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LE TROISIEME DANS LE MIROIR

LE TROISIEME DANS LE MIROIR

{“ … Pour ce qui renvoie à l’analyse des représentations mentales et des “ sociétés imaginaires ” qui se profilent derrière leurs logiques et leurs fantasmes, je retiendrai [quatre] enseignements :
- l’impossibilité, me semble-t-il de conduire, en histoire, une étude d’opinion en faisant abstraction des niveaux de réception et d’accommodation et de reconstruction du réel.
- …. Le rôle de l’imaginaire social m’apparaît indispensable à l’explication du politique, non seulement pour ce qui concerne les attitudes collectives, mais aussi, sans doute, pour ce qui touche aux mécanismes de la décision.
- Les possibilités que laisse entrevoir, à travers l’étude des réseaux complexes qui tissent les systèmes de représentations, une histoire globale qui ne serait pas seulement une simple addition du social, de l’économique, du culturel et du politique.} ”
P. LABORDE, Histoire politique et histoire des représentations
Introduction

Les sociétés de la Caraïbe sont des sociétés nouvelles issues du brassage de trois grands groupes ethniques dont les fonctions sociales furent dès le début clairement établies : Européens, “découvreurs ” ou colonisateurs, dominants et à dominante phénotypique blanche ; Amérindiens, “ découverts ”, “ incroyants ”, refusant le christianisme et donc en situation de guerre contre l’Européen. Une fois vaincus, ils furent situés sous tutelle de certains colonisateurs en vue de leur christianisation, et se virent réduits à la condition d’enfants, ensuite de vassaux, et en dernier lieu, d’esclaves des nouveaux venus. Le troisième groupe, l’Africain, vint substituer le second qui disparaissait ou qui n’était pas en nombre suffisant pour l’exploitation des mines et des plantations naissantes.
Et ceci détermina les regards des uns sur les autres, dans l’univers clos de la colonie. Ces populations identifiées par leurs traits phénotypiques spécifiques restèrent ainsi fixés , dans les représentations mentales des uns et des autres, à des rôles sociaux qu’encore aujourd’hui elles ont du mal à s’en débarrasser.
Le développement d’autres groupes humains, issus du mélange des précédents, ce qui arriva dès la première époque , changea les donnes petit à petit et le phénomène du “mulâtre ” et du “ladino ”, deux types de personnages d’origine différent mais dont la fonction d’intermédiaire, l’un dans le cadre économique et l’autre dans le cadre culturel , allait faire intervenir d’autres variables dans le spectre socio-etnique des premières époques de la colonisation.
Dans certaines colonies comme celle de Santo Domingo, l’épuisement des ressources minières et la découverte de la terre ferme ainsi que la réorganisation des convois maritimes entre la péninsule et l’Amérique laissèrent l’île pratiquement abandonnée à son sort, la partageant ou la cédant aux français, ou bien soumise à l’autarcie totale. Maîtres appauvris, esclaves achetant leur liberté, dominante de population mulâtre et absence quasi totale de plantations, voilà le panorama de cette colonie où souvent des rôles s’inversèrent pouvant l’ancien esclave ou le mulâtre accéder à des situations sociales et de pouvoir différentes de celles que la rigidité d’autres colonies où la plantation était le modèle dominant ou le seul modèle de la société coloniale.
La révolution française et la proclamation des droits de l’homme et du citoyen, la révolution haïtienne et l’ultérieure indépendance d’Haïti, les découvertes scientifiques et les nouvelles technologies appliquées au monde industriel et agricole allaient forcer la société d’esclavage à sa disparition.
Dans les deux cas, les groupes socialement marginalisés, tant dans les colonies françaises que dans la colonie espagnole de Santo Domingo, allaient jouer dorénavant des rôles différents. Les uns accédant à une citoyenneté sans pour autant jouir d’une image de prestige social, les autres accédant au pouvoir politique portant toujours un complexe identitaire qui les situe au-dessous de leur rang social.
Sociétés composites, créoles, créées de toutes pièces, les sociétés antillaises cherchent alors de nouvelles formules identitaires qui leur octroient une nouvelle place dans le spectre social. Ainsi, à l’intérieur de ces sociétés des choix politiques s’opérèrent tout le long du XIXème siècle des courants annexionnistes, assimilationnistes, européanisants des hommes politiques et des intellectuels. Ils obéissaient en général à l’appartenance socio-ethnique des tenants des différentes positions et à leur positionnement vis-à-vis de l’image qu’ils prétendaient avoir au sein de leur société et à la place que leur assignait le pouvoir.
Quelle est aujourd’hui la vision que les différents membres de ces sociétés se font d’eux-mêmes ? En fonction de quels paramètres ont-ils pu s’ascrire à telle ou telle image d’eux-mêmes et des autres ? Quels processus ont eu lieu pour qu’une vision globalisante puisse surgir et être adopté par ces différents composants socio-ethniques des sociétés caribéennes ? Y a-t-il une vision commune dans ces sociétés ? Autant de questions qui tiennent au lien subtil qui se tisse entre les membres d’une société pour en constituer leur cohésion et le sentiment d’une destinée commune.
Nous nous proposons de présenter de manière schématique les mécanismes d’identification et d’identité qui nous ont permis d’établir les paramètres pour une enquête sur les images et les représentations réciproques de gens de la Caraïbe, notamment les cas de la République Dominicaine et de la Martinique en ce qui concerne l’image d’eux-mêmes et ce en fonction des différents contacts avec les différents peuples qui leur ont donné naissance et avec les sociétés voisines avec lesquelles ils ont eu des contacts plus ou moins permanents.
Mécanismes de construction de l’identité
Différentiation et identification négative
En premier lieu, il surgit un jeu d’opérations psychiques qui portent le sujet à établir une série de comparaisons avec l’autre à partir des images et des représentations qu’il structure, autour de l’identification et qui sont de nature culturelle, mais aussi psychologiques et sociales. Charaudeau, signale que
Chaque communauté, catégorie ou groupe se définit [...] par “différentiation ” Elle puise dans sa mémoire collective, dans sa consommation culturelle (littérature, cinéma, médias), dans son expérience économique (importations / exportations entreprises étrangères ou inscrites dans le pays ou implantations à l’étranger) dans son expérience des échanges non seulement économiques, financiers ou politiques, mais aussi artistiques, scientifiques ou universitaires, les éléments pertinents pour l’élaboration d’un système de différences plus ou moins stéréotypées et partagées. (Charaudeau et alii. :77)

Cette idée de différenciation, présentée par Charaudeau comme une opération de prise de conscience culturelle et sociale, a, en réalité, un point de départ dans des mécanismes psychologiques spécifiques. En effet, d’après Mucchielli (1992 :33) “ l’évaluation de l’autre (individu ou groupe) se fait automatiquement et inconsciemment. Cette évaluation est liée à la perception, elle-même. “ Percevoir autrui, nous rappelle J. Stoetzel, c’est le classer dans certaines catégories culturellement significatives, c’est prendre conscience de son statut et de son rôle. ” Cette prise de conscience n’est possible que lorsque le sujet est placé face à un autre individu ou lorsqu’il se pense en tant que communauté et face à un autre groupe. Surgit alors le processus d’élaboration de l’identification par ce qu’on a désigné comme identification négative (Mucchielli 1992 :54) : “ C'est dans le sentiment de différence qu'il faut faire rentrer ce que Erikson appelle la conscience de “ l'identité négative ”. Dans la prise de conscience de son identité (de son unité, de ses appartenances, de ses différences, de sa valeur ... ) l'individu construit une représentation plus ou moins claire d'une identité d'autrui faite d'un ensemble de traits et qualités qu'il rejette et évite. Cette identité négative (que l'on pourrait rapprocher de l'ombre de Jung) accompagne nécessairement l'identité positive. Elle participe - comme toutes les autres oppositions à d'autres identités individuelles à la conscience de l'identité ”.
L’individu, et la communauté en tant qu’entité culturelle, se définissent par ce qu’elles pensent ne pas avoir par rapport à l’autre. A chaque contact entre individus ou entre les groupes, dans chaque acte de parole, ce processus d’identification se met en marche. Il intervient alors en tant que paramètre déterminant la position de l’interlocuteur dans ses différents rôles d’élocuteur ou d’auditeur dans le processus d’encodage, de décodification ou de restructuration du sens du discours perçu. Ces processus sont étroitement liés à la problématique de l’énonciation et du dialogue (Topique du dialogue, Coursil 1995).
Stéréotypes et mémoire collective
D’après Charaudeau (1995 : 77), à partir des expériences du groupe, il s’établit un système de différences stéréotypées et partagées, gardées dans la mémoire collective. Ce système de différences retrace l’histoire des relations et des échanges de tout genre ayant eu lieu entre les communautés en contact.
Mémoire collective
La consommation culturelle L’expérience économique L’expérience des échanges
Littérature Importations Économiques
Cinéma Exportations Financiers
Médias Entreprises étrangères Politiques
Inscrites dans le pays Artistiques
Implantées à l’étranger Scientifiques
Universitaires

Tableau 1 Sources des stéréotypes structurant les systèmes de différences génératrices d’identités
Ce sont là, évidemment des expériences sociales et culturelles. Elles s’articulent avec le système complexe de la psychologie de l’individu et s’amplifient ou diminuent en fonction de la situation de proximité ou d’éloignement du groupe avec lequel s’établissent les différentiations et à partir duquel prend forme le processus d’identité du sujet vis à vis de lui-même ou de son groupe (identité individuelle sociétale ou culturelle).
Toujours d’après Charaudeau, le type de contact entre les groupes détermine l’intensité des perceptions. En situation de proximité la structuration des images et des représentations de la comparaison qui s’opère sur le plan psychosocial aura une plus forte pertinence ; l’enjeu de la comparaison augmente en fonction du besoin de maintenir l’identité sociale du sujet ; la prise de conscience de la perception de “ l’autre ” en questionnement sur les images premières construites à propos de “ l’autre ” (perceptions en miroir ) se transforment ; l’interdépendance entre l’identité sociale et identité personnelle apparaît.
Le tiers dans le miroir
La structuration de toutes les opérations identitaires d’ordre psychologique et social ont lieu entre des individus appartenant à des communautés dont la mémoire collective est — ou a réellement été — alimentée d’échanges suscitant des stéréotypes forts, tels ceux mentionnés par Charaudeau et sans que d’autres interférences se fassent jour.
Or, lorsque les groupes pour lesquels on prétend susciter, ou induire les processus d’identification n’ont eu que de faibles contacts dans le passé et que les populations en contact ne présentent qu’un caractère univoque (une population formée d’ouvriers immigrants, un type de métier particulier), et souvent faible, il arrive que l’on perçoive la présence de ce que nous appellerons un tiers dans le miroir, qui brouille les pistes et affleure dans toute opération d’identification des sujets.
Ce tiers dans le miroir sera représenté par ces groupes dont les contacts avec la communauté en question ont été particulièrement contondants et ont provoqué des commotions sociales et culturelles qui restent dans la mémoire collective comme des traumatismes forts.
Dans les cas des sociétés en quête d’identité (cas fréquent en Amérique latine et la Caraïbe) où des communautés relativement jeunes et composites cherchent à se “ fabriquer ” une identité en tant que peuples, le regard sur eux-mêmes est souvent détourné vers les cultures hégémoniques qui ont participé de leur fondation, les cultures qui du point de vu historique entrent dans leur structuration — mélange syncrétique, juxtaposition ou coexistence de groupes ethniques, cohabitation plus ou moins difficile, amalgames ou nouvelles cultures nationales. Les groupes dominants des périodes coloniales ou néocoloniales, déterminent des ascriptions volontaires, conscientes ou inconscientes qui font part ainsi d’une image aliénée de l’individu et du groupe social ou culturel.
Dans le cas des deux groupes étudiés, le tiers dans le miroir joue un rôle déterminant dans la structuration des images et des représentations.
Sous des angles différents, ce tiers dans le miroir a été le sujet de divers travaux sur l’identité dans les pays de la région. Ces travaux analysent l’incidence que les groupes hégémoniques ont eut dans les processus de la construction des identités culturelles. Par exemple, Bernabé, Confiant et Chamoiseau (1989 : 20) dans leur ouvrage Éloge de la Créolité se référant à la négritude font allusion aux différentes entités qui jouent un rôle prépondérant sur le regard identitaire des Antillais.
Thérapeutique violente et paradoxale, la négritude fit, à celle d’Europe, succéder l’illusion africaine. Originellement saisir du vœux de nous domicilier dans l’ici de notre être, elle fut, aux premières vagues de son déploiement, marquée d’une manière d’extériorité : extériorité d’aspirations (l’Afrique mère, Afrique mythique, Afrique impossible), extériorité de l’expression de la révolte (le Nègre avec majuscule, tous opprimés de la terre), extériorité d’affirmation de soi, (nous sommes des Africains).
Ainsi clairement posée, la présence du premier tiers dans le miroir, dans le cas antillais, l’Européen, sera substitué dans les positions idéologisées de la négritude, par l’Afrique et l’Africain, qui jusqu’alors avaient été tenus, par les groupes dominants, comme les responsables du retard dans le développement des pays dont les populations montraient une forte composante africaine : sauvage, indocile, fainéant, voleur, lubrique, de mauvais goût, mal élevé, entre autres traits distinctifs de la personnalité et du comportement :
L’envie d’une clarification à partir de deux-trois lois de la normalité, nous a fait nous considérer à nos propres yeux comme des êtres anormaux. Or, ce qui semblait la tare peut se révéler être l’indéfinition du neuf, la richesse du jamais vu.
Fanon (1956 : 11) dans l’introduction de son ouvrage Peau Noires Masques blancs disait : “ La civilisation blanche, la culture européenne ont imposé au Noir une déviation existentielle. Nous montrerons ailleurs que souvent ce qu'on appelle l'âme noire est une construction du Blanc. ”
Cette œuvre de Fanon est entièrement dédiée à définir ces relations d’aliénation entre le colonisé et le colonisateur. Il conclue un des développements (56) en affirmant que : “ Un Antillais est blanc par l'inconscient collectif, par une grande partie de l'inconscient personnel et par la presque totalité de son processus d'individuation ”
D’autres types de relations de contact se produisent à partir de relations conflictuelles telles qu’occupations militaires ou politiques qui déterminent des positions de rejet et de définition d’autres tiers dans le miroir
Certains penseurs de la Caraïbe perçoivent la problématique de la construction de l’identité à partir d’un conflit avec les instances colonisatrices. Mais que les groupes, termes de la comparaison, soient deux, ou trois ou même plusieurs dans le miroir, le principe générateur du processus d’identification, le caractère comparatif, se maintient toujours et articule les images et les perceptions.
Les interlocuteurs des dominicains

Présence absence des Espagnols
Autarcie et abandon
Autarcie
Les élites locales constituées par les créoles blancs, avaient énormément diminué au cours du XVIIème siècle dans la colonie espagnole de Santo Domingo. Le peuplement de la Colonie s’était vu ralentir d’abord par l’attrait que la Terre Ferme exerçait sur les populations destinées à l’Amérique et dont la Métropole avait besoin pour l’exploitation de nouveaux territoires et mines, vidée ensuite par les différents transferts de métropole , appauvrie par la configuration des routes de commerce métropolitaines qui désertait Saint Domingue au bénéfice de San Juan, Porto Rico et la Havane, Cuba comme ports militaires qui protégeaient l’arrivée et le départ des convois en direction de l’Amérique et vice versa, condamnée alors à une absence de commerce qui rendait les habitants de plus en plus pauvres, la colonie s’était peu à peu métissée à tel point que des nombreux fonctionnaires métropolitains et les hautes instances du clergé se plaignaient de l’absence d’Européens ou de créoles blancs du bouleversement des rapports des ethnoclasses qui coexistaient sur le territoire.
En contraste avec la colonie française de Saint Domingue, cette colonie espagnole n’avait plus de plantations depuis 1580, toute son économie s’étant transformé par la découverte et la colonisation du continent.
Cette situation s’était aggravée ensuite par la lutte acharnée des autorités espagnoles pour préserver sur ce vaste territoire de 78 000 km2, l’intégrité coloniale et le rejet des pirates et des philibustiers qui dès la moitié du XVIème siècle l’assaillaient de toutes parts . Ainsi le gouverneur d’Osorio, avait décrété le dépeuplement de toute la bande Nord-Ouest, et la destruction de toute habitation et de toute installation les transférant vers le centre sud et les environs de la ville de Santo Domingo. Le prétexte était d’interdire le commerce des habitants avec les Huguenots, les Hollandais et les Français, entre autres qui avec le commerce de contrebande semaient leurs idées révisionnistes et rompaient le monopole commercial espagnol.
Le résultat est la création d’un territoire où allait se développer le troc et la contrebande avec la nouvelle colonie française qui s’installa, en partie grâce à ce dépeuplement. Le contraste entre les deux colonies allait vite être fortement marqué. Dans l’Ouest, la plantation avec la main d’œuvre esclave en grande quantité pour permettre l’exploitation industrielle des terres et du côté Est, l’autarcie : absence de commerce avec la Métropole mais une activité intense d’échanges interdits officiellement : du bétail en pied, des peaux d’animaux, chasse du bétail marron et leur vente illégale aux Français d’à côté.
Espagne “ Boba ”
Si le XVIIème siècle fut celui des rencontres interdites ou tolérées au grès des mouvements royaux dans les métropoles, selon que les couronnes étaient alliées ou en guerre, le XVIIIème fut celui de l’ostracisme et du retrait. L’Espagnol péninsulaire était en nombre extrêmement réduit et les “ blancs de la terre ” partis dans la grande majorité, vers les terres continentales.
Une population composée de mulâtres, et une très pauvre présence d’Espagnols. Le seul contact de la population de la colonie espagnole était la colonie française de Saint Domingue.
Présence absence des Français
Ce panorama allait changer lors de la révolution d’Haïti, suscitée évolution Française. La session de la colonie espagnole s’étant réalisée en faveur de la République Française, elle ne put être appliquée par le gouverneur français occupé qu’il était par les révoltes des planteurs, des mulâtres et des noirs. C’est Toussaint Louverture qui occupa la colonie espagnole au nom de la France . Mais cette action, parmi d’autres qui mettaient en péril l’approvisionnement de la France de la colonie qui l’avait le plus enrichie, détermina l’envoi des troupes françaises qui occupèrent le Saint Domingue espagnol dès 1801. Décimées par les Haïtiens, par les conditions climatiques au dire de certains, les troupes restèrent au Saint Domingue espagnol bien au-delà de leur défaite vis-à-vis des Haïtiens et formèrent un gouvernement militaire français qui organisa la colonie sous divers aspects et qui se chargeait de harceler la nouvelle République d’Haïti.
Leur départ fut le fruit du démantèlement de José Bonaparte du trône d’Espagne en 1808. Un groupe de créoles dirigés par Juan Sánchez Ramîrez, avec de faibles soutiens de Porto Rico et de Cuba, réussi à mettre en déroute les restes de l’armée Napoléonienne.
Présence permanente des Haïtiens
Afrancesados, républicains indépendantistes, pro-haïtiens,
L’occupation haïtienne de 1622 à 1844 détermina dans la population de l’ancienne colonie espagnole où l’on avait proclamé l’indépendance en novembre 1821 et la naissance de la République de l’Haïti espagnol, une série de positions qui allaient de la simple attitude d’assimilation ou de participation aux instances de pouvoir politique à Port au Prince jusqu’aux attitudes ouvertement séparatistes. L’attitude générale haïtienne fut de concentration de toutes les activités sur leur territoire laissant pratiquement à son compte les départements de l’Est.
Contact rapproché de domination politique, cette période de l’histoire dominico-haïtienne marqua définitivement les rapports d’image entre les deux peuples.
L’expérience en commerce international d’Haïti marqua de son influence les activités économiques de dominicains développant un groupe de commerçants exportateurs importateur qui dynamisa l’économie et contribua à changer le spectre socio-économique dominicain. Ce développement rendit possible la séparation et la constitution de la République Dominicaine lors de sa séparation d’Haïti en 1844.

Nouvelle présence de l’Espagnol

Mais le sentiment national ne couvait pas chez tous les dominicains de l’époque. Les grands propriétaires terriens, surtout les éleveurs, firent bientôt changer la balance et leurs sentiments assimilationnistes prirent le dessus pour livrer la souveraineté de la nouvelle République à leur ancienne métropole.
L’abandon à nouveau de part de la métropole et le fantasme de rétablissement de l’esclavage, l’attitude métropolitaine vis-à-vis de ces “ blancs de la terre ”, “ morenos ” o “ prietos ”, et les nouveaux essais de monopole firent prendre bientôt le feu de la guerre de “ restauration ” de la République.

Pour beaucoup d’historiens le véritable sentiment national est né de cette confluence de la sortie de la domination haïtienne et le nouveau contact avec l’espagnol.
Par contrastes successifs et immédiats le dominicain allait finalement ressentir la cohésion de peuple au-delà des clivages des ethnoclasses et des groupes sociaux à intérêts divergeants.

Présence des Américains
L’autre contact étroit du peuple dominicain et qui détermina une orientation spécifique de l’image de soi du peuple dominicain fut la présence des Américains en République Dominicaine. Depuis les gouvernements successifs de la seconde république l’endettement externe atteint des niveaux fort élevés. Des négociations entre les Banques européennes et les États Unis aboutirent au rachat des dettes dominicaines ce qui introduit directement l’administration américaine en République Dominicaine. D’abord dans les douanes et l’administration fiscale et puis, entre 1916/1924, l’occupation militaire destinée à protéger les investissements et le service de la dette.
La présence militaire, économique et politique des Américains en République Dominicaine et en Haïti, simultanément, marquèrent l’image que les deux peuples avaient d’eux-mêmes et de l’autre respectivement.

Affirmations de filiation
Tant en Haïti qu’en République Dominicaine la présence américaine déclencha des processus identitaires similaires comme réaction à l’autre et surtout à cet “ autre ” détenteur d’un pouvoir usurpé.
Il faut rappeler que le racisme scientifique qui s’était développé en Europe vers la deuxième moitié du XIXème siècle à partir des théories de Gobineau, imprégnées en Amérique latine par les théories sur le développement et la pensée sociologique positive, allaient faire partie constituante des courants philosophiques qui orientaient les choix politiques et idéologiques de l’époque : “ l’origine africaine et ‘le mélange racial’ étaient une tare pour les sociétés latino-américaines et caribéennes”. Seul le surpassement de l’individu par les études, pouvait selon certains provoquer un changement favorable.
Cette vision du monde et de la fonction de “ l’homme de couleur ” dans sa rencontre avec l’Américain allait contribuer, dans un premier moment, à l’essai de construction d’une image de soi qui le valorise face au “ blanc ” américain. Et le refuge fut la “ latinité ”. Des nombreux Haïtiens se proclamaient “ français ” par la langue et la culture et les Dominicains d’abord “ Indios ” et après “ espagnols ”.
Le premier mouvement des Haïtiens fut vite déjoué par l’envahisseur et surgit avec force “ l’africanité ” qui devint par suite négrisme et négritude. Chez les dominicains toute une idéologie raciste allait par la suite se développer à travers cette idée de la composante hispanique dominante dans constitution dominante du peuple dominicain. Ce sont ces stéréotypes qui servirent par la suite d’étendards aux tyrans des deux côtés de la frontière pour mieux s’implanter et pour mieux tirer profit des inégalités entre les deux peuples. Il faudrait attendre la disparition du tyran dominicain de la première moitié du XXème siècle pour voir changer ouvertement la position des intellectuels et assister à la réalisation de travaux de recherche et des publications où cette position hispaniste cède un peu de place à une image beaucoup plus réaliste du dominicain.

La quête de l’identité en Amérique Latine et dans la Caraïbe
Étudier l’image et les représentations des deux peuples concernés, Dominicains et Martiniquais, comporte certes la prise en compte du contexte socio-historique (voir supra) sur lequel ces représentations reposent.
Bien que le profil culturel, l’image et les représentations des groupes humains aient été au centre des préoccupations de la plupart des pays de l’Amérique Latine, les travaux qui en témoignent sont en général des documents idéologiques, des prises de position qui réclament des politiques spécifiques de manière conjoncturelle. Les pays américains se sont vus confrontés, après les indépendances, à la problématique du développement et de l’identité nationale. Ils ont donc eu besoin d’asseoir une éducation nationale qui corresponde à leurs réalités culturelles. Les tendances et les orientations de la pensée dans les pays américains et caribéens ont été nombreuses et correspondent souvent à des choix et des moments de la vie “nationale” des pays du continent.
Depuis les doctrines “assimilationnistes”, “européanisantes”, “annexionnistes” ou indépendantistes, jusqu’à la recherche récente de l’identité culturelle et linguistique, nous pouvons passer en revue la pensée de Rodó, Sarmiento, Hostos, Marti, Pedro Henriquez Ureña, Moscoso Puello et plus tard Arturo Uslar Pietri, Octavio Paz, Carlos Fuentes, Leopoldo Zea, parmi celle de tant d’autres qui ont pensé nos Amériques. Ils ont décrit nos cultures en gestation.
Ce n’est qu’en fin de Siècle que les études en Sciences Sociales ont abordé les problèmes “subjectifs” de l’image et des représentations que l’homme se fait de lui-même et des autres.
La quête de l’identité en République Dominicaine
De nombreux travaux d’analyse du discours ont abordé, en République Dominicaine, l’étude de la presse écrite (Céspedes 83, 85), des analyses de documents de la dictature de Trujillo et de divers régimes politiques (Vega ; Oviedo 85). Divers et de qualité variable sont les études sur les styles de vie. Il y a eu d’autre part, des thèses doctorales sur l’identité sociale et nationale (Zaiter, 89), des recherches sur les préférences des étudiants universitaires (Menéndez 86), des études sur la condition de la femme et son insertion sociale (CIPAF, 93). Ce sont des outils importants et des précédents dans la lignée de notre travail. Ils ont abordé surtout la problématique macro-économique, les aspects politiques ou des particularités culturelles, d’un point de vue global ou institutionnel.
Les images et les représentations des Dominicains et des Martiniquais à la fin du XXème siècle.
Une étude réalisée entre le 1995 et 1997 en Martinique et en République Dominicaine sur des jeunes étudiants universitaires et des lycéens nous offre un échantillonnage les images et les représentations dominantes dans les deux populations .
L’étude est élaborée à partir des l’analyse des réponses ouvertes à un questionnaire où l’on interrogeait les informateurs à propos des gens de son pays et de l’autre. Comment sont les “ Dominicains ? ” ; Comment sont les “ Martiniquais ? ” avec des jeux de questions tout autour selon le genre ou la distanciation de perspective. Les réponses d’un groupe humain sont considérées comme un tout, comme un discours unique qui sera analysé de manière exhaustive à partir des matricielles lexico-sémantiques établies sur le modèle sémantique du domaine d’expression l’être humain en lui-même et dans ses relations avec son environnement social, naturel et culturel.
Ceci nous permettra alors de déterminer des Groupes Notionnels, des Hypernotions, lesquels seront hiérarchisés selon l’importance des fréquences d’apparition et selon l’amplitude du lexique qui les composent.
Nous présentons les résultats correspondants aux notions la relation à la société selon les intérêts nationaux et l’implication dans la vie politique d’un côté et l’origine nationale; La nationalité de l’autre, faisant abstraction des autres jeux d’images et des représentations qui ont surgit de l’étude des cents huit notions identifiées dans les corpus.
Les tables de mots-thèmes selon les notions extraites de l’analyse montrent comment les deux groupes humains caribéens se voient eux-mêmes et surtout quelles sont les instances du tiers dans le miroir qui apparaissent dans leurs discours au moment où il s’agit de s’identifier.

Les Dominicains
La relation à l’autre :

L’AUTRE EN TANT QU’INDIVIDU ;
CITOYENNETE

Mot thème N
Patriotismo 32
País 24
Amar patria 11
Libertad 11
Ciudadanía 8
Independencia 8
Derecho 7
Desarrollo 7
Nación 5
Patriótico 5
Corrupción 4
Nacionalista 4
Patria 4
Amar democracia 3
Amor patria 3
Compatriota 3
Feministas 3
Nacionalidad 3
Bandera 2
Esclavitud 2
Falta de identidad 2
Gobierno 2
Liberadas 2
Político 2
Sentir patriótico 2
Subdesarrollo 2
Tierra 2
Abolición 1
Barrera sexista 1
Beneficio patria 1
Calor patria 1
Clase social 1
Compenetrar 1
Compenetrarse 1
Condición 1
Condiciones de vida 1
Democracia 1
Gloire 1
Ideología 1
Ir en contra 1
Liberalista 1
Muertos 1
Revivir 1
Revolucionario 1
Total 180

Non impliqué (tourné vers l’extérieur)

País 9
Ajeno 2
Comunidad 2
Indiferencia 2
Adoptar 1
Adular 1
Modelos 1
Total 18

Dans le discours produit par les informateurs Dominicains, le nombre de textes/réponses qui ont trait à la valorisation de la citoyenneté est particulièrement important. Culture, nationalité, “race ” se confondent dans un patriotisme défenseur, devoir de tous, et pré-requis du bonheur commun.
• Buenos ciudadanos ; Muy trabajadores a todo le encontramos una solución ; Amables con las personas extranjeras
• Como dominicano que soy, creo que es la mejor raza existente, muy creyentes en su pueblo, raza, costumbres, religión y en ellos mismos. ;
• Ellos se ven a sí mismos como buenos ciudadanos y no rechazan su color, su raza. ;
• Independientemente de que algunos son machistas tenemos buenos hombres dominicanos claro lo del machismo es un problema de cultura. Por lo general el Dominicano es bueno en casi todos los aspectos.
• Son personas de rasgos oscuros pero eso no es un defecto y que nosotros también tenemos rasgos de negros y en la mayoría somos personas buenas ;
• Son personas de raza negra, en su gran mayoría ; y que al llegar a países europeos son rechazadas por esta razón se deben sentir mal. Pero yo me imagino que deben ser buenas personas
Comme nous pouvons apprécier dans les exemples précédents, la bonté découle de la conscience d’être ou d’appartenir et ce, face à des préjugés sur lesquels les locuteurs-scripteurs paraîtraient vouloir s’écarter. Ce qui est digne de réprobation c’est le fait de tourner le dos à leur culture
• Olvidan su cultura adoptando la Ajena ; Piensan que lo nuestro no es bueno.
L’implication dans la couleur
D’après les exemples contextuels les Dominicains interrogés montrent leur conscience de la couleur comme maléfice , tout en s’impliquant dans leur discours en tant que “personnes de couleur ”. Certains signalent de manière générale que la couleur de la peau n’entre pas en jeu dans la valorisation de l’être humain : “ no importa el color ” Cependant, ce déni de toute prépondérance à l’élément épidermique et au phénotype pourrait impliquer un certain malaise vis à vis de l’aspect physique et la coloration “raciale ”. Pour beaucoup d’informateurs l’être humain est désigné comme “ moreno ”, “ mulato ”, de “ piel oscura ”, etc.
• Que somos mulatos ; Hablamos castellano ; Nos gusta el merengue
• Somos hostiles ; somos de piel oscura, mulatos ; Tenemos el sabor del merengue en la sangre
• Somos mulatos ; Religiosos ; culturales
• Tenemos piel mulata ; Somos hospitalarios ; Trabajadores

Origine nationale La nationalité

Mots thèmes N
Dominicano 30
Extranjeros 10
Martiniqueño 10
Caribeño 6
Antillanidad 4
Africano 2
Francés 2
Haitiano 2
Isleños 2
Puerto Rico 2
Americano 1
Continente americano 1
Cuba y Jamaica 1
Europeo 1
Gringos 1
Jamaica 1
Latina 1
Latinoamericanas 1
Latinos 1
Sociedad 1
81

Martinique
Corps social : Intégration ou distanciation
La relation au pays : engagements politiques. Le respect des engagements et de la loi. Les attitudes face au travail et aux loisirs.
Relation à la société selon les intérêts “ nationaux ” et la participation politique: implication

Mots thèmes N
Assimilé 3
Assisté 2
Attirance par la mode étrangère 1
Communes 1
DOM 1
Limitation 1
Locale 1
Métropole 1
Redistribution 1
Total 12

L’implication politique
Selon la fréquence absolue, ce groupe notionnel se situe au 12ème rang dans le classement de sa dimension et au 24ème du corpus. Au 86ème du point de vue de la force notionnelle.
Les exemples extraits du corpus martiniquais présentent des allusions de type affectif relatives à l’attachement de l’individu à son pays, à son île et, à quelques rares exceptions près, des allusions à l’ordre social ou politique, exprimées dans un langage de type sociologique.
Des occurrences telles que “dépendant ” ou “indépendant ”, “développement ”, “sous-développement ” ; “ participation politique ”, ou “économie ” ne surgissent que rarement de la plume des scripteurs interrogés. Rappelons la position des scripteurs face à la “pauvreté ” des Dominicains
Le corpus martiniquais comporte 1 386 textes/réponses. Par rapport à ce volume, les lycéens ont produit 0,023% de textes impliquant une relation au pays, tandis que les étudiants 0,018%. Le total des textes impliquant une relation de l’individu au pays est de 58 textes, ce qui équivaut à 0,041% du corpus.
De ces 58 textes nous en avons identifié 32, produits par les lycéens (contenant 50 occurrences appartenant à la notion étudiée). Ils comportent des jugements sur la relation de l’individu au pays. Jugements de nature affective (10 textes) ou de nature politique (22 textes). Les étudiants de leur côté, ont produit 25 textes (contenant 32 occurrences appartenant à la notion) parmi lesquels 9 présentent une relation au pays de nature plutôt affective et 16 plutôt politique.
Les informateurs présentent la relation au pays de la manière suivante :
ORIGINE NATIONALE
Nous avons considéré, dans l’analyse de la relation au pays la manière dont sont identifiées les personnes selon leur appartenance nationale et leurs origines régionales. Dans le classement autour de “l’origine nationale ”, le groupe notionnel correspondant apparaît au 15ème rang du corpus total, selon la classification par la fréquence absolue. Sa force notionnelle le place au 18ème rang.
Le discours étant orienté aux référents Dominicains et Martiniquais, circonscrits dans le monde caribéen et latino-américain, les locuteurs ont utilisé le mot-thème Martiniquais avec une fréquence de 49 ce qui équivaut à 35% des occurrences du groupe. L’autre nom utilisé, référence nécessaire pour répondre à la deuxième séquence de questions, est le mot-thème Dominicain. Il apparaît avec une fréquence de 31 ce qui représente une proportion de 22 % par rapport au groupe notionnel auquel il appartient.
Les locuteurs martiniquais interrogés, bien qu’étudiants d’espagnol langue étrangère confondent République Dominicaine et Dominique tant en ce qui concerne le nom du pays que le nom donné aux habitants. Ainsi le mot-thème Dominiquais apparaît avec 5% des fréquences du groupe notionnel.
D’autres origines et nationalités apparaissent mentionnées :
Selon l’appartenance régionale : Les termes Antillais et Caribéens ont une présence équivalente à 5% et 6,5% du groupe notionnel considéré.
Des éléments exogènes : L’Europe et l’Amérique sont présents à travers les mots-thèmes Américains (1) et les Européens — Espagne (3) ; Européen (1) ; Français (2), Italien (1).
Corrélât du Dominicain, dans l’esprit des Martiniquais interrogés : L’Haïtien. 9 mentions du mot-thème Haïtien, représentent 6,5% du groupe notionnel, volume supérieur à celui correspondant à la confusion entre Dominicains et Dominiquais.
Il est à signaler la présence du mot-thème autres pays avec un caractère d’indétermination et une valeur relative de 2%. D’autres indéterminés : Étranger 8% ; Extérieur 2% ; Population 2% pour un total de 16%.
Un total de 113 textes contiennent des mentions de pays ou des noms d’appartenance nationale ou régionale.
Nous ne donnons pas d’exemples de l’emploi des mots Martiniquais ou Dominicain, étant donné que tout le long de la présente analyse, qu’on les nomme ou non, les sujets sont les Martiniquais et les Dominicains. Par contre, nous présentons les contextes dans lesquels sont produits les noms des autres pays ou de leurs nationaux.
PAYS VOISINS
Haïti, Sainte Lucie, et la Dominique, pays à forte migration, le premier vers la République Dominicaine et les Antilles françaises et les deux autres vers les Antilles françaises spécifiquement. Avec la Guadeloupe, l’autre Antille française, les relations de compétitivité à travers le temps, ont développé un certain esprit de rivalité.
• Beaux. Bronzées, exotiques, exploitants d’haïtiens*
• Ce sont des gens bien, en général mais il y a une chose qui me dérange chez-eux, c’est l’exploitation de leurs voisins haïtiens*
• Diversifié, solidarité nulle moindre Haïti ; Exploitants des immigrés haïtiens
• Elles sont assimilées aux vendeuses haïtiennes donc peu considérées
• Ils se croient des êtres supérieurs (surtout vis à vis des guadeloupéens*)
• Je ne fais pas trop de différence entre dominicains* et st Luciens* donc pour moi ce sont des gens qui viennent couper la canne en Martinique

REGIONS EXOGENES : EUROPE
Les liens avec les anciennes métropoles coloniales n’ont pas été totalement absents du discours des jeunes martiniquais :
• Elles pensent que les européens* ont un meilleur sort qu’elles
• Ils pensent que sans le développement de leur économie ils resteront dépendants de la France
• Les dominicains* ont grâce à leur indépendance par rapport à l’Espagne, pu se prendre en charge et je pense sont travailleurs et n’ont pas l’esprit passif
• Sûrement des femmes soumises (modèle de femmes Italiennes)

Les 21 mots-thèmes du groupe présentent une fréquence de 139 occurrences :
Américain (1) ; Antillais (7) ; Autres habitants (1) ; Autres îles (1) ; Autres pays (1) ; Caribéen (9) ; Dominicain (31) ; Dominiquais (8) ; Espagne (3) ; Étranger (5) ; Européen (1) ; Extérieur (1) ; Français (2) ; Guadeloupéen (2) ; Habitant (1) ; Haïtien (9) ; Italien (1) ; Martiniquais (49) ; Peuple (3) ; Population (2) ; Saint Lucien (1) ;
Origine nationale La nationalité

Mots thèmes N
Martiniquais 49
Dominicain 31
Haïtien 9
Dominiquais 8
Antillais 7
Caribéen 7
Étranger 5
Espagne 3
Peuple 3
Français 2
Guadeloupéen 2
Population 2
Américain 1
Autres habitants 1
Autres îles 1
Autres pays 1
Européen 1
Extérieur 1
Habitant 1
Italien 1
Saint Lucien 1
Total 137

Conclusions
Le melting-pot de la Caraïbe, où tant de peuples se côtoient et dont l’essence se trouve aux quatre continents a vécu dans une espèce d’incertitude à propos de son ethos et de l’image que les citoyens ont d’eux-mêmes et des autres. Les contacts entre populations d’origine ou d’ailleurs, les rapports de force ou d’échange de tous genres, la présence des grands pôles d’attraction hégémoniques constitués par les métropoles et par les États Unis et le développement des potentialités régionales font varier actuellement les anciens modèles. Une majeure prise en compte des particularités et des singularités fait actuellement basculer les principes raciaux des populations de la zone caribéenne. Il ne reste pas moins vrai que leur spectre se projette toujours en nous et oblige le regard à les tenir en compte.

{{Pedro Urena Rib}}
Université Autonome de Santo Domingo
Université des Antilles et de la Guyane

Bibliographie
Livres
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