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Les maires à l'assaut de la CTM

Yves-Léopold Monthieux
Les maires à l'assaut de la CTM

 Au lendemain du dépôt des listes de candidatures à la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), un phénomène saute aux yeux qui, par son ampleur, pourrait altérer la nature et la vocation de l’institution ainsi que le principe de non-cumul des mandats : la présence massive des maires en situation d’être élus.

 En trustant les premières places les édiles seront les premiers élus. Or, leurs électeurs pourraient être déçus de ne pas les voir aux commandes de la CTM. Ils seront donc nombreux dans l’assemblée où ils pourraient exercer une certaine prévalence. Ils devront certes se contenter d’être membres de l’assemblée, des présidences de commissions juteuses pouvant néanmoins leur être octroyées, au détriment des élus qui ne sont pas maires. Reste qu’on ne note pas qu’un maire élu à la Région ou à la CTM se soit illustré par une activité débordante au profit de la collectivité, qu’il ou elle ait fait partie de la majorité ou de l’opposition. L'intérêt de leurs communes par ces conseillers d’un genre particulier est souvent leur seul vrai moteur, ce qui donne à l’assemblée l’apparence de l’ancien conseil général.

 Quoi qu’il en soit, il est irréaliste de s’attendre à une grande disponibilité de la part d’élus qui exercent déjà les fonctions de maire, président ou vice-président d’EPCI et même parfois de président d’un satellite rattaché aux communautés de communes. Seuls ont attiré favorablement l’attention des conseillers se consacrant à un unique mandat. La situation aurait pu permettre l’émergence de nouvelles forces vives, mais comme dit l’adage : Sus aux têtes qui dépassent ! En effet, depuis son apparition à la région puis à la CTM, le scrutin proportionnel s’est révélé un facteur d’instabilité chronique des personnels élus. Il et constitue un véritable broyeur de jeunes espoirs, victimes de cette sorte de droit de vie et de mort politique exercé à leur égard. On ne compte pas le nombre de conseillers régionaux ou territoriaux qui, en dépit de leurs mérites, n’ont fait que traverser ces assemblées, l’espace d’un mandat, pour avoir déplu à leur leader. La cuvée de 2021 ne fait pas exception à l’application de cette loi d’airain. D’où l’éparpillement sur des listes concurrentes de victimes soucieuses d’échapper à leur retraite politique prématurée.

 En réalité, si les chefs de clan sont tout-puissants, les maires se chargent de leur indiquer leurs limites. « Je n’ai pas besoin du parti c’est le parti qui a besoin de moi ». Cette phrase qui était jadis reprise à satiété par des maires de droite justifiait l’appellation politique de « non-inscrit » revendiquée par certains. Ces édiles entendaient par ce vocable éviter d’être trop dans la ligne de mire de la gauche, se prémunir des querelles entre les alliés RPR et UDF et mieux compter lors des répartitions de présidences de commissions au conseil général. Le phénomène s’est poursuivi à gauche avec l’apparition de véritables « partis municipaux » érigés à la gloire des maires, parfois issus de scissions de partis traditionnels. Les 2 mouvements municipaux les plus importants furent le Renouveau de Ste Marie et Bâtir le pays Martinique du Lamentin.

 Cet émiettement des forces politiques que l’on retrouve à travers les listes de candidatures et qui explique en partie le nombre élevé de celles-ci n’est pas sans conséquence sur l’organisation de la vie politique martiniquaise et de son efficacité relative. La nouvelle phrase qui pourrait convenir aux maires, s’agissant de la CTM, pourrait être : « je n’ai pas besoin du président, c’est le président qui a besoin de moi ». Quoique.

 Fort-de-France, le 20 mai 2021.

 Yves-Léopold Monthieux

Commentaires

Véyative | 22/05/2021 - 07:58 :
Effectivement, l' émergence d'un mouvement c'est normalement autour de certaines conceptions ou idées pour gérer la cité. Or, la raison véritable c'est assurer une réélection. Les adhérents à ces mouvements se mentent donc à eux même ou ils sont d'une naïveté déconcertante. A ce propos, Bâtir le pays Martinique devrait maintenant s'appeler Bâtir la commune du Lamentin.
Seydou Konate | 22/05/2021 - 10:25 :
Monthieux a raison: trop de maires à la CTM: ceci va dévoyer le sens de cette institution: ces messieurs vont se battre chacun pour "sa" commune et vont oublier que le développement de la Martinique ,si tant est que la CTM le permette, doit être conçu de manière global. Cela va entrainer la dégénérescence de la CTM qui va devenir une espèce de gros Conseil Général. Ce dévoiement sera d'autant plus accentué que les grands groupes ne seront plus structurés par des clivages idéologiques forts mais par des affrontements d'intérêts communaux divergents. Si jamais on modifie la loi ,il faudrait qu'un maire ne puisse pas être conseiller territorial. ls ont déjà suffisamment de travail avec leurs communes et leurs communautés d'agglos .Où trouveront -ils le temps pour être de bons conseillers territoriaux?

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