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LA PRESSE OCCIDENTALE S'ENFONCE DANS LA CRISE

Par Marie de Vergès www.lemonde.fr
LA PRESSE OCCIDENTALE S'ENFONCE DANS LA CRISE

Funeste semaine pour la presse écrite. Vendredi 7 décembre, c'est paré de noir que le Financial Times Deutschland a publié son dernier numéro. Faute de rentabilité, le quotidien économique allemand disparaît, laissant 350 journalistes sur le carreau.

La veille, l'hebdomadaire américain Newsweek préparait ses salariés à des coupes féroces dans les effectifs. Lâché par la moitié de ses lecteurs en vingt ans, le journal cessera d'être imprimé fin 2012 pour ne plus exister que sur Internet.

En France aussi, les journalistes de La Tribune ont annoncé, le 6 décembre, l'ouverture, en janvier 2013, d'un nouveau guichet de départ. Une dizaine de rédacteurs, sur 26, devrait quitter la rédaction d'un titre qui a déserté les kiosques début 2012 pour passer sur le Web.

UNE CRISE QUI S'APPROFONDIT

Fermeture de titres, basculement vers le numérique, plans sociaux à répétition : 2012 aura été une année noire pour les journaux papier dans tout le monde occidental.

En Espagne, des restructurations brutales ébranlent les plus grands quotidiens. Après El Mundo, c'est l'emblématique journal du centre gauche El Pais qui vient d'annoncer un plan de licenciement touchant près du tiers de ses effectifs. Même l'Allemagne, pourtant longtemps le pays roi de la presse écrite sur le Vieux Continent, n'est donc plus épargnée. Avant le FTD, le quotidien de centre gauche Frankfurter Rundschau a déposé le bilan mi-novembre. La crise de la presse fait aussi des ravages aux Etats-Unis. Pas un mois ne passe sans qu'un journal n'y annonce son passage au tout numérique, souvent dernière étape avant la disparition. Un site Internet, Newspapers Death Watch, recense les fermetures...

DES BOULEVERSEMENTS STRUCTURELS

"La crise n'est pas cyclique, elle est vraiment structurelle", souligne Bertrand Pecquerie, patron du Global Editors Network, un réseau mondial de rédacteurs en chef. "Les journaux des pays développés ne retrouveront jamais les niveaux de lectorat et de publicité d'autrefois", poursuit-il, prédisant une année 2013 "encore bien pire".

Les causes sont connues mais gagnent en puissance depuis plusieurs mois. La concurrence d'Internet, la démultiplication de l'offre d'information gratuite, ont profondément modifié les habitudes des lecteurs. Aujourd'hui, 46,6 % des Français sont équipés d'un smartphone. Plus d'un milliard de téléphones intelligents et de tablettes devraient être vendus dans le monde en 2013, selon le cabinet Gartner. Une révolution numérique qui bouleverse le modèle économique de la presse traditionnelle, dont les revenus publicitaires s'effondrent au profit d'Internet.

En France, au premier semestre 2012, les recettes publicitaires des journaux ont baissé de 8,1 %, bien plus que pour les autres médias, d'après l'Institut de recherches et d'études publicitaires (IREP). Pour se défendre, les éditeurs de presse en France, en Allemagne, en Italie, en Suisse, réclament une "taxe Google". Leur objectif : faire payer les moteurs de recherche - en première ligne, le géant américain - pour la reprise de leurs contenus.

LA FIN DU PAPIER COMME MÉDIA DE MASSE

Le journal imprimé est-il donc voué à disparaître ? La plupart des spécialistes continuent de lui voir un avenir mais dans un cadre profondément renouvelé. "Le papier passera de média de masse à média de niche", prédit M. Pecquerie.

Pour celui-ci, seule une poignée de journaux pourront s'en sortir. Une presse quotidienne élitiste vendue, d'ici cinq ans, à 3-4 euros l'exemplaire, ciblant un lectorat haut de gamme lui permettant d'attirer les annonceurs. "La presse papier n'est pas condamnée à mourir, à condition de développer une vraie stratégie multi-écrans et de se diversifier", estime Eric Hazan, directeur associé du cabinet de conseil McKinsey.

UN MODÈLE À BÂTIR SUR LE WEB

A la recherche d'un nouveau modèle pour exister sur la Toile, les journaux n'ont pas trouvé la martingale. Comme le rappelle Vincent Peyrègne, patron de la Wan-Ifra (Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d'information), "les revenus d'un journal sont encore essentiellement tirés du papier". La stratégie "100 % numérique" reste un pari hasardeux, comme en témoignent les déboires de La Tribune. Le titre, fondé au milieu des années 1980, n'a quasiment jamais gagné d'argent, et le passage en ligne n'a pas inversé cette tendance.

Avant d'en arriver à cette extrémité, les journaux testent des solutions mixtes. Le Guardian, au Royaume-Uni, publie ses informations en libre accès sur son site avant d'en livrer une version plus détaillée sur le papier. Mais s'il touche une large audience, le journal ne parvient pas à la monétiser et perd de l'argent. Le New York Times, le prestigieux quotidien américain, essaie la formule "au compteur" : le lecteur peut consulter gratuitement une dizaine d'articles sur son site, au-delà, il doit s'abonner. Le système remporte un certain succès mais ne permet pas encore de compenser le manque à gagner publicitaire. En France, le quotidien Les Echos a lancé un modèle similaire.

UNE DIVERSIFICATION INDISPENSABLE

Pour l'instant, les groupes de presse qui se sont le mieux adaptés sont allés chercher de nouveaux revenus dans des activités purement Internet. Ainsi de l'allemand Axel Springer (Bild, Die Welt) et du norvégien Schibsted (20 minutes) qui ont mis la main sur des sites Web de petites annonces et réalisent une bonne part de leur chiffre d'affaires hors presse.

Dans cette logique, de plus en plus de journaux se diversifient en nouant des partenariats dans des activités en ligne avec leur "ADN". Le Figaro a son club de vin, le Times et le Sunday Times, outre-Manche, leur "club de whisky" avec, au menu, dégustations et e-commerce.

Marie de Vergès

Post-scriptum: 
Fermeture de titres, basculement vers le numérique, plans sociaux à répétition : 2012 aura été une année noire pour les journaux papier dans tout le monde occidental. | D.R.

Commentaires

daniel1 | 15/04/2013 - 22:01 :
Merci pour cet article qui résume bien la situation de la presse en Europe, dix ans après la révolution numérique. Internet reste un passage incontournable pour les titres de presse, mais la qualité des contenus est souvent victime de la dictature de l'urgence et de l'impératif du "buzz". Le journal pour lequel je travaille, Au Fait, fait le pari que la presse papier et que le journalisme d'investigation intéressent encore un public de lecteurs-citoyens. Je vous tiendrai au courant du tour que prend cette aventure ! Le n°1 sort le 25 avril et vous pouvez trouver plus d'infos sur le projet sur le <A HREF="http://www.au-fait.fr/">site</A>. A bientôt et n'hésitez pas si vous avez des questions ! Daniel

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