En ce XXIe siècle commençant, siècle qui a commencé tout à la fois dans l'horreur (Gaza) et dans l'espérance (Obama), il est bon que des voix s'élèvent, au-delà des analyses froides et des explications rationnelles, pour nous rappeler la force des mots et donc de la littérature. Joël des Rosiers, poète haïtiano-québécois, nous en donne ici un magnifique exemple...
{{ {à l'Aimée} }}
_ de quel divin est l’exorde du poème
_ couché au flanc de la servitude
_ la jeune fille affaiblie sous les bougies
_ creusant mon torse de son corps bai
_ l’hiver est embrasé
_ et ma langue n’est pas froide
_ autant de traîtrises du muscle d’amour
_ qui s’ébroue sur des ponts de soufre
_ et la première arythmie résonne
_ dans l’inconsolation d’une phrase
_ car ma langue est pleine d’ancêtres
_ que les mots ont sauvés
_ des îles je me sépare
_ en des fleurs qui s’inhument
_ et chaque homme en son périple
_ va vers la jeune fille à nul autre destinée
_ qui cherche sa voix depuis sa naissance
_ depuis l’aurore avant les siècles
_ il n’est pas excessif selon les trésors
_ que les morts nous lèguent
_ de jeter sa propre vie au dehors
_ dans son corps bai sombre
_ et la mer est affaire
_ qui veille sur nous de si loin
_ Joël Des Rosiers
_ Montréal
_ 23 janvier 2008