L’affaire Dieudonné-Confiant de juin 2005 est révélatrice d’une ambiguïté dans le discours de la créolité à la Martinique : d’un côté, la volonté d’assumer entièrement l’éventail des différents composants ethniques de son passé (et non seulement l’héritage africain de la négritude) ; d’un autre côté, la non-reconnaissance de son constituant juif rétabli en son sein. De l’Ancien Régime jusqu’à l’installation de l’Association Cultuelle Israélite de la Martinique (A.C.I.M.) dans les années 1970, les Juifs ont vécu le refuge, l’expulsion, la persécution, et le renouveau. L’attitude à l’égard du Juif dans la société martiniquaise contemporaine est mitigée, allant de la critique acerbe liée aux intifadas à la sympathie de certains comme Aimé Césaire. Tant que la Martinique ne considérera pas la communauté juive comme une couche intégrante de son multiculturalisme identitaire, tant que les Juifs eux-mêmes ne surmonteront pas leur réticence à assumer la réalité de leur présence géographique, la créolité martiniquaise tant claironnée restera incomplète.
Source : https://plc.revues.org/823