Ce jeudi 30 septembre, la Cour d'Appel de Fort-de-France a donc rendu son verdict s'agissant de notre demande de sursis à exécution des dommages et intérêts exorbitants (33.000 euros) qui ont été infligés à notre site-web MONTRAY KREYOL suite à divers procès intentés contre nous par Kinvi LOGOSSAH, ex-directeur-adjoint du CEREGMIA, radié de l'Université et révoqué à vie de la fonction publique il y aura bientôt cinq ans.
Notre demande a été rejetée et nous en prenons acte.
Il convient toutefois de retenir plusieurs choses importantes dans cette affaire :
__MONTRAY KREYOL n'a pas été condamné pour "diffamation" c'est-à-dire pour mensonge sur autrui, mais bien pour "atteinte à la présomption d'innocence". En effet, bien que radiés de l'université et révoqués à vie de la fonction publique (condamnation confirmée par le Conseil d'Etat devant lequel K. LOGOSSAH et ses deux comparses avaient fait appel), la justice française n'a toujours pas jugé bon, 5 ans après, de juger au pénal les mis en cause dans le scandale du CEREGMIA. Pire : leur affaire a été délocalisée au Tribunal de Paris sans raison valable et personne n'en entend plus parler. Il y a donc gros à parier qu'elle y sera enterrée. Tout comme pour les scandales du Crédit Martiniquais, du chlordécone, de la SODEM etc... K. LOGOSSAH et ses amis sont donc, aux yeux de la loi, considérés comme "présumés innocents" et en droit de poursuivre toute personne ou média qui évoque le scandale du CEREGMIA (12 millions d'euros volatilisés dans la comptabilité de l'Université des Antilles). Et de les faire condamner ! Ce faisant, la justice en climat tropical donne une nouvelle preuve de sa créativité juridique : elle a inventé "la présomption d'innocence à vie".
__En 14 ans, d'existence, MONTRAY KREYOL n'a jamais été condamné pour diffamation.
__MONTRAY KREYOL est et a toujours été un site-Internet entièrement bénévole. Ni son directeur de publication ni ceux qui y publient régulièrement des articles n'ont jamais été rémunérés. D'autre part, pour pouvoir garder les mains entièrement libres, notre site n'a jamais recouru à la publicité comme le font les autres sites mais a organisé, à compter de sa 10è année d'existence, des "sousou" (tontines) lui permettant de couvrir une partie des frais liés au fonctionnement de tout site-Internet. Nous en profitons pour remercier les 148 personnes qui ont eu le courage de nous aider et d'adhérer à l'AAMK (Association des Amis de Montray Kréyol). Personnes de partout à travers le monde : Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion, France, île Maurice, Sainte-Lucie, Japon, Haïti, Belgique, Pologne, Brésil, République Dominicaine, Angleterre, Suisse etc...
__MONTRAY KREYOL est un site qui a toujours été ouvert à toutes les sensibilités politiques, syndicales, sociales, culturelles et autres, publiant régulièrement des textes allant de la Droite départementaliste à l'extrême-gauche indépendantiste en passant par toutes les sensibilités du spectre socio-politique non seulement martiniquais, mais aussi guadeloupéen, guyanais, réunionnais etc... tout autant que de notre Caraïbe, de la France et l'Europe ainsi que de tous les pays du monde. C'est, par exemple, le seul site qui publiait chaque semaine des articles sur différents pays d'Afrique noire.
__MONTRAY KREYOL était le seul site antillais à publier des articles entièrement en langue créole, ses confrères se contentant de titres d'article dans cette dernière ou de courtes expressions insérées dans leurs articles en français. Toutefois, il utilisait aussi le français, l'anglais, l'espagnol, l'arabe etc..., sans oublier les langues dites "régionales" (catalan, corse, breton, occitan et autres). Cette condamnation est par conséquent un coup porté à toutes celles et tous ceux qui, depuis quatre décennies, se battent pour faire accéder le créole à la dignité de l'écrit.
En étouffant, sa voix, cet espace d'expression démocratique par le biais de dommages et intérêts absolument exorbitants (33.000 euros, du jamais vu pour une condamnation de presse !), la justice française démontre, si besoin, en était, qu'elle n'a aucune considération pour celles et ceux qui, en Martinique, privilégient le débat, la confrontation d'idées, le pluralisme idéologique et le dialogue. Qu'elle ne vienne donc pas se plaindre après d'avoir à juger ceux qui préfèrent des méthodes plus musclées !
Alé-a sé ta zot, viré-a sé ta nou !
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