Silence obligé !
C'est que depuis quelque temps, chaque commune de l'île s'est empressée de créer sa "Commission Mémoire et Machin", à commencer par la capitale, Fort-d'Afrique, histoire de voir si ça peut calmer les enragés qui en veulent à Schoelcher, Joséphine et Gandhi (mais pas à Jésus-Christ ni à la Vierge Marie, tiens comme c'est bizarre !), cependant, à Rivière-Pilote, c'est la désolation totale au conseil municipal : le nouveau maire (de Droite) n'a plus aucune statue à déboulonner ni aucune rue à débaptiser.
O rage, ô désespoir ! comme dirait la grand-mère de Ti-Sonson.
La raison c'est qu'un ancien maire, il y a déjà 36 ans de cela, un dénommé Chaben, avait fait le boulot : il avait déplacé la statue de l'ex-Grand Abolitionniste et avait rebaptisé 12 rues des noms des héros de l'Insurrection du Sud de 1870. 36 ans déjà, putain, c'est vachement long ! comme dirait le petit-fils de Ti-Sonson dont le fils a émigré à Garge-les-Gonesses et y a fait souche.
En tout cas, le nouveau maire de Rivière-Pilote se retrouve bel et ben en chômage mémoriel et c'est pas drôle du tout. Que pourrions-nous lui suggérer afin de l'aider à s'extirper de cette douloureuse impasse ? Bon, il pourrait déjà changer le nom de sa commune : Rivière-Niger, ça sonnerait pas mal du tout. Mais ouille ! Hou là ! "Pilote" était le nom d'un des derniers grands chefs caraïbes de l'endroit et donc pas touche ! Bon-bon...Voyons voir ! Il pourrait demander dans le plus grand secret à ses services municipaux de confectionner une statue du Béké Codé, l'esclavagiste à qui les insurgés du Sud avaient sectionné les graines jusqu'à ce que mort s'en suive, et nuitamment, des employés l'installeraient à l'entrée du bourg. Au matin, tout le monde pourrait alors crier à une énième provocation de la caste békée et, réuni en urgence, le conseil municipal pourrait décréter l'abolition de ladite statue (en carton-pâte évidemment, finances municipales obligent).
Comme ça, l'honneur de Rivière-Congo...heu, Rivière-Pilote serait sauf : il pourrait désormais participer au carnaval mémoriel qui se déroule à Dahoménia.
Ouais, un peu compliqué à réaliser quand même. On imagine la colère du nouveau conseil municipal et de son chef : "Chaben aurait pu nous laisser même une rue, une seule, une toute petite rue, à débaptiser !". Ajoutant sans doute, en bon vieux patois colonial : Tonnan-di-Dié !
(NB. Paraît qu'au quartier La Jossaud, mais de sources non confirmées toutefois, il y aurait la statue d'une Vierge qui aurait refusé tout net faire le Grand Retour dans son pays natal, la Gaule. A mettre donc au conditionnel !).
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