En Sorbonne, du 14 au 16 mai 2020
Contexte / thème
Les mouvements de la décolonisation et de la libération des peuples du Sud ont, au cours du XXe siècle, essentiellement mené à un refus généralisé de la pensée des Lumières européennes : on peut notamment constater une forte critique postcoloniale de toute tendance d’universalisation du rationalisme de type cartésien ainsi que le refus des visées néocoloniales, néolibérales et hégémoniques, engendrées par l’impact des Lumières dans les sociétés à l’échelle globale. Les nouvelles littératures antillaises semblent pourtant une fois de plus, et à leur manière, faire circuler certaines valeurs éclairées, véhiculant ainsi un savoir autre, imprégné par sa localisation, à la fois dynamique et en perpétuel mouvement. Nos réflexions communes lors du congrès auront pour objet de décrire et d’analyser les raisons, les modes et les effets de cette transformation des valeurs éclairées par les littératures contemporaines, antillaises en l’occurrence.
Conjointement mené par l’équipe des organisateurs de ce congrès venant des universités de Halle, et de Brême ainsi que de Paris Sorbonne Université et en étroite collaboration avec l’Université des Antilles, le projet de recherche intitulé « Circulation et transformation transatlantiques des idées » invite à s’interroger sur la transformation des idées des Lumières, tout comme sur la teneur de leur réception dans les littératures de langue française hors Europe. La littérature contemporaine des Caraïbes françaises et de leurs diasporas se prête, à notre avis, particulièrement bien à cette étude comme terrain d’élection : nous examinerons donc de près le retour de certains concepts fondateurs de la pensée des Lumières et de leurs valeurs culturelles ainsi que les choix, les adaptations et transformations par lesquels les nouvelles littératures antillaises les enrichissent et les (re)mettent en mouvement.
Loin de reproduire une simple esthétique de l‘imitation, les valeurs des Lumières y sont profondément repensées :
Nous avons donc affaire, dans les œuvres et pratiques culturelles antillaises, à une pensée hybridisée, transgressant sans cesse les frontières du rationalisme des Lumières tout en englobant et en transformant ses valeurs et ses acquis épistémologiques ; il s’agit d’une pratique de la pensée plutôt incarnée qu’abstraite, plutôt communautaire qu’utilitariste, plutôt à motivation humaniste que poussée par une volonté de pouvoir : une pensée créatrice et une éthique qui pourront servir de modèle sur plus d’un point à cette vieille Europe.
Plusieurs axes de réflexion pourront être envisagés :
Peuvent être étudiés les différents modes d’écriture et les pratiques culturelles :
Organisation et déroulement
Le colloque est organisé avec le soutien de la Fondation allemande pour la recherche (Deutsche Forschungsgemeinschaft/DFG) dans le cadre du projet de recherche sur « La circulation et la transformation transatlantiques des idées : la réception des Lumières dans la littérature franco-caribéenne contemporaine » lequel est dirigé par les professeurs Gisela Febel (Université de Brême), Ralph Ludwig (Université Martin-Luther Halle-Wittenberg) et Natascha Ueckmann (Université Martin- Luther Halle-Wittenberg), ainsi que Corinne Mencé-Caster (Université Paris-Sorbonne), en étroite collaboration avec le Centre d’étude de la langue et des littératures françaises (cellf – Université Paris-Sorbonne). Un premier colloque, dont les actes seront publiés chez Classiques Garnier, a eu lieu du 10 au 12 octobre 2018 au Centre Interdisciplinaire de recherche sur les Lumières en Europe (IZEA) à Halle.
Les propositions de communication, d’une longueur de 400 mots maximum, accompagnées d’un aperçu biobibliographique, sont à envoyer d’ici au 15 novembre 2019 à Marie-Thérèse Mäder : mmaeder@uni-bremen.de
Comité d’organisation
Prof. Dr. Corinne Mencé-Caster, Paris-Sorbonne Université
Prof. Dr. Gisela Febel, Université de Brême
Prof. Dr. Ralph Ludwig, Université-Martin-Luther Halle-Wittenberg
PD Dr. Natascha Ueckmann, Université-Martin-Luther Halle-Wittenberg
Dr. Marie-Therese Mäder, Université de Brême
Paris-Sorbonne Université