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LA GUERRE DES SOCIOLOGUES AURA-T-ELLE LIEU ?

par Jean-Marie Durand
LA GUERRE DES SOCIOLOGUES AURA-T-ELLE LIEU ?

Dans un pamphlet assumé, “Le Danger sociologique”, Gérald Bronner et Etienne Géhin attaquent de front la tradition déterministe des sciences sociales : à savoir les fondements mêmes de la sociologie. Un essai controversé qui rallume une vieille guerre de tranchées entre des courants de plus en plus irréconciliables.

Qu’est-ce qui pousse les individus à faire ce qu’ils font, à penser ce qu’ils pensent, à dire ou taire ce qu’ils ne savent pas eux-mêmes ? Quelle est la force qui conduit les individus à croire, aimer ou agir ? Ces questions agitent les sciences sociales en même temps qu’elles les définissent depuis la fin du XIXe siècle, ce moment historique où Emile Durkheim tenta de dénaturaliser la connaissance du monde social avec un livre clé Le Suicide, paru en 1897. Depuis sa constitution comme science humaine d’excellence, la sociologie n’a pourtant jamais cessé de susciter des critiques, à la fois externes et internes, portant autant sur ses méthodes d’analyse que sur ses prétentions à éclairer les fondements des actions humaines.

Le nouveau pamphlet écrit par les sociologues Gérald Bronner et Etienne Géhin, Le Danger sociologique, prolonge de ce point de vue une très longue histoire, sans renouveler vraiment ses enjeux, puisqu’il s’attarde sur la querelle ritualisée entre les tenants du déterminisme social et ceux qui défendent l’idée d’une autonomie individuelle.

La vieille querelle entre Durkheim et Weber

De manière caricaturale, cette opposition classique entre le holisme et l’individualisme méthodologique est ici remise en jeu, ce qui confère aux lecteurs vaguement expérimentés l’étrange impression de réentendre les arguments qui divisent depuis toujours, comme une éternelle guerre de tranchées, les divers bataillons de sociologues irréconciliables. Toutes les générations d’étudiants en sociologie depuis au moins quarante ans ont été biberonnées à cette querelle entre Durkheim et Weber, entre le déterminisme social et les affinités électives, entre le holisme et l’individualisme.

Comme si cette ligne de séparation restait aussi tenace, alors même qu’elle a pourtant été dépassée par les sociologues contemporains dans leur ensemble, lucides sur le fait qu’on peut associer Durkheim et Weber dans une même enquête, quels que soient les dosages que chacun fait entre deux modes d’approche distincts et complémentaires. L’un n’exclut évidemment pas l’autre ; toute la sociologie d’aujourd’hui a intégré les intuitions décisives des deux pères de la discipline.

Pour autant, par-delà ce constat d’une absence d’enjeu vraiment inédit, on peut au moins reconnaitre au livre de Bronner et Géhin le mérite de constituer un symptôme éclairant d’une ambiance délétère, anti-sociologique, anti-progressiste, qui caractérise notre moment présent. Il suffit de prendre la mesure des attaques répétées dont la sociologie est l’objet depuis plusieurs années pour voir dans cette nouvelle charge l’indice d’une hargne tenace. De Philippe Val et sa féroce attaque contre le “sociologisme” à Manuel Valls et sa fameuse phrase “expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser“, jusqu’à la querelle récente autour du livre de Nathalie Heinich sur les valeurs, jugé réactionnaire par quelques collègues, le débat public semble pour le moins tendu dès qu’on parle de sociologie. Se déchirant en son sein, se faisant insulter en dehors d’elle, la discipline bat de l’aile. Exemple édifiant de cette volonté d’éradication des sciences sociales : au Japon, le ministre de l’Education invitait récemment à interrompre l’enseignement de la sociologie afin de favoriser les disciplines qui servent mieux les besoins de la société.

Un discrédit généralisé

On pourrait certes voir dans ce discrédit généralisé le signe d’une crise intellectuelle de la sociologie en général, dont beaucoup de productions échouent à stimuler intensément la réflexion sur la société aujourd’hui. Dans un bel essai paru récemment, Socialisme et sociologie (Ehess), Bruno Karsenti et Cyril Lemieux soulignaient que les sciences sociales échouent à reconnaître “la perspective qui justifie leur démarche commune et leur fonction sociale”, en notant que la majorité des sociologues rejettent désormais les principes qui ont fait naître leur discipline, comme l’historicisation du lien entre Etat et justice sociale ou la démocratisation de l’Etat. Mais, par-delà la crise structurelle de la sociologie comme discipline, liée à la crise du socialisme selon Karsenti et Lemieux, le pamphlet de Bronner et Géhin traduit surtout la vigueur d’une querelle autant politique qu’épistémologique au cœur de la discipline, mais aussi au cœur de la société dans son ensemble.

A rebours des théories du déterminisme social, postulant que les individus ignorent les vraies raisons de leurs actions sociales, puisque celles-ci sont causées par les dispositions incorporés au cours de leur socialisation sous forme d’habitus dont ils n’ont pas conscience, les auteurs estiment que “les progrès de la neurobiologie et des sciences cognitives ne permettent plus aux sociologues de tout ignorer des ressources d’un organe qui est le moyen de la pensée, de l’intelligence, de l’inventivité, du choix, et par là, d’un certain libre-arbitre”.

Bourdieu comme cible

Pour eux, on ne peut pas expliquer un fait social sans comprendre les raisons des actions dont il est le produit. Alors que la sociologie (sur)déterministe décrit l’acteur social comme un être dont les conduites s’expliquent par les structures cachées, la sociologie analytique (de Weber à Boudon), dont ils se réclament, “n’a pas la faiblesse d’ignorer ce qui se passe dans la tête des acteurs sociaux”.

Evidemment, sans surprise, la cible privilégiée des pamphlétaires est à nouveau Pierre Bourdieu, auquel il est reproché ses “dogmes”, comme celui qui prescrit aux sociologues de se couper du sens commun en opposant à la sociologie spontanée “la résistance organisée d’une théorie de la connaissance du social dont les principes contredisent point par point les présupposés de la philosophie première du social“.

Pour Bronner et Géhin, la sociologie bourdieusienne, héritée de Durkheim, “dérive du côté de l’idéologie parce qu’elle fait d’une idée vraie dans certaines conditions une idée inconditionnellement vraie”. Le danger sociologique se joue selon eux dans cette manière qu’auraient les sociologues déterministes de définir l’acteur social moins comme un acteur que comme un agent dont les actions sont des comportements bien plus que des conduites, “attendu que celles-ci sont le plus souvent à l’insu de leur auteur les effets des forces sociales qui s’exercent sur lui”.

Contre cette idée des contraintes intériorisées, contre cette volonté de dénaturaliser le monde social, Bronner et Géhin préfèrent s’éloigner des fondements mêmes de leur discipline pour mettre en avant les “progrès des neurosciences et de l’imagerie cérébrale”. “La simple observation de notre vie mentale montre qu’elle s’accompagne à chaque instant de rétro-jugements qui nous permettent de revenir sur une ligne de décision, d’action ou même d’attention”, observent-ils, convaincus que la plasticité intellectuelle, le pouvoir de mettre en sourdine certaines routines, d’en choisir d’autres, et de revenir sur un raisonnement ou sur une préférence, change tout dans la manière d’interpréter les faits sociaux.

Directement ciblé dans le livre, le sociologue Geoffroy de Lagasnerie a réagi en estimant que le geste de Bronner et Géhin était déjà “connu”. “C'est le même que celui qui est accompli contre la pensée structurale (Lévi-Strauss), la théorie critique (Foucault) et la sociologie de la domination (Bourdieu) au nom d'une idéologie du sujet et de l'acteur depuis 40 ans”, écrit-il sur son blog.

Retournant l’argument des deux auteurs, selon lequel la science vaut mieux que l’idéologie, Lagasnerie dénonce un “travestissement total du sens des mots” : “Comment peut-on associer l'idée de causalité et de déterminisme à l'idéologie et l'opposer à la science alors que l'idée même de science suppose les notions de causalité et de détermination ? Comment peut-on présenter comme un danger pour la sociologie la démarche qui adhère à l’idée d’entité collective, de fait social, de structures, etc., alors que ces notions forment la base de l'idée même de sociologie ?”

Pour l’auteur de Juger et de Penser dans un monde mauvais, “le refus de l'objectivation des structures sociales inconscientes qui s'emparent de nous et nous déterminent à être ce que nous sommes immunisent celles-ci contre la critique et empêchent toute action transformatrice de ce qui est”. A cette réaction implacable de Geoffroy de Lagasnerie, il est probable que d’autres sociologues vont prochainement densifier le débat, sachant le livre invite forcément à la réactivation d’une querelle ritualisée.

Si celle-ci renvoie, comme on l’a dit, à des positions fondatrices de la sociologie elle-même, elle prend aussi une tournure plus contemporaine, en ce qu’elle reflète des divisions politiques profondes. Ce qui se joue dans cette querelle épistémologique, c’est aussi la question de savoir si le savoir sociologique peut résister à l’opération de dépolitisation dont il est l’objet dans le cadre d’une idéologie conservatrice de plus en plus présente.

L’argument de la  neutralité axiologique (Weber) autorise-t-il à s’extraire de la volonté de transformer la société, par le biais de la connaissance du monde social ? C’est par les modes de questionnement, plus que par les questions ou les descriptions neutres, que la sociologie peut être à la fois une pratique de connaissance et une pratique déstabilisatrice de l’ordre social violent.

A cette exigence, Bronner et Géhin ne veulent pas se tenir, parce qu’ils n’y croient pas. Le danger est pour eux ce que le combat est pour d’autres. Plutôt que l’échec à penser le monde social à cause d’un trop plein d’idéologie, le vrai danger sociologique ne réside-t-il pas au fond dans la part de scandale qu’il induit, en dénaturalisant le monde social et en déconstruisant les opinions reçues ? La guerre, déclarée depuis longtemps, n’est pas prête de s’achever au cœur du champ fracturé de la sociologie.

Après “Le Principe démocratie”, Albert Ogien et Sandra Laugier analysent dans un nouvel essai les formes diverses de “L’Antidémocratie”. Une pensée multiple, associée au populisme, qui rejette la démocratie au nom du peuple trahi, portée autant par ceux qui aspirent à son abolition que par ceux qui visent son extension.

Les critiques répétées depuis quelques décennies contre la démocratie – imparfaite, bloquée, élitiste, inégalitaire… – forment l’indice d’un malaise politique contemporain, derrière lequel se déploie l’idée d’un peuple trahi par le système représentatif et nostalgique de sa souveraineté perdue. Ce rejet de la forme démocratique au nom du peuple amer nourrit tous les populismes d’aujourd’hui. La désaffection actuelle pour la démocratie reflète ainsi l’accroissement d’un sentiment diffus : celui qu’ont les personnes d’être dépossédées du droit de décider par et pour elles-mêmes de la manière dont les questions qui les concernent sont traitées.

Mais, plus encore que le populisme, concept politique un peu trop flou et élastique pour être suffisamment opérant, cette répulsion dont la démocratie fait l’objet, a simplement un mot qui la résume et la condense : “l’antidémocratie”. Un mot qui a le mérite de la clarté, même s’il cache lui aussi des réalités diverses, voire opposées. Car le sentiment de dépossession démocratique est à géométrie variable.

C’est l’hypothèse conceptuelle que posent dans leur essai éclairant, Antidémocratie, le sociologue Albert Ogien et la philosophe Sandra Laugier, qui confient que leur réflexion est née d’une irritation face à cette facilité de langage qui conduit à ranger sous le terme unique de populisme un ensemble pourtant disparate de prises de position. En bons disciples de Wittgenstein qu’ils sont, penser reste pour eux une opération qui consiste à percevoir et faire des différences. Leur précédent essai, remarquable, paru en 2014 Le Principe démocratie, distinguait déjà deux niveaux constitutifs de la démocratie, tel un concept à deux faces : “un régime politique, fondé sur la séparation des pouvoirs, l’élection, le respect des libertés individuelles“, mais aussi “une forme de vie, conçue comme un ordre de relations sociales, délivré de toute domination, fondé sur le respect inconditionnel de l’égalité de tous et toutes dans toutes les sphères de la vie sociale“.

Leur nouvelle enquête conceptuelle objective la dynamique actuelle portant précisément sur la critique de ces deux principes essentiels – un régime politique, une forme de vie. L’intelligence de leur réflexion tient à la distinction qu’ils font entre deux modes de critique qui font pourtant souvent l’objet d’une confusion dans les esprits. Il existe bien au cœur de la pensée antidémocratique deux types de discours différenciés, “interne et externe”. Une critique interne “exige la pleine réalisation de toutes les promesses de justice et de dignité que porte le principe démocratie“ ; une critique externe, “tirant argument de ces insatisfactions, réclame son abolition pour en finir avec l’illusoire aspiration à l’égalité et à l’autonomie auxquels cet idéal fait rêver“.

Le livre s’inscrit dans cette opposition structurale, nécessaire à appréhender pour mieux définir un élargissement de la démocratie elle-même ; une démocratie qui n’a jamais pleinement existé, d’une certaine manière, puisque par définition, elle appelle toujours à son approfondissement, puisqu’elle est toujours inachevée. C’est son inachèvement principiel qui à la fois la contredit, partiellement, et la définit, pleinement.

De quoi le mot “Dégage” est-il le symptôme ?

Pour comprendre ce qui nourrit les discours antidémocratiques, Ogien et Laugier consignent les multiples motifs de la colère d’aujourd’hui, qui s’entremêlent, sans aucune logique cohérente : dérives de l’individualisme, excès de l’égalitarisme, déclin de l’autorité, arasement des valeurs, massification des goûts, érosion de la liberté, fin de la culture, mort des nations, suicide de la civilisation, démantèlement des solidarités, apathie des populations… Dans cette cohorte d’insatisfaits, “il arrive aux ennemis de la démocratie et aux partisans de sa radicalisation de scander les mêmes mots d’ordre”, comme le fameux “Dégage“. Mais de quoi le mot “Dégage” est-il le symptôme ? Surtout pas d’une même conception de la démocratie ; et c’est bien là le problème que soulève brillamment le livre.

“Rien ne permet de classer sous une même rubrique des discours qui entonnent des plaidoyers enflammés pour la restriction de la souveraineté nationale, ceux qui dénoncent l’arrogance des élites de pouvoir pour rendre leur voix à la masse des inaudibles, ceux qui justifient les menées totalitaires de dirigeants qui réduisent les libertés individuelles et collectives, ceux qui défendent la clôture des frontières ; ou encore ceux qui en appellent au rejet des politiques néolibérales, ceux qui répudient le système capitaliste et l’emprise de la finance sur les formes de vie…“ Si d’un côté, on revendique la force de l’autorité, on valorise, de l’autre, le souci de l’autonomie.

Comme le faisait déjà, à sa manière, en 2005 le philosophe Jacques Rancière dans son livre La Haine de la démocratie, Ogien et Laugier observent que sous le même mot d’ordre – “rendre le pouvoir au peuple“ –, certains revendiquent “l’avènement“ d’une démocratie réelle, quand d’autres en appellent à son “abolition“, tout simplement. Cette ambivalence, propre à la fois à la démocratie et à l’antidémocratie, traverse la réflexion dans son ensemble. En effet, une grande confusion actuelle procède de “ce double registre de la critique de la démocratie“ incorporant autant son extension et que son effacement.

L’intelligence collective plutôt que les passions

Mal à l’aise par exemple avec la notion de “populisme de gauche” théorisée par Chantal Mouffe, les auteurs dénoncent le manque de discernement général en ce qu’il contribue à “banaliser des programmes réactionnaires ou à tonalité ouvertement fasciste qui, feignant de parler au nom du peuple, visent l’abrogation de la démocratie”. Il n’y a pas, selon eux, de populisme de gauche, au nom de leur idée que “devrait être considéré comme de gauche toute démarche politique qui table sur l’intelligence collective plutôt que sur les passions”. Or, la stratégie de la passion porte toujours en elle des éléments de pensée antidémocratique. Elle “laisse accroire qu’il y aurait une vérité en matière politique à découvrir dans les tréfonds du peuple” ; elle fixe aussi l’idée selon laquelle l’activité politique est le monopole des chefs ; elle exclut surtout du débat public “la conception ordinaire du politique qu’exprime tout individu qui vit dans une collectivité organisée”. Attentif aux débats sur la souveraineté nationale et la souveraineté populaire, à la question du populisme et du populaire, à la dynamique renouvelée des mouvements sociaux depuis les années 1990…, le livre d’Albert Ogien et Sandra Laugier prend la peine de faire à la fois l’analyse et la critique du mot populisme dans le but avoué de “continuer à démocratiser la démocratie, identifier et démonter l’antidémocratie“.

Ce qui ressort (se dégage, si l’on peut dire) du livre, riche, précis, documenté, c’est bien cette critique de l’antidémocratie comme “mode de pensée qui conduit à se défier a priori des citoyens ordinaires et à considérer que l’idée de vouloir leur confier la direction des affaires publiques est insensée parce que ces gens ne sauraient comment l’exercer et plongeraient immanquablement la société qui ferait le choix de cette aventure dans le chaos“. Contre le principe qui anime fondamentalement la démocratie – l’égalité absolue de chacun -, l’antidémocratie nomme tout ce qui s’oppose à la mise en application de ce principe. Alors que la pensée antidémocratique crée “une asymétrie épistémique entre des personnes qui se posent en détentrices d’une vérité, voire des critères de la vérité, et d’une compétence, au nom desquelles elles s’instituent en guides d’une population tenue pour incapable d’avoir un point de vue réfléchi, autonome et légitime“, la pensée démocratique vise à contrecarrer les préjugés qui empêchent de faire confiance aux citoyens.

Ce que démontrent les auteurs, c’est que les fragiles tentatives de radicalisation de la démocratie d’aujourd’hui, telles que les multiples mouvements sociaux et citoyens le donnent à voir, “s’ingénient à trouver le moyen de faire du politique l’objet même de la politique“. Sans céder à l’amertume acide des temps actuels, ni sombrer dans un optimisme béat devant la réalité du fonctionnement de nos démocraties contemporaines, Albert Ogien et Sandra Laugier s’inscrivent dans une double filiation, à la fois intellectuelle et militante, à la fois lucide et volontariste, pour laquelle la démocratie, comme régime politique et forme de vie, reste un horizon à accomplir, c’est à dire à démocratiser. Sans être facile, la tâche incombe à tous ceux pour qui la démocratie n’est pas simplement un régime légitimé par la règle de la majorité (refrain lancinant au sommet du pouvoir macroniste), mais “le fait qu’un acte politique décidé à la majorité soit également en accord avec une fin qui n’attente en pratique ni à l’égalité ni à la liberté ni à la dignité des personnes“.

Jean-Marie Durand

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