Plus connue sous le nom de "vote sur l'Article 74", cette consultation est une énième date sombre de notre histoire. Elle a, en effet, vu les Martiniquais rejeter à presque 80% ce qui n'était qu'un tout petit début de commencement d'autonomie. Une poussière d'autonomie...
Ce qui aurait pu être mieux que rien ! Mieux que le statuquo en tout cas...
A qui la faute ? A nous toutes et tous mais à des degrés divers bien évidemment. Les premiers coupables de ce désastre sont les assimilationnistes de droite qui ont à nouveau sorti de leur chapeau le tristement fameux "chantage au largage". A les entendre adopter l'Article 74 serait ouvrir la porte à...l'indépendance. Sauf que l'île de St-Barthélémy, pourtant peuplée de Blancs créoles, l'a adopté et n'est toujours pas devenu indépendante que l'on sache. Cette droite a donc ressorti tous les poncifs les plus éculés : les pensions de retraite ne seraient plus versées, le droit à la Sécurité sociale et la CMU seraient supprimés de même que les 40% des fonctionnaires etc... Exactement comme en 1981, lors de l'élection présidentielle qui avait vu Mitterrand triompher en France et Giscard d'Estaing gagner très largement en...Martinique.
Mais nos assimilationnistes de gauche, principalement le PPM, n'ont pas été en reste. Alors que ce dernier prône l'autonomie depuis plus d'un demi-siècle, loin de profiter de l'occasion pour faire un pas vers elle, le PPM a tenu un discours alambiqué sur l'Article 74 avant d'appeler ses militants à voter "NON". Et pourquoi ? Parce que son vieil adversaire, le MIM et ses alliés militaient pour l'adoption dudit article. Conclusion : pour des raisons bassement politiciennes le parti de l'Ancien Réservoir de Trénelle a sabordé la possibilité qui était offerte aux Martiniquais de faire quelques pas en direction d'une plus grande responsabilité locale.
Mais on ne saurait pointer du doigt uniquement les partis politiques. Les Martiniquais ne sont pas des enfants et quand ils veulent quelque chose, ils se démènent pour pouvoir l'obtenir. Rappelons-nous que la prime de 40% de vie chère, dans les années 50 du siècle dernier, n'était attribué qu'aux fonctionnaires "Békés-France" comme l'ont disait joliment à l'époque à savoir les "Métros" comme on dit sottement de nos jours. Eh bien, les fonctionnaires martiniquais ont fait 4 mois de grève pour contraindre le gouvernement français à l'appliquer aussi aux "fonctionnaires créoles" comme l'on disait à l'époque. Donc quand le Martiniquais veut, IL PEUT !
Sauf donc à sombrer dans ce populisme béat qui sévit dans une certaine extrême-gauche, il faut avoir le courage de reconnaître que le 10 janvier 2010, les Martiniquais ont rejeté EN TOUTE CONNAISSANCE DE CAUSE l'Article 74 qui leur aurait permis d'avoir un petit début d'autonomie. La faute à qui ? A ce compère-lapinisme qui, s'il fut utile durant la période esclavagiste pour faire face à la scélératesse békée, nous plombe depuis l'Abolition, s'aggravant à compter de 1946 lorsque la colonie Martinique fut transformée en département d'Outre-mer. Or, aucun parti politique ne combat le compère-lapinisme. Cela, par démagogie électoraliste chez les autonomistes. Par populisme d'ultra-gauche. Par lâcheté aussi.
Aucun parti, pour s'en tenir à l'actualité immédiate, n'a le courage de dire aux Martiniquais : vous ne pouvez pas avoir rejeté par 80% des voix l'Article 74 et refuser un pass sanitaire qui a été voté par le Parlement français et avalisé par le Conseil constitutionnel français. Vous ne pouvez pas tout le temps avoir le beurre, l'argent du beurre et l'arrière-train de la fermière en supplément.
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