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LE DARFOUR, LE DALAI-LAMA, LA GAUCHE-CAVIAR, LA DROITE POPULISTE ET LES J.O. DE PEKIN

LE DARFOUR, LE DALAI-LAMA, LA GAUCHE-CAVIAR, LA DROITE POPULISTE ET LES J.O. DE PEKIN

Pauvre Dalaï-Lama ! L’homme au gentil sourire et aux yeux pétillants derrière ses lunettes à fine monture, toujours drapé dans sa robe safran tibétaine parcourt le monde depuis bientôt un demi-siècle pour plaider la cause de son peuple, celui du Tibet, sauvagement occupé par la Chine et victime d’un génocide à la fois linguistique, religieux, culturel et même ethnique. Cette occupation, qui date de 1959, condamnée par l’ONU et par les puissances occidentales, n’a jamais été sérieusement combattue. Jamais les différents gouvernements en poste à Pékin qu’ils fussent communistes comme sous Mao-Tsé-Toung ou capitalistes d’état comme sous Den-Xiao-Ping, ou on ne sait trop quoi aujourd’hui, n’ont été menacés de la moindre sanction du moindre boycott. Jamais ! Ah certes, les déplorations rituelles n’ont jamais manqué dans la bouche des diplomates occidentaux et dans les communiqués de leurs gouvernements, réprouvant soi-disant tel ou tel énième acte de sauvagerie chinoise en terre tibétaine. Quand Pékin fait détruire les temples bouddhistes millénaires de Lhassa, la capitale du Tibet, chasse ou exécute les moines, brûle les livres saints, aucune grande âme euro-américaine ne l’a jamais traité de barbare. Par contre, quand les talibans dynamitent les trois Bouddhas géants de Bamian, en Afghanistan, c’est le tollé immédiat !

Alors, le Dalaï-Lama, comme en compensation, est reçu en grande pompe dans les grandes capitales occidentales, on lui fait des baisemains, on feint d’écouter religieusement ses propos, on lui attribue même le Prix Nobel de la Paix, mais une fois qu’il est reparti, on s’empresse de signer des contrats juteux avec la Chine ou d’investir à tours de bras dans ce pays. Oublié le Tibet et son ennuyeuse population qu’on soupçonne d’être vaguement arriérée ! A Pékin, on ricane et on continue allègrement le processus de colonisation du toit du monde : des centaines de milliers de colons « Han » (nom de l’ethnie chinoise) sont installés sur le territoire tibétain, colons auxquels sont attribuées des terres fertiles volées aux autochtones, comme aux plus belles heures de la colonisation européenne en Afrique du Nord et sub-saharienne. On se croirait revenus en 1920. Eh bien non, on est bien en 2007 et le train reliant directement la Chine au Tibet, inauguré l’an dernier, après des travaux pharaoniques dus aux difficultés topographiques, amène chaque jour son contingent de nouveaux colons. Désormais, l’usage de la langue tibétaine est interdit dans les écoles où seul le chinois est utilisé. Jour après jour, pendant que le Dalaï-Lama court inutilement le monde, le Tibet est ravagé, dévasté, réduit à néant. Génocidé en un mot.

Le Dalaï-Lama a donc dû bénir le hasard lorsque que la Chine fut choisie, après tirage au sort, pour organiser les prochains jeux olympiques. Enfin, a-t-il dû se dire, les Occidentaux pourront mettre des actes derrière leurs paroles. Enfin, Pékin pourra être sommé de relâcher son emprise sur le Tibet, faute de quoi le monde dit « civilisé » boycotterait le rendez-vous olympique tant attendu. Pauvre Dalaï-Lama ! En fait, la gauche-caviar et la droite populiste des deux rives de l’Atlantique s’est réunie pour protester contre le soutien de Pékin au régime du…Soudan. Et cela au motif que les « Arabes » du Soudan massacreraient les « Noirs » du Darfour. Des manifestations monstres sont organisées en Californie, à Berlin, à Londres pour exiger que le génocide au Darfour soit la cause du début du siècle. En France, Ségolène Royal en visite à Pékin n’a pas un mot pour le Tibet, mais de retour à Paris, s’indigne des accointances entre Pékin et Khartoum. Bernard Kouchner, qui dans un article publié dans « Le Monde », a osé écrire qu’au Soudan « des Blancs massacrent des populations noires », passé de la gauche-caviar à la droite populiste, ce qui constitue, il est vrai, le franchissement d’un bien maigre Rubicon, déclare, une fois devenu ministre que « ma priorité sera le Darfour ». Pauvre Dalaï-Lama !

On peut dès lors se demander le pourquoi de cet amour débordant des grandes âmes occidentales et des droits-de-l’hommistes de tout poil pour une région isolée et désertique dont la plupart ignoraient jusqu’à l’existence il y a deux ans. A qui va-t-on faire croire que l’acteur américain Georges Clooney avait la moindre connaissance en la matière, lui qui est le fer de lance du mouvement pro-Darfour aux Etats-Unis ? On peut aussi s’interroger sur le pourquoi du deux poids deux mesures suivant : un Tibétain aurait-il moins de valeur humaine qu’un Darfourien ? Avant de répondre à ces questions, il convient d’emblée de contrer cette arme de désinformation massive qu’est la grande presse occidentale en disant simplement qu’il n’y a pas de Blancs qui oppriment des Noirs au Soudan. Que « Sudan » en arabe veut dire « Pays des Noirs » et qu’il n’a qu’à regarder les visages des présidents Numeiri et El-Béchir, celui de l’idéologue islamiste Hassan El-Tourabi (que la grande presse occidentale qualifie d’ailleurs de « pape noir de l’islamisme »), celui de Haroun Rashid que réclame le TPI (Tribunal Pénal International) etc. pour voir qu’ils sont noirs comme hier soir, comme on dit aux Antilles. En clair, ce qui se passe au Darfour est une guerre civile entre d’un côté Noirs musulmans arabophones, au pouvoir à Khartoum, et Noirs musulmans non arabophones vivant au Darfour. Et la guerre avec le Sud-Soudan, qui s’est terminée par un accord de paix, a longtemps opposé les mêmes Noirs musulmans arabophones de Khartoum aux Noirs animistes ou chrétiens du Sud, parlant leurs langues tribales négro-africaines ou l’anglais. Quand donc la presse occidentale qualifie de « Blancs », les « janjawid », cavaliers au service du pouvoir soudanais, qui massacrent les Darfouriens, ils se foutent carrément du monde ! C’est de la désinformation pure et simple. Et celle-ci n’a qu’un but et un seul : déstabiliser le monde arabe au profit de l’impérialisme et du sionisme, en l’attaquant dans ce que l’Occident pense être son ventre mou ou son point faible. Car s’il est vrai que le pouvoir de Khartoum se déclara « arabe », c’est tout bêtement parce qu’être arabe, c’est parler arabe. Etre arabe n’a jamais relevé d’une catégorisation raciale et lorsque la Ligue Arabe se réunit, on y découvre des blonds aux yeux bleus du Liban, des basanés maghrébins, des Noirs soudanais ou omanais.

Au Darfour donc, il n’y a pas de guerre raciale : ce sont des Noirs qui massacrent des Noirs. Il n’y a pas de guerre religieuse : ce sont des musulmans qui massacrent d’autres musulmans. Il y a, et c’est vrai, une guerre pour la possession des pâturages entre nomades arabophones et sédentaires non arabophones, les premiers étant appuyés, complicité linguistico-culturelle oblige, par le pouvoir de Khartoum. Il s’agit, répétons-le d’une guerre civile et qui comme telle, au regard du droit international, ne concerne au premier chef que les Soudanais entre eux. A l’inverse, l’occupation du Tibet n’a rien d’une guerre civile car historiquement le Tibet n'a jamais fait partie de la Chine (même
si il a été occupé à diverses reprises par divers royaumes du sud de la
Chine au cours du dernier millénaire). Il s’agit de l’occupation d’un pays par un autre pays et là, le droit international joue à plein. Pourtant, personne ne sanctionne Pékin et tout le monde veut étrangler Khartoum ? Vous ne trouvez pas cela étrange ?

Ceci dit, ce qui se passe au Darfour, bien qu’étant une guerre civile est inadmissible et des pressions doivent être exercées sur Khartoum pour qu’il mette fin aux exactions des « janjawid ». Mais, faire une fixation sur le Darfour en oubliant complètement le Tibet, menacer Pékin de boycotter les J.O. à cause de son soutien au régime soudanais et non pas parce qu’il génocide le Tibet, est une pure saloperie. Une preuve supplémentaire de l’hypocrisie occidentale. La vérité dans cette affaire, c’est que le Tibet n’a pas de pétrole alors que le Soudan en a découvert récemment et que le monde arabe en possède beaucoup. Toute cette agitation pro-Darfour masque en réalité la volonté occidentale de s’emparer du pétrole arabe, volonté qui se manifeste en ce moment dans la partition de l’Irak en trois entités distinctes pour empêcher définitivement l’émergence d’un état arabe fort. Volonté qui est aussi exprimée dans certains plans du Pentagone, non officiels, qui étudient la possibilité d’occuper carrément l’Arabie Saoudite et de la diviser en une multitude de chefferies, toujours pour faire main basse sur l’or noir.

Après ça, on viendra encore nous bassiner avec les droits de l’homme ! Si cette expression avait la moindre réalité, toutes les grandes âmes occidentales se mobiliseraient pour réclamer le boycott des J.O. de Pékin, d’abord et avant tout, au nom de la liberté du peuple tibétain. Ce qui ne signifie pas du tout qu’il ne faille pas se mobiliser contre les massacres au Darfour !

{{ Petit rappel : le génocide du Tibet dure depuis 48 ans, alors que le génocide du Darfour, lui, n’a commencé qu’il y a…5 ans !!!}}

(Au fait, pourquoi le massacre des Tamouls au Sri-Lanka émeut-il si peu les grandes âmes occidentales ? Clair comme de l’eau de roche : pas une goutte d’or noir dans cette contrée exotique…)

{{ {Raphaël Confiant} }}

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