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LE SCANDALE DU CHLORDECONE : DRAME ? CRIME !

Raphaël CONSTANT
LE SCANDALE DU CHLORDECONE : DRAME ? CRIME !

On pouvait déjà se poser des questions quant à l’utilité et au sérieux de la commission sur le chlordécone que les aimables députés français ont donné à ce qu’ils appellent des « ultramarins » l’opportunité de présider et d’en être le rapporteur.

En effet, les faits sont connus et sont patents. L’état français a sciemment autorisé, en toute connaissance de cause, que soit utilisé en Martinique un poison nommé chlordécone, ceci après avoir, depuis une cinquantaine d’année, permis l’utilisation de toutes autres sortes de pesticides dont on connait aujourd’hui le caractère dangereux.

On sait qui a autorisé. On sait qui acheté, qui a vendu.

Il a fallu que des associations et des personnalités se battent depuis des décennies pour que ce scandale soit enfin connu et dénoncé.

Depuis des années, il existe une procédure pénale à Paris qui s’est enlisée faute de volonté de sanctionner ce grave manquement au pacte social.

En Martinique, l’état français, au travers de son Préfet se refuse à mettre en place les outils nécessaires afin de déterminer l’ampleur des dégâts sur les humains (combien d’ouvriers agricole sont morts de ce poison ?) et la nature… 

Alors que nous sommes « chlordécornés » à 92%, M. Robine multiplie les discours « poudre aux yeux » sans moyens sérieux. Il est d’ailleurs évident que devant l’ampleur du sinistre un préfet n’a aucune compétence ou moyen pour y faire face.

En clair, plus de 20 ans après le scandale, plus de dix ans après qu’il ait été révélé (par une expédition de quelques tonnes de patates douces en France !), les empoisonneurs n’ont pas été sanctionnés et la plupart des victimes n’ont pas été identifiées sinon indemnisés.

Et voici donc notre commission parlementaire qui se met à enquêter. Pourquoi faire ? Pour faire quoi ?

Serge Letchimy a enfin donné son éclairage. Il a indiqué dans une récente interview qu’il veut apprécier l’ampleur du « drame » !

Voilà donc le point de désaccord. L’affaire du chlordécone n’est pas un drame. C’est un crime qui a été commis contre le peuple martiniquais et son territoire avec son cortège de criminels, complices et de victimes. Ce n’est pas le fait du hasard, de la nature ou d’un accident mais bien le fait d’hommes ou irresponsables, ou inconscients, ou cupides ou tout cela à fois en même temps !

Il est grand temps que l’on appelle les choses par leur nom et qu’on cesse de se cacher derrière son petit doigt.

En parlant de drame, M. Letchimy révèle, à tout le moins, qu’il n’a pas compris l’ampleur du problème et c’est sans doute pour cela qu’il semble penser que la commission qu’il préside peut-être autre chose qu’une illusion passagère.

En fait, le vrai problème est la reconnaissance du crime, la sanction des responsables, l’indemnisation intégrale des victimes et donc aussi de la Martinique.

C’est un combat qu’il faut mener. Il risque d’être long quand on pense qu’il aura fallu 153 ans à la France pour reconnaître le crime de l’esclavage qu’elle se refuse toujours à réparer

Mais c’est la seule voie de la dignité.

                                              

Raphaël CONSTANT

Avocat et Militant

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