En 1906, l’Académie française décerne le Prix Auguste Furtado aux auteurs Dantes Bellegarde, Amilcar Duval, Solon Menos et Georges Sylvain pour l’anthologie « Auteurs haïtiens: morceaux choisis précédés de notices biographiques ».
En 1904, Haïti s’apprêtait à commémorer son premier centenaire de l'indépendance nationale ainsi que celui des Lettres haïtiennes. L’association l’Œuvre des Écrivains Haïtiens, fondée sept ans plutôt, a recommandé, à l’occasion, la publication d’une anthologie des « poètes et des prosateurs d'Haïti ».
L’œuvre s’achève en janvier 1904, elle contient deux volumes. Deux ans après sa parution, l’Académie française l’a gratifiée du Prix Auguste Furtado qui est, surtout, décerné à un « livre de littérature utile », peut-on lire sur le site de l’institution.
« Un salut lointain aux Haïtiens restés fidèles à la culture française », écrivait Gaston Boissier, secrétaire perpétuel de l’Académie, à l’époque.
Solon Menos, un des auteurs du recueil, dans un discours de circonstance tenu le 17 janvier 1907, voit en cette distinction la reconnaissance par la France d’une « littérature autonome » qui s’établit en Haïti.
« Le prix décerné par l'Académie française est d'autant plus estimable qu'il s'applique à un ouvrage consacré à la glorification de notre indépendance […] Il n'est pas téméraire de dire qu'une coïncidence aussi significative accroît la haute valeur de cette récompense, attribuée comme par un décret de grande naturalisation à notre littérature autonome », disait l’auteur de L'Affaire Luders (1898).
Les récipiendaires ont engrangé, chacun, la somme de de 100 F (équivalent de 262 095 euros en juillet 2020).
En 1912, Etzer Vilaire reçoit le prix Davaine
L’historiographie littéraire haïtienne rend souvent hommage à Etzer Vilaire (1872- 1951) comme étant le premier récipiendaire d’un prix de l’Académie française. En effet, le natif de Jérémie a été distingué, le 28 juin 1912, du prix Davaine pour ses Nouveaux poèmes (1910) qu’il partageait ex-aequo avec trois poètes français : Armand d’Artois pour son livre « Muse et musette », Lucien Rolmer pour son recueil « Chants perdus » et Jacques Sermaize pour « L’Heure qui passe ».
« Il devint le premier Haïtien, mais aussi le premier Caribéen, à s’être vu décerner une récompense des mains des Immortels », peut-on lire dans une chronique parue dans les colonnes du quotidien Le Nouvelliste, le 24 juin 2014.
Cependant, un autre article anonyme publié le 10 septembre 2012 par le même journal, sous le titre « Littérature haïtienne francophone et littérature française », avait déjà notifié les lecteurs de la consécration de quatre auteurs haïtiens par l’Académie française, en 1906.
On regrette simplement que l’auteur de l’article sur Etzer Vilaire n’avait pas remarqué à temps celui de son prédécesseur qui prend la forme d’une fresque comparative entre la branche francophone de la littérature haïtienne et son ancêtre, la littérature française.