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L'acoma et ses plantes épiphytes

   L'acoma et ses plantes épiphytes

   Il est l'un des plus bel arbre de notre forêt martiniquaise.

   Il a suscité un proverbe créole d'une grande profondeur : "Lè akoma tonbé, tout moun ka di sé bwa pouri". Autrement dit : "Quand quelqu'un tombe de son piédestal, tout le monde s'empresse de le critiquer". 

   Alfred MARIE-JEANNE a été, a plan politique, l'un de nos acomas. Tout comme avant lui, Marius HURARD, Joseph LAGROSILLIERRE, Georges GRATIANT, Victor SEVERE, Casimir BRANGLIDOR, Emile MAURICE et bien sûr Aimé CESAIRE.

   "CHABEN", comme il est familièrement désigné depuis la quarantaine d'années qu'il évolue sur la scène politique martiniquaise, n'est pas encore tombé. Loin de là ! Quoique octogénaire, il fait montre d'une verdeur, d'une santé, absolument étonnantes. Mais beaucoup, parmi ses adversaires mais aussi parmi les siens le voit déjà à terre.

   Il rêve tous et toutes du jour où il sera du "bois pourri".

   Certains n'attendent même pas l'heure de la chute. Déjà ils exultent et trament de sombres complots.

   C'est que comme tous les grands arbres, l'acoma est envahi par ce que les botanistes appellent dans leur langage savant des "plantes épiphytes". En langage de tous les jours : des parasites. Le tort de l'acoma est de ne pas s'en débarrasser à temps, ce qui fait qu'au fil des années, ces derniers en viennent à lui pomper sa sève, à se nourrir de lui, à profiter de ses larges branches, à se donner de grands airs comme si ce qu'ils sont devenus, ils ne le devaient pas entièrement à l'acoma. 

   Le président du MIM n'a pas su ou n'a pas voulu ou n'a pas cherché ou n'a pas eu le courage de couper les plantes épiphytes qui progressivement mais inexorablement l'étouffaient. A l'inverse, il a laissé partir (Garcin MALSA) ou s'écarter de lui (Marc PULVAR) des militants de grande valeur. Des militants sincères, déterminés et aucunement à la recherche d'un strapontin. De vrais indépendantistes en tout cas. CHABEN s'est laissé peu à peu envelopper, ligoter par le culte du chef, par l'adulation intéressée d'une bande d'épiphytes qui faisaient mine de lui obéir au doigt et à l'œil, mais qui gardaient constamment un œil sur l'horloge biologique. Un œil de plus en plus impatient. 65 ans le CHABEN est toujours là ! 75 ans le CHABEN est toujours là ! Bientôt 85 ans et le CHABEN est encore là !

   Patat sa ! Landjet sa pito !

   Comme tout homme, le CHABEN a commis des erreurs. Il s'est laissé coller l'image (détestable) d'un anti-rasta, anti-intellectuel, anti-homosexuel, voire anti-féministe. Erreurs liées au populisme ou plus exactement au fait de céder aux pressions du peuple qui vous a (brillamment élu et réélu), pressions, hélas, souvent malsaines. En tout cas, cette méchante réputation a fait que la grande majorité des gens qui avaient quelque chose dans le crâne et qui n'étaient pas intéressées seulement par un poste n'ont pas fait le pas de se rapprocher de lui et de son parti le MIM.

   A la grande joie des épiphytes autrement dit des parasites !

   Aujourd'hui, le roi est nu.

   L'heure de l'hallali a sonné. La meute des parasites est en train de se rassembler pour le mettre en pièces, pour le "chiktayé", pour le "dékalé", pour le "dépotjolé", pour le "dékalaminé" pour le "déchouké". La langue créole, jugée pauvre en vocabulaire par les ignares et les nombreux diplômés ignares de ce petit pays, n'est pas exempte de termes pour désigner ce qui se prépare et que FREUD appelait "le meurtre du père". Avant lui, dans la Rome antique, un certain BRUTUS s'était déjà comporté comme une brute à l'égard de CESAR.

   Mais il y a épiphytes et épiphytes.

   Il a ceux qui poussent sans vergogne le long du tronc et siphonnent la sève de l'acoma, ceux donc dont on vient de parler, et puis il y a une deuxième catégorie : ceux qui profitent de l'ombre, de l'immense ombre, de l'acoma. Ainsi tel n'était plus rien politiquement, il avait été chassé de son parti ou poussé à le quitter, il s'était empressé de bricoler un groupuscule qui n'avait guère d'audience électorale, mais profitant de ladite ombre, il s'était refait une santé. Il avait pu réapparaître au grand jour et donner l'illusion qu'il existait à nouveau. Grâce à l'acoma CHABEN !

   Aujourd'hui, ceux-là aussi cherchent ou espèrent la chute du grand arbre.

   Epiphytes grimpant sur le tronc ou épiphytes bénéficiant de son ombre, ils sont désormais tous liés par un pacte qui ne dit pas son nom. Qui est trop lâche pour dire son nom. Ce nom est tout simplement "parricide". Alors CHABEN parviendra-t-il une énième fois à se dégager de cette emprise mortifère ? Parviendra-t-il, comme il l'a fait tout au long des quarante dernières années à ferrailler contre ses adversaires et à les terrasser ? C'est que cette fois, sur l'une de ses basses branches, il y a un drôle d'oiseau qui s'est posé et qui l'observe à la dérobée, un rictus ironique au coin du bec : un perroquet vert. Un GREEN PAROTT comme on dit à la Dominique. Tous les épiphytes, grimpant ou à l'ombre, cajolent le volatile "anbafey", ce que fait ouvertement depuis au moins cinq ans, les adversaires politiques de CHABEN, chose qui au fond est de bonne guerre.

   En effet, si le coup mortel vient de l'adversaire, il n'y a là rien que de très logique. C'est même une loi de la Nature. Mais quand le coup provient des vôtres et de ceux que vous avez aidés à être ce qu'ils sont, ceux que vous avez façonnés, créé de toutes pièces, ou tirés du fond du trou où ils croupissaient, alors dans ce cas, il peut être fatal. Dans ce cas, oui, l'acoma court le risque de tomber.

   Tout ce que nous pouvons dire à l'acoma, c'est ceci : SURPREND-NOUS ENCORE UNE FOIS, CHABEN !... 

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