaient prendre les déplacés. Ils sont mieux placés pour dire où ils les déposaient. Je reconnais bien avoir sorti les gens dans le Pool, parce que je suis celui qui a créé les passages, dans tout le Pool pour que le peuple sorte des forêts.

Les couloirs ont été créés par moi. Pas par quelqu’un d’autre. C’est moi qui ai amené la garde républicaine dans le Pool. Je n’ai pas tué les gens. Dans les fronts, oui. C’est la guerre. Chacun se défendait. Mais quant à donner la mort à la civilisation qui m’appartient, je dis non. Je n’ai jamais travaillé au beach. Je n’ai même pas une note qui me responsabilise à ce niveau.

{{Le Patriote : Une décennie après la fin des hostilités au Congo Brazzaville, quelles leçons tirez-vous de ce passé ?}}

Vital BAKANA : Evitons de reprendre les armes demain. Aujourd’hui, nombreux parlent des vents qui secouent les présidents africains. Evitons que ces mouvements arrivent chez nous. Le Congo Brazzaville veut la paix. Le Président Denis SASSOU NGUESSO s’efforce de maintenir le pays en paix. Suivons-le. S’il y a encore ceux qui rêvent des troubles dans ce pays, je ne suis pas de ceux-là. J’avais fait ma confession à Linzolo le 23 août 2003. Elle est sincère. Je ne suis plus un homme d’armes.

Je ne touche plus aux armes. La seule kalachnikov qui me restait, je l’ai remise au colonel SALABANZI qui était mon chef hiérarchique.

{{Le Patriote : Avez-vous un conseil à prodiguer à la jeunesse ? }}

Vital BAKANA : A la jeunesse, je dirai : "évitons de reprendre avec la bêtise humaine d’hier, qui a occasionné tant de tueries, tant de disparus".
Je réitère aussi ce que j’avais dit au procès des disparus du beach : évitons de nous promener avec des allumettes en poche, pendant que nous traversons une période de saison sèche dans la savane. Ça veut simplement dire : qui cherche trouve et qui trouve doit supporter.

{{Le Patriote : Que devenez-vous aujourd’hui et quelles sont vos perspectives d’avenir ? }}

Vital BAKANA : J’avais juré de tourner le dos aux armes. C’est ce que j’ai fait. Je fus policier. Je ne le suis plus. Qu’on ne m’attende plus à la police. Je ne veux plus travailler dans ce corps de métier. Mes rêves et mes prières m’ont orienté ailleurs, mais plus jamais à la police. Mes perspectives d’avenir, je n’ose pas déjà en parler.

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