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Kevin Doure, le «Pablo Escobar français», devant la justice

Kevin Doure, le «Pablo Escobar français», devant la justice

Kevin Doure a à peine plus de trente ans. Mais il négocie la cocaïne à la tonne. Son procès s’ouvre ce lundi matin à Fort-de-France (Martinique).

Il est considéré comme l’un des plus grands trafiquants de cocaïne français, si ce n’est le numéro 1. Doté d’un patrimoine que la justice estime « de l’ordre de plusieurs millions d’euros », Kevin Doure, interpellé en octobre 2013, jonglait du temps de sa splendeur avec les tonnes de poudre de blanche et les transactions financières à six chiffres. Le réseau, dont ce natif de Fort-de-France (Martinique) est accusé d’être le boss incontesté, était capable de « répondre en quelques heures à une commande de plusieurs centaines de kilogrammes », souligne l’ordonnance de mise en accusation.

Cette dernière le renvoie, ainsi que neuf complices présumés, devant la cour d’assises spécialement composée de Martinique. Dans leur très grande majorité, les accusés contestent les faits. Le procès débute ce lundi.

Il croque son téléphone et l’écrase à coups de pied

Les investigations des policiers de l’office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS) ont mis à jour le fonctionnement parfaitement huilé de cette multinationale de la blanche. Notamment en perçant le secret des échanges via la messagerie BlackBerry messenger (BBM). Preuve de l’importance de ces conversations, lors de sa garde à vue, Kevin Doure s’est jeté sur l’un des appareils saisis à son domicile, avant de le croquer puis de l’écraser à coups de pied, malgré l’intervention des policiers. Les données n’ont pas pu être exploitées. « Les informations sur les BBM n’ont pas été récoltées dans des conditions juridiques satisfaisantes », plaide Me Yassine Yakouti, l’avocat d’un des accusés.

Kevin Doure, alias « Tony » sur son BlackBerry, travaillait en étroite collaboration avec des intermédiaires vénézuéliens, chargés de se procurer la drogue en Colombie. Trois ressortissants de ce pays d’Amérique latine sont aussi visés par l’ordonnance, dont deux en cavale. Des rencontres très régulières avaient lieu entre le boss et ses partenaires à Paris. En octobre 2013, l’un de ces intermédiaires avait été contrôlé à l’aéroport d’Orly en possession de 335 260 euros, au lendemain d’un rendez-vous où Kevin Doure lui aurait remis 200 000 euros.

Des dockers complices des deux côtés de l’océan

Pour acheminer la cocaïne en Europe, le réseau utilisait la technique dite du « rip off », qui consiste à glisser la marchandise dans un conteneur avant son chargement. Un docker de Fort-de-France, qui a admis sa complicité en la justifiant par d’importantes difficultés financières, a été renvoyé. L’implication présumée de dockers du Havre (Normandie), à l’autre bout de la chaîne, fait l’objet d’une enquête distincte.

En Martinique, Kevin Doure se reposait sur une poignée de fidèles, pour la plupart des amis d’enfance, qui assuraient la surveillance et la gestion du stock. Mais aussi le paiement des transactions. Dans les semaines qui ont précédé les interpellations du 30 octobre 2013, les enquêteurs ont surveillé plusieurs chargements. C’est ainsi qu’ils ont saisi 493 kg de cocaïne en deux prises, l’une à Fort-de-France, l’autre au Havre.

Pour la juge d’instruction, qui évoque un réseau d’une « ampleur exceptionnelle », « il a pu être établi que Kevin Doure et ses complices ont manipulé en quelques mois plusieurs tonnes de cocaïne ». En plus des saisies réalisées, les policiers ont appris qu’il était suspecté de détenir en Martinique une maison dans laquelle était entreposée 1,2 tonne de coke. Un précieux butin, qui a fait l’objet d’une tentative de vol par une équipe concurrente. L’affaire s’est achevée devant la justice, où Kevin Doure a écopé, en première instance en 2016 puis en appel l’année suivante, de dix ans de prison.

Paradis fiscaux et Lamborghini

Interpellé le 31 octobre 2013, le jeune homme de 32 ans s’est présenté comme un homme d’affaires ayant réalisé d’importants placements financiers à l’étranger. Ce qui est factuellement vrai, ce dernier ayant investi dans des fonds d’investissement au Delaware, aux Bahamas, au Panama et aux Émirats Arabes Unis, ainsi que dans un bar à Dubaï ou dans une société à Hongkong. Même s’il a surtout fait usage de son droit au silence durant l’instruction, le Martiniquais a indiqué que sa surface financière lui permettait « largement » d’acquérir une Lamborghini à 500 000 euros.

Les avocats du trafiquant présumé s’apprêtent à mener une lourde bataille de procédure devant la cour d’assises. « J’espère que la passion déclenchée par cette affaire ne va pas empêcher la justice de juger notre client sereinement et en droit », indique Me Yves Leberquier, l’un de ses conseils.

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