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LA FOSSILISATION DE L'EDUCATION NATIONALE : LE CAS DE CHRISTIAN FORESTIER

http://archives.polemia.com/article
LA FOSSILISATION DE L'EDUCATION NATIONALE : LE CAS DE CHRISTIAN FORESTIER

Parmi les nombreuses causes du naufrage de l'Education nationale, il en est une qui revient souvent : sa prise en otage permanente par une caste bureaucratique, qui s'entiche certes régulièrement de « nouveautés » mais reste définitivement rétive à toute réforme de fond.

Au sein de cette haute administration qui fait réellement - contrairement aux ministres - la politique et le quotidien de l'Education nationale, il est un parcours symptomatique, par sa durée, de la fossilisation de l'institution : c'est celui de Christian Forestier.

Qui est Christian Forestier ? Inconnu du grand public que constituent les parents d'élèves et même la piétaille des profs, c'est un « personnage insubmersible » qui hante les plus hautes sphères de la Rue de Grenelle depuis plus de 20 ans. Actuellement président du Haut Conseil de l'évaluation de l'école (HCEE), il a eu notamment en charge d'établir le bilan critique d'une politique qu'il n'a pas peu contribué à mettre en œuvre. C'est dire l'aspect kafkaïen d'une administration qui ne tourne plus que pour elle-même, en vase clos, sans jamais s'ouvrir réellement vers l'extérieur du sérail - et se révélant donc incapable de s'adapter aux profondes mutations imposées par l'évolution de la société.

Christian Forestier est avant tout un militant de gauche : son parcours, spectaculaire, confirme d'ailleurs l'imprégnation de l'Education nationale, pendant des décennies, par les idées et les clans de la gauche française. Professeur dans un lycée technique à la fin des années 1960, puis enseignant en institut universitaire de technologie (IUT), il devient président de l'université de Saint-Etienne (Loire) en 1978, à l'âge de 34 ans. À peine trois ans plus tard, en 1981, il fait partie de la vague de recteurs nommés par François Mitterrand immédiatement après son élection et devient ainsi « le plus jeune recteur de France », affecté dans l'académie de Reims.

Ce militant proche de Laurent Fabius, ne quitte plus, dès lors, le cercle des hommes de pouvoir de l'Education nationale. Après Reims, il devint recteur à Dijon en 1983, à nouveau recteur à Dijon en 1983, inspecteur général en 1986, à nouveau recteur en 1989, directeur des lycées et collèges en 1992, directeur de l'enseignement supérieur en 1995, recteur de Versailles en 1998 et enfin directeur de cabinet de Jack Lang en 2000.

L'homme résiste à l'alternance droite-gauche : François Bayrou, notamment, choisit de le garder comme directeur d'administration centrale pendant toute la durée de son mandat (1993/95).
On pourrait croire enfin à sa « placardisation » au moment de l'arrivée de Jean-Pierre Raffarin à Matignon : entre mai 2002 et janvier 2003, il n'obtient en effet aucune charge, mais est quand même pressenti pour plusieurs hautes fonctions, comme la présidence de l'Etablissement public de la Villette ou celle du Conservatoire national des arts et métiers.
Mais non : il finit par retrouver un poste au cœur de l'éducation nationale, en février 2003, à la présidence du Haut Conseil de l'évaluation de l'école…

Pour changer de politique, il fait d'abord changer les hommes. Ceux en charge de la définir, comme le comprennent parfaitement les électeurs ; mais aussi et surtout, dans un pays sur-administré comme la France, ceux en charge de la transcrire en faits, de la conduire dans la réalité, au quotidien.
Le maintien de Christian Forestier aux plus hauts postes de la première administration française - y compris par un gouvernement tout pétri de l'urgence des réformes (et donc des nécessaires ruptures) comme s'affiche celui de Raffarin - est révélateur des disfonctionnements de notre système politique.
Car c'est par ce type d'exemples que l'on comprend la pesanteur de ce système, et l'incapacité, de leur propre chef, des gouvernants de gauche et surtout de droite à se distinguer et à innover. Entretenant ainsi in fine le profond désenchantement du corps électoral, et au-delà du corps social tout entier, à l'égard du politique. Avec les risques que l'on peut aisément percevoir…

« L'avenir de l'école » passe d'abord et in fine par une profonde réforme du ministère de l'Education nationale.

H.H.
15/11/2003
© POLEMIA

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