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JOAQUIM CRIMA, L'"OBAMA RUSSE", EN QUETE D'UN HYPOTHETIQUE MANDAT

Karina Ioffee (AP)
JOAQUIM CRIMA, L'"OBAMA RUSSE", EN QUETE D'UN HYPOTHETIQUE MANDAT

Joaquim Crima, agriculteur d'origine africaine, va tenter de remporter un mandat local en Russie. Son initiative, très inhabituelle de la part d'un Noir dans ce pays, lui vaut déjà le surnom d'"Obama russe". Mais contrairement au président américain, ses chances de victoire sont minces, les préjugés raciaux ayant la vie dure en Russie.

Cet homme de 37 ans, natif de Guinée Bissau, s'est installé dans le sud de la Russie, où il a décroché un diplôme universitaire. Il promet de combattre la corruption et de développer sa circonscription traversée par la Volga.

"J'aime Obama en tant que personne et en tant qu'homme politique, parce qu'il a prouvé au monde ce que chacun croyait impossible. Je pense que je peux apprendre des choses de lui", commente Joaquim Crima, assis dans sa véranda ombragée de Srednyaya Akhtuba, une ville de 11.000 habitants où il vit avec son épouse Anaït, leur fils de dix ans et des lointains parents arméniens de souche.

Dans les faits, il est fortement improbable que Joaquim Crima remporte la circonscription de Srednyaya Akhtuba, non seulement parce qu'il lui manque l'expérience politique et les relations nécessaires, mais aussi parce qu'il doit faire face à la dure réalité d'être un homme noir en Russie.

"Ils sont souvent raillés dans le métro et sur les marchés", note Lydia Troncale, membre de l'aumônerie protestante de Moscou, une ONG qui travaille avec des immigrés africains.

Joaquim Crima s'entend bien avec ses concitoyens, mais par précaution, il est accompagné presque partout par son musculeux beau-frère. En décembre dernier, un étudiant noir américain avait été poignardé et grièvement blessé à Volgograd, la plus grande ville de la région, dans une attaque considérée comme raciste.

Joaquim Crima, qui est arrivé en Russie 1989, est diplômé de l'Université pédagogique d'Etat de Volgograd. Il pense pouvoir régler les problèmes de sa circonscription, où certains habitants n'ont toujours pas accès à l'eau potable. Dans les rues, qui ne sont pas pavées, on peut encore voir des chèvres brouter.

Environ 55.000 personnes vivent aujourd'hui dans les 18 villages et villes de la circonscription.

"Le dirigeant actuel de la circonscription est au pouvoir depuis dix ans, mais il n'a rien fait pour ses administrés", s'indigne Joaquim Crima. "Il y a des familles jeunes qui ont besoin de logements. Cette ville et la Russie sont prêtes au changement."

Il voulait venir en Union soviétique parce que celle-ci avait soutenu son pays, quand la Guinée Bissau est devenue indépendante en 1974. Il qualifie la Russie de "grande puissance" et admire le Premier ministre Vladimir Poutine. Il a épousé une Russe, appris à parler la langue et obtenu sa citoyenneté. Agriculteur, il emploie aujourd'hui une vingtaine de personnes.

Mais pour beaucoup de ses voisins, ce n'est pas suffisant.

"Il n'a pas vécu ce que nous avons vécu, et il n'a pas grandi avec nous. Il ne vient pas du kolkhoze", lui reproche un commerçant, Vladimir Katchenko, faisant référence aux fermes collectives russes.

Certains se moquent de ce qu'ils considèrent comme de la naïveté de sa part. Une vendeuse assure même qu'elle ne votera pas pour lui parce qu'elle ne veut pas "vivre en Afrique". Une autre dit qu'elle ne votera pas pour un "négro". Des sentiments qui sont encore assez répandus en Russie... AP

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