L'Acoma, ce grand arbre disparu du paysage martiniquais, dont on connait la permanence du flux de sève, qui une fois jeté (coupé) le maintient immortel par l'enracinement solaire et solidaire aux résistances du peuple surdéterminé, aurait aujourd'hui compté 88 années d'existence à fouiller le réel en harponneur de forces et d'eaux-vives par la course du Tout-Monde où nous lui succédons.
Des hommes originaires d'extensions territoriales françaises capables hier encore, tout vivants, de renverser le pôle de la pensée politique et du Pouvoir dominants pour imposer leur somptueuse subversion par la puissance de la Relation qui ouvre à l'intelligence d'abord, et par conséquent à la dimension esthétique de la vie, il n'y en eût qu'un.
Des poètes caribéens (de langue française) d'envergure politique cohérente avec leurs actions en leur lieu, Édouard Glissant fût le plus fidèle à la cause décolonialiste.
Aujourd'hui un de ses disciples et cadets, dont il inspira les espaces littéraires et stylistiques d'expressions pourtant mentalement décolonisés, s'est notamment (depuis la disparition du poète) ingénument rangé du côté de l'obséquiosité néocoloniale et du retournement en s'adonnant à une "Note" au Président de la République Française.
Notre tailleur de pierres philosophales aurait, à n'en pas douter, rappelé à l'ordre sinon dissuadé son compatriote think-tanker pour qu'il ne se livre pas à pareil exercice de zandoli (courtisan).
Mais que voulez-vous ?
Le maître de la Relation, à défaut de l'être chez lui, nous a toujours enseigné qu'il vaut bien mieux se montrer ouvert d'esprit sur le monde pour y porter une nation nouvelle, plutôt que rétréci sur son lit d'aide de camp créole.
Cinq ans nous séparent du Diamant noir que le soleil découpe au jardin de la sérénité où repose l'immortel Acoma,
Et nous comptons nos âpres forces pour confondre la légitimité dominante en nos pays,
Sous la palme de pluie et l'Acoma qui nous gardent !
Soley' !