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LA MARTINIQUE PRISE ENTRE SES TROIS DELIRES : BEKEISME, MULATRISME ET NOIRISME

LA MARTINIQUE PRISE ENTRE SES TROIS DELIRES : BEKEISME, MULATRISME ET NOIRISME

   Un  ancien syndicaliste radical, devenu haut fonctionnaire de la santé et aujourd'hui retraité, s'est fendu d'une tribune virulente dans le quotidien local.

   Cette tribune s'en prend aux réseaux sociaux qui, à l'entendre, déverserait, de manière le plus souvent anonyme, des messages haineux qui n'ont pour seul résultat que de fragiliser encore davantage notre société martiniquaise au lieu de rassembler cette dernière autour d'objectifs constructifs. L'auteur dénonce aussi le fait qu'une communauté (celle des "Martinikaners" dits Békés en langue créole) soit pointée du doigt et l'objet d'un discours constamment stigmatisant. L'auteur en appelle, enfin, à une vision plus raisonnable des rapports sociaux au sein de notre Martinique

   Ouais...

   Cela a un nom : le Mulâtrisme. Idéologie presque aussi vieille que la colonisation des "Isles Françaises de l'Amérique" qui consistait et consiste toujours, mais sous d'autres formes, à ne jamais s'attaquer de front au pouvoir béké, mais à pactiser avec lui, cela dans le but d'obtenir des avantages au profit de la seule classe "mulâtre". L'exemple le plus spectaculaire fut celui du fameux "Bout de chemin avec l'Usine" mis en œuvre par le député mulâtre Joseph LAGROSSILIERE au début du XXe siècle. Cela a continué avec la soumission de la plupart des maires au plus riche béké de leur commune comme on le voit dans la pièce de théâtre Agénor Cacoul de Georges MAUVOIS, s'est poursuivi avec le fameux "je veux voir ce que les Békés ont dans le ventre" de Camille DARSIERES, secrétaire général du PPM, pour trouver son aboutissement ou son accomplissement dans la plantation d'un arbre, sur l'Habitation du plus riche béké de Martinique, le tristement fameux "Courbaril de la Réconciliation" par Aimé CESAIRE, Camille DARSIERES et Maurice ANTISTE.

   On aura compris que le "mulâtrisme" ne renvoie pas à une identité raciale stricto sensu, mais aux descendants des "Hommes de couleur libre" de l'époque esclavagiste au sein desquels 30% étaient des Noirs libres. C'est pourquoi dans le roman de Patrick CHAMOISEAU, Texaco (1992), un personnage qui écoute CESAIRE parler lors d'un meeting électoral, s'écrie, en quittant ledit meeting : "C'est un Mulâtre !". Le culte du beau français, outre le désir de pactiser avec les Békés, a toujours été une constante du groupe "mulâtre" (composé, rappelons-le de Mulâtres, de Chabins, de Noirs, de Syro-libanais, de Bata-Chinois etc.).

   L'article de notre ex-syndicaliste ex-bloqueur d'autoroute devenu par la suite haut fonctionnaire de l'Etat français s'inscrit dans l'idéologie mulâtriste laquelle n'est évidemment pas monolithique et irrigue toutes les tendances politiques, sauf les indépendantistes. Emile MAURICE fut ainsi un mulâtriste de droite et Camille DARSIERES un mulâtriste de gauche.

   Le mulâtrisme est une plaie d'origine coloniale qui doit être férocement combattue.

   Il en va de même du Békéisme, cette idéologie raciste qui prône la "pureté raciale" et donc l'endogamie, depuis bientôt quatre siècles, tout cela accompagné d'une domination économique presque sans partage puisqu'à l'abolition de l'esclavage en 1848, rien, pas un lopin de terre, pas la moindre somme d'argent, n'ont été attribués aux anciens esclaves pour leur permettre de refaire une nouvelle vie. Mieux : l'Etat français a dédommagé les Martinikaners de la perte de leurs esclaves. Ce qui fait que de 1848 à 1960, tant que l'industrie sucrière se portait bien, les anciens esclaves ont été contraints de devenir des ouvriers agricoles scandaleusement sous-payés et exploités comme on le voit dans le roman La Rue Cases-Nègres de Joseph ZOBEL. Avec la fin de la société de plantation et l'arrivée de la société de consommation, les Martinikaners se sont reconvertis dans les supermarchés, les concessions automobiles, les magasins de sport et de bricolage tout en continuant à recevoir des fonds européens par dizaines de millions grâce à la nouvelle spéculation qui avait remplacé la canne à sucre à savoir la banane. Cependant, comprenant que les temps avaient changé, ils se mirent à faire risette aux "Neg", d'abord avec le "Courbaril de la Réconciliation", puis avec la création de l'Association "TOUS CREOLES" laquelle a détourné et dévoyé la Créolité tout comme François DUVALIER en Haïti avait détourné et dévoyé la Négritude. Mais nos Martinikaners ne couillonnent personne : leurs tentatives de "RECONCILIATION" sans "VERITE", à l'inverse donc de ce qui s'est passé en Afrique du Sud, n'ont aucune chance d'aboutir.

   Le békéisme est une plaie d'origine coloniale qui doit être férocement combattue.

   Dernier venu sur la scène idéologique martiniquaise : le noirisme. Dans la bouche de ceux qui le véhiculent, "Indépendance nationale" et "souveraineté" etc...ont été remplacés par "Afrique" et "Noirs" et le caractère multiethnique de la Martinique est nié, sinon condamné, comme si l'on pouvait refaire l'histoire. Souvent jeunes, les noiristes, qui semblent être cornaqués en sous-main par des déçus pour le combat pour l'indépendance nationale, vouent alors aux gémonies la créolisation ainsi que la langue et la culture créoles, mais sans rien proposer d'autre comme si un peuple peut vivre sans langue et sans culture. Si au moins ils proposaient de remplacer le créole par le wolof, le blaff par le thiéboudjèn, le christianisme par le vaudou, la monogamie par la polygamie etc..., on comprendrait ! Or, ils ne proposent qu'une vague "culture noire" reposant sur une pyramidophilie, voire une pyramidolâtrie, délirante. Or ni TOUTANKHAMON ni Marcus GARVEY, qui voulait le retour des Noirs des Amériques en Afrique, ni l'empereur Haïlé SELASSIE ne peuvent rien pour nous. Ils ne peuvent en tout cas pas nous aider à résoudre notre seul vrai problème : comment accéder à la souveraineté nationale.

   En poussant ces jeunes à bloquer des supermarchés chaque weekend, les déçus du combat indépendantiste qui se cachent derrière eux, cherchent sans doute à provoquer des affrontements violents avec la police de façon à avoir un ou des martyrs. Ce n'est pas très honnête : ils devraient, ces "vieux", se trouver au premier rang, pour devenir des martyrs, n'ayant plus, à l'inverse ce des jeunes, toute leur vie devant eux.

   Le noirisme est une plaie post-coloniale qui doit être férocement combattue.

   Ni le Békéisme ni le Mulâtrisme ni le Noirisme ne sont des solutions viables pas plus que des remèdes au "mal martiniquais". Ce sont des impasses qui soit ne font que permettre la perduration du système en place soit conduiront à des affrontements de type Rwanda. Il est grand temps que nous sortions de ces idéologies mortifères et que nous nous acceptions tels que nous sommes à savoir des Américains. Notre adresse est l'Amérique. POINT BARRE ! Elle n'est n l'Afrique ni l'Europe ni l'Inde ni la Chine ni le Moyen-Orient.    

   Et notre Américanité nous commande de devenir comme tous les Américains : indépendants. Comme Sainte-Lucie, comme le Honduras, comme l'Uruguay, comme Trinidad, comme Panama, comme Antigua etc.. etc...

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