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Les petits-fils de Césaire et ses héritiers ont rendez-vous ce dimanche place José Marti.

Yves-Léopold MONTHIEUX
Les petits-fils de Césaire et ses héritiers ont rendez-vous ce dimanche place José Marti.

Il était possible d’intituler autrement cette tribune : « Les petits-fils de Césaire, maîtres des horloges » ou « Les enfants du Moratoire et les petits-enfants de « Discours » ou encore : « Les activistes ne sont pas tombés du ciel ». Mais par le titre retenu, votre serviteur a choisi de montrer que si la formule « nous sommes tous des enfants de Césaire » fait grincer des dents, le différend qui oppose le maire de Fort-de-France et ceux que l’on nomme les « activistes » n’est qu’une affaire de famille Rouge-Vert-Noir. Les jeunes ont choisi de manifester leur turbulence, mais le déboulonnage de Césaire n’est pas pour demain. Que vont-ils se dire dimanche entre deux sons de tambour ?

Ainsi donc, lorsque dans Discours sur le colonialisme, on observe avec quelle force Césaire dénonce la théorie d’Ernest Renan sur la « régénération des races inférieures par des races supérieures » ; la défense par le professeur Albert Sarraut des entreprises européennes contre « un prétendu droit d’occupation » des autochtones ; la prêche du R.P Barde réaffirmée par celle du R.P Muller, affirmant que la colonisation est « conforme aux desseins de Dieu » ; lorsqu’on considère de quels feux Césaire incendie les « monstruosités », les « boucheries » et autres « barbaries » et qu’il désigne les « conquérants », pacificateurs et autres missionnaires, comme le colonel de Montagnac en Algérie, le compte d’Hérisson, Saint-Arnaud, le maréchal Bugeaud, le commandant Gérard, et consorts ; lorsque, osant citer Hitler, Césaire résume tout cela en « une sorte d’expropriation pour cause d’utilité publique », transformant son libelle en brûlot du siècle ; et que ce bref ouvrage est regardé comme un véritable petit livre rouge de la révolution ;

Lorsqu’on considère tout cela, les jeunes Martiniquais ne peuvent pas accuser le Nègre fondamental de complaisance à l’égard de colonisateurs, esclavagistes ou non. On ne peut que lui faire crédit quand il prononce les mérites de Schoelcher où qu’il fait un sort aux critiques selon lesquelles Joséphine de Beauharnais serait à l’origine du rétablissement de l’esclavage. Des historiens qui, avant tout politiciens, appellent à les brûler savent que Césaire avait raison, comme Christiane Taubira, comme tous les historiens sérieux. Sauf que ce n’est pas le sujet : l’histoire, la mémoire et même le chloredecone ne sont que prétextes. Ainsi, ces historiens, sociologues, mémorialistes et autres sachants peinent à dire la vérité à la télévision. Sous le regard sentencieux de leurs directeurs de conscience, ils trompent sciemment le peuple ou implicitement par leurs hésitations ou leurs volte-face. Pour preuve, les déclarations alambiquées à la télévision de tel professeur d’université et la stupéfiante réaction de la chargée du patrimoine martiniquais. Dans un accès d’énervement exprimé à l’écran, cette historienne indépendantiste a assimilé Schoelcher, Desnambuc et Joséphine à des « chasseurs de nègres marron » qu’il fallait oublier. Ces comportements traduisent bien la nature de l’objectif : politique.

Par ailleurs, après la lecture du petit livre de Césaire qui n’est pas un Traité de moratoire, on peut comprendre que l’une des générations veuille donner du contenu au sentiment révolutionnaire qu’il suscite, que son auteur et ses fils ont déclamé et psittacisé, mais n’ont pas mis à exécution. En effet, comme le disait le taquin historien guadeloupéen Oruno de Lara, Césaire était un révolutionnaire qui n’a pas fait la révolution. Ecrivain, agitateur d’idées, creuset d’indignation, il était un diseur et savait bien dire, mais pas un faiseur de révolution. De sorte qu’au plan politique, tout le paradoxe césairien réside dans l’opposition du verbe et de l’action. Le verbe que dans le droit fil du moratoire, les héritiers politiques ont toujours privilégié ; l’action que les petits-enfants, le petit livre Discours sur le colonialisme à la main, voudraient substituer au verbe. Et le disent avec le fracas que l’on sait.

Au milieu de tout cela, la Négritude dont on sait que celle de Césaire n’est pas celle de Senghor. Le « nègre fondamental » a eu beau expliquer que la formule est à l’opposé du racisme, il n’a pas su convaincre ceux qui l’utilisent comme levier pour développer le « noirisme ». Cette doctrine qui tend vers la suprématie des Noirs en Martinique, l’écrivain Raphaël Confiant l’analyse et la brocarde par des expressions comme « Fort d’Afrique » (pour Fort-de-France). Elle accompagne dans leurs équipées les petits-enfants de Césaire et embrume les cerveaux y compris dans le camp des aînés du PPM et d’ailleurs. Une doctrine qui fait dire au professeur Serge Romana qu’on est en présence d’un mouvement indépendantiste qui a pour objectif l’effacement de la Martinique de toutes traces de colonisation, de toutes traces de la France.

L’heure de la réconciliation des Rouge-Vert-Noir indépendantistes et autonomistes va-t-elle sonner le dimanche 2 août 2020 à 8 heures 30, place José Marti, à Fort-de-France ?

Fort-de-France, le 29 juillet 2020

Yves-Léopold Monthieux

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