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Le selfie, cette maladie narcissique

Le selfie, cette maladie narcissique

Le Selfie, cette maladie narcissique - Les images "putaclic" sont en test sur Pixel Conscient ;)

Depuis l’avènement des smartphones équipés de caméra frontale, le selfie s’est imposé comme norme de la photographie-vitrine personnelle sur les réseaux sociaux. Plus besoin d’un photographe, on peut prendre une photo de soi, soi-même, en vérifiant que tous les aspects de la photo qu’on souhaite obtenir sont bien « parfaits ». Parfaits, pas au sens photographique, mais bien au sens photogénique. Petite chronique du selfie narcissique.

Le selfie est tout d’abord le reflet d’une société devenue, et ce n’est plus un secret pour personne, extrêmement individualiste. Internet et la technologie en général sont d’ailleurs un gros vecteur de cet individualisme rampant. Car avant tous ces élans de « partage », de « collaboration » ou de « participation » se trouvent des comptes, mots de passe, données, adresses mail, et autres éléments strictement personnels. Comme des éléments de sa propre personne matérialisés et constamment accessibles. Ces comptes et éléments personnels sont bien sûr nécessaires au fonctionnement d’internet tel qu’on le connait, tout comme le droit de propriété l’est pour le fonctionnement de notre économie.

Allez, un petit selfie ?

En soirée lorsque tout le monde est réuni, on ne dit plus « photo » mais bien « selfie » . De manière personnelle je suis même convaincu que, sur le réseaux sociaux tels que Facebook, le nombre de photo prises avec la caméra avant d’un appareil mobile est en train de dépasser le nombre de photos prises de manière traditionnelle avec le capteur arrière. Capteur photo principal qui est d’ailleurs souvent bien plus performant. Et ne parlons pas du nombre incalculable de tentatives pour prendre une photo, qui doit exploser du côté des selfies. Ces tentatives individuelles (et abritées des yeux de tous) d’atteindre une forme de perfection flatteuse sont probablement extrêmement répétées chez beaucoup de « sujets » et on imagine pas forcément le nombre d’essais qui ont été nécessaire pour ce selfie fraîchement reçu sur Snapchat.

Certains constructeurs de smartphone ont d’ailleurs bien compris que certains utilisateurs préfèrent se prendre en photo eux plutôt que le monde qui les entoure..

L’écran qui permet de se voir en direct est presque malsain

L’un des grands fléau du selfie c’est bien le fait que chaque personne de la photo soit « condamnée » à s’observer en direct sur l’écran de l’appareil. Miroir, miroir, suis-je le plus beau de la photo ? Suis-je sur mon meilleur profil ?

Il est d’ailleurs bien inefficace de s’observer dans l’écran du smartphone durant un selfie de groupe, tant il est presque impossible d’améliorer sa posture ou son visage durant la demi seconde que dure la capture. J’ai d’ailleurs l’impression d’être parmi les seuls de mon entourage à faire peu attention à mon reflet lors d’un selfie. Pas que je ne fais pas attention à mon image, mais que je ne vérifie pas de manière compulsive la façon dont j’apparais à l’écran. Prendre régulièrement des selfies créerait d’ailleurs un désordre psychologique doublé d’une addiction.

Le regard des sujets d’un selfie est évocateur

En effet, alors que de tous temps les sujets d’une photo fixaient innocemment l’objectif pour donner l’impression de regarder dans les yeux celui qui aura la chance d’observer le cliché obtenu, le selfie brise totalement cette convention. Désormais, on ne peut que constater que chacun a les yeux rivés sur son propre reflet, comme si la façon dont on apparaît personnellement sur la photo primait sur tout le reste.

On a donc pour résultat des photos un peu bizarres ou tous les yeux sont tournés un peu à droite ou à gauche, on pourrait peut-être même analyser depuis la photo, la manière dont les sujets de la photo se trouvent sur cette photo. Dingue non ?

Le regard mystérieux de la Joconde est bien l'exception qui confirme la règle en matière de selfie.

Le regard mystérieux de la Joconde est bien l’exception qui confirme la règle en matière de selfie.

Le selfie, provocateur ou révélateur d’un manque d’estime de soi ?

Cela fait bientôt une petite décennie que les réseaux sociaux nous ont séduits. Porte ouverte à tous les débordements d’égo, amenant cette obsession pour l’image que l’on renvoie aux autres. Ou plutôt pour l’image que l’on a de soi même ?

Il y a quelques mois dans mon amphi, j’ai surpris une fille banale assise devant moi en train de faire un selfie. Puis deux, puis trois, puis une bonne vingtaine. Tous les clichés se ressemblaient. Mais à chaque fois qu’elle regardait le résultat, la pauvre cruche prenait un air de plus en plus triste et insatisfait. Je me suis immédiatement dit : serait-elle aussi complexée et malheureuse si elle s’était abstenue de prendre cette série de photos personnelles ?

Il est donc grand temps d’arrêter de se prendre la tête avec son propre reflet, ceux qui vous connaissent savent sûrement bien mieux que vous à quoi vous ressemblez sous toutes les coutures. Si t’a une sale gueule, c’est pas un selfie bien pris qui fera illusion dans la réalité. Il est inutile de constamment résumer la qualité d’une photo à votre avis sur votre propre apparence sous un angle x et un instant t. Tout le monde s’en fout de toute façon.

L’avènement du selfie nous a encore recentrés sur nous-même alors que l’important est ailleurs. Le nombre de fois où apparaît « je » « se » et « soi » dans cet article est d’ailleurs malheureusement bien évocateur. []

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