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La statue de Joséphine aurait dû se trouver aux Trois-Ilets (S. Letchimy)

La statue de Joséphine aurait dû se trouver aux Trois-Ilets (S. Letchimy)

 Au cours du meeting organisé par le PPM samedi dernier devant la Porte du tricentenaire, à la veille de l'ultimatum des activistes, Serge Letchimy a osé.

  Oui, il a osé dire, se tournant vers le maire des Trois-Ilets présent, que la statue de Joséphine aurait dû se trouver dans la commune de ce dernier ! Cette énormité a été noyée dans le discours enflammé du chef du PPM et dénote une fois de plus l'espèce de panique qui s'est emparée du parti césairien depuis le 22 mai dernier, quand les activistes avaient démoli les statues de Schoelcher à Fort-de-France et à l'entrée de la ville qui porte le nom de l'abolitionniste. Qu'une centaine de jeunes urbains fassent trembler, voire vaciller, l'un des deux plus grands partis politiques de la Martinique a quelque chose d'à la fois comique et sidérant. 
  En effet, ne pas voir d'abord que les activistes sont les petits-enfants de l'idéologie de la Négritude c'est faire preuve d'une rare cécité. Ne pas comprendre qu'ils ne cherchent qu'à prendre au mot les fulgurations anticolonialistes du Discours sur le colonialisme d'A. Césaire démontre que soit les chefs du parti n'ont pas lu cet ouvrage soit ils se sont imaginés que ce n'était juste que de la littérature. Il est vrai qu'en un demi-siècle, le PPM n'a jamais cherché à mettre en pratique les fulgurations en question, se réfugiant dans le mot d'ordre d'Autonomie auquel d'ailleurs ils se sont bien gardés de donner la moindre signification concrète (quand ils ne le trahissaient pas en appelant, en 2010, à voter contre l'Article 74).
  S. Letchimy n'a, semble-t-il, toujours pas compris que les petits-fils de la Négritude ne veulent voir la statue de Joséphine sur aucune parcelle du territoire martiniquais et donc pas à Trois-Ilets non plus. Ils veulent faire table rase de tout ce qui à trait, tout ce qui rappelle notre passé colonial et donc également la Porte du Tricentenaire comme tous ces noms de rues de Fort-de-France qui portent les noms de personnes coupables, à un moment ou un autre de leur existence, d'avoir émis un propos anti-nègre comme ce fut le cas de Victor Hugo. Cela s'appelle appliquer le Discours sur le colonialisme à la lettre. 
  Cette volonté de rature de toute trace de l'histoire est stupide, voire ridicule, mais elle est en droite ligne de la pensée négriste. En effet, déboulonner des statues et renommer des rues n'a qu'une portée purement symbolique : cela ne change rien à la situation de la Martinique. En 1971, il y a donc 36 ans, le maire de Rivière-Pilote, Alfred Marie-Jeanne, avait fait enlever la statue de Schoelcher dans sa commune et renommer 12 rues avec les noms des principaux acteurs de l'Insurrection du Sud (1870). Une dizaine d'années plus tard, la statue du Général de Gaulle avait été brûlée au Morne-Rouge (sans doute par l'Alliance Révolutionnaire Caraïbe). Encore une dizaine d'années plus tard, la tête de Joséphine fut coupée sur la place de La Savane. Cela fait donc presque quatre décennies que l'on déboulonne des statues et renomme des rues ou des places publiques. Les activistes actuels n'ont rien inventé ! En quoi cela a-t-il changé quoi que ce soit à notre problème fondamental qui n'est rien d'autre que celui de l'accession à la souveraineté nationale. 
  Donc détruire Joséphine comme l'ont fait les activistes ou la réinstaller aux Trois-Ilets comme le souhaite Letchimy, c'est du pareil au même. Cela revient à faire de la diversion et à ne pas mettre les Martiniquais devant leurs responsabilités. Veulent-ils demeurer les derniers colonisés de la planète, OUI ou NON ? Se satisfont-ils de cette économie de comptoir qui ne favorisent que les Békés et autres patrons ? Sont-ils conscients que la goutte de café martiniquaise va fatalement finir par se diluer, se dissoudre, dans le grand ensemble franco-européen ?
 Les partis autonomistes et indépendantistes se doivent de poser ces questions cruciales au peuple martiniquais au lieu de se complaire à gérer l'existant comme ils le font alternativement depuis des lustres. Ils doivent se mettre au pied du mur et mettre aussi le peuple au pied du mur. Se détourner par conséquent de leur électoralisme viscéral qui fait qu'ils sont tous obnubilés par les prochaines élections territoriales de mars 2021.
  Sinon, en 2050, on aura une nouvelle génération d'activistes qui voudra cette fois débaptiser "la ville-capitale", Fort-de-France, et la Martinique n'aura pas avancé d'un iota sur le chemin de la souveraineté nationale.

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