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La Bannzil Attitude

La Bannzil Attitude

Edward Carrington, secrétaire en exercice du Caricom est récemment passé en Guadeloupe, histoire de nous rappeler que nous bavardons beaucoup sur la Caraïbe, mais que dans les faits il ne passe pas grand-chose.
Sauf à l’occasion de matches de foot généreusement sponsorisés par une marque de téléphone, la Caraïbe n’est pas vraiment (encore) notre tasse de .thé D’ailleurs quand je regarde la carte des Caraïbes il m’est difficile de ne pas m‘apercevoir qu’il existe plusieurs « Caraïbes »

{{1°/ l’anglais en net recul.}}

la vingtaine d’ îles » anglophones » ne constitue qu’un faible pourcentage de la population caribéenne. C’est la Jamaïque avec 2.7 millions d’habitants qui est la plus peuplée. La langue anglaise la mieux répartie géographiquement n’est pas la plus utilisée.

{{
2°/la domination de l’espagnol.}}

Les grandes îles que sont Cuba , la République Dominicaine, et Porto Rico, totalisent plus de 22 millions de locuteurs et font de l’espagnol le principal idiome de l’Arc Caraïbe.

{{3°/ le néerlandais stagne.}}

Quelques autres îles telles Aruba, Bonaire, Curaçao ou Sint Marteen, Eustatia, Saba sont « néerlandophones», mais l’Anglais et parfois l’Espagnol sont très usités, avec le papiamento.

{{4/° l’expansion du créole haïtien.}}

Restent les petites îles créolophones : Guadeloupe, Martinique, Ste Lucie, Dominique. A peine I million de créolophones dans ce « carré » auxquels viennent s’ajouter les 8 millions d’haïtiens : le créole est donc avant le français, et l’anglais le deuxième langue de communication et la première langue « indigène » de Notre Caraïbe .

Pourtant cette présence du créole dans la caraïbe est loin de conférer à cette langue le statut et la visibilité souhaités..
Il faut de plus souligner que cette « expansion « du créole est très étroitement liée à l’extrême gravité de la situation économique et politique d’Haïti.

Ainsi donc aussi bien dans les îles (créolophones ou non) , que sur le continent américain ( Guyanes, Etats -Unis, Canada) le créole haïtien à fait une importante « percée » . Cela sous entend qu’aujourd’hui, des « poches » de créoles se retrouvent ainsi disséminées un peu partout dans la zone Caraibe. Ce bond « quantitatif », est un vecteur objectif de développement du créole à base lexicale française.
Sur le continent Etatsunien, à Miami, à Boston,ou New York, là ou « vivent « des haïtiens, des radios émettent en créole.Des journaux utilisent en créole. Sur la toile, les sites créoles haïtiens sont de plus en plus nombreux Il n’est pas erroné de penser que la culture créole marque malgré une présence de plus en forte, hors d’Haïti.

Dans le « carré « des petites îles créolophones, la situation est autrement différente.
C’est un mouvement inverse qui s’opère. Si l’on prend le cas de l’île de la Dominique, de par sa proximité avec la Guadeloupe, les échanges fréquents ont lieu dès l’époque amérindienne. Ils se sont poursuivis pendant l’époque coloniale.
Une relative poussée migratoire vers la Guadeloupe, a suivi le cyclone David en I979 Mais bien avant, de nombreux groupes musicaux, dont le plus célèbre demeure {Exile One}, un nom qui en dit long, avaient essaimé en Guadeloupe : {Gramacks, Liquid Ice, Midnights Grovers, Bells Combo, Bill o men}. C’est d’ailleurs de la rencontre des rythmes haitiens, dominicais et Guadeloupéens, que naîtra dés le milieu des années 70, la cadence-lypso. Les musiciens Guadeloupéens eux mêmes fortement influencés par le Compas haitiens et la cadence rampa inventeront un avatar la cadence.. En fait, on s’aperçoit que cette intégration est fortement influencée par l’apport musical.

Ces « petites » Caraïbes créolophones forment donc de facto une communauté géographique humaine, linguistique et culturelle, même si cela ne se traduit jamais pas une revendication politique régionale Il y a bien eu quelques « pionniers » tel le Guadeloupéen Rémi Nainsouta, qui parlent déjà d’une « féération » de la Caraibe, mais cela reste sans veritable traduction dans le reel . l’obstacle majeur est et demeure la question du statut politique des dernières colonies françaises de la Caraibe ( DCFC).

Quand à la fin des années 70 , la Dominique (1978) et Ste Lucie (1979) obtiennent leur indépendance de la Grande Bretagne, les partis de « gauche « de nos pays en sont au stade de « l’après programme commun de la gauche française. ». Même si en Guadeloupe l’UPLG ,et en Martinique le MIM se positionnent, la question de l’independance de ces deux iles est loin d’etre résolue il est donc difficile d’affirmer que sur le plan politique et économique les îles créolophones forment déjà une vraie entité.
Quels sont les obstacles qui empêchent aux DCFC du XXIe siècle, de développer des liens économiques et politiques culturels avec cet ensemble potentiellement fédératif ?

{{Qu’avons-nous à perdre ?}}

Nous l’avons dit nos musiques, nos radios sont écoutées dans ces îles,nos peuples ont depuis des décennies, voire des siècles, pris l’habitude de se fréquenter, de « bokanter » leurs expériences. L’histoire de la lutte, contre l’esclavage en Guadeloupe, est riche de cette solidarité entre Dominique, Martinique, Ste Lucie. Les patriotes guadeloupéens, n’oublient pas que l’un des héros et martyr de la guerre anti-esclavagiste et anti-française de 1802, Louis Delgrès était natif de St Pierre .

Massoteau, un autre illustre combattant de la même époque, serait né à la Dominique ou à St Thomas. Enfin, fuyant la féroce répression napoléonienne de l’après mai 1802, des centaines de combattants guadeloupéens sont allés grossir les troupes révolutionnaires de Toussaint-Louverture en Haïti...

Nos arrière pères esclaves avaient déjà compris que nous étions chacune de ces îles, l’une pour l’autre, des bases de repli. Mais il est urgent dès maintenant de dépasser tout cela, en se préparant à construire l’unité de cette « petite » Caraïbe créolophone...
Pour cela, il faut intensifier les échanges culturels, lancer des micros expériences, développer cette conscience caraïbe dans tous les domaines.

Face à la mondialisation occidentale, notre réponse à nous caribéens créolophones, {{c’est une Bannzil Attitude}}.

Chercheurs en sciences sociales, linguistes, historiens, mais aussi experts, économistes, journalistes se doivent de participer à une réflexion sur cette Caraïbe Créole.

Il a souvent été dit que la construction de la Caraïbe souffrait en premier lieu des barrières linguistiques. Les états que sont Ste Lucie et le Dominique sont aussi créolophones ? Cette langue véritable ciment naturel dans cette zone, facilite les contacts. Quand Dominicais ou Ste Luciens ont du mal à se faire comprendre des « frenchies » que nous sommes, c’est souvent le créole , la langue-secours.. Depuis 1983, époque déjà ancienne de la naissance de l’espoir Bannzil kréyol l’élan semble avoir été brisé. Il faut repartir.
Faudra t'il attendre les indépendances de la Guadeloupe et de la Martinique pour se remettre à travailler ensemble. La construction de la Grande Caraïbe, devrait se concevoir à partir de ce premier « espace créole » que ce sont ces îles créolophones. C’est un passage obligé. .Ainsi Ste Lucie et Dominique pourraient être demain nos « ambassadeurs » auprés des autres états anglophones, hispanophones. Il paraît évident que cette « Bannzil Attitude » est sur le plan identitaire et culturel une dimension supplémentaire. Une porte ouverte pour le créole à la fois langue et concept d’une autre Caraïbe.

Est-il aujourd’hui seulement pensable qu’à une session du Caricom, le créole puisse être utilisé comme outil de travail. Peut-on développer l’enseignement du créole en dehors de l’espace « créole » ? Cela paraît utopique, tellement, les langues européennes marquent nos territoires.
Et pourtant, cette « expansion » forcée du créole haïtien, est porteuse d’espoirs pour les créoles. La migration des locuteurs créoles oblige à la création d’infrastructures d’accueil ou de communication: écoles, cours d’alphabétisation, journaux, affiches annonces publicitaires…,

La Bannzil Attitude est donc un nouvel d’état d’esprit des créolophones. Mais il revient aux guadeloupéens et martiniquais, d’être les porteurs de cette démarche. Au -delà, du travail pédagogique et universitaire, il importe que
nous prenions en charge l’avancée de ce travail fédérateur. Nous ne pouvons plus ignorer nos voisins immédiats.
Comme Haïti plus tard ,ils sont pour nous une chance de faire du créole un vrai outil d’une politique de développement et d’intégration.

{{La construction de la Caraïbe ne peut plus être un vœu pieux, une parole en l’air, une initiative laissée au gouvernement français…}}

{{Danik I . Zandwonis}}

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