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JO-ANNE FERREIRA, PROFESSEUR DE LINGUISTIQUE ET CREOLISTE TRINIDADIENNE

JO-ANNE FERREIRA, PROFESSEUR DE LINGUISTIQUE ET CREOLISTE TRINIDADIENNE




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MONTRAY : Quand et pourquoi vous êtes vous intéressée au créole trinidadien à base lexicale française ?

FERREIRA  : Je me suis intéressée aux langues modernes en général lorsque j'ai commencé l'école secondaire. On a dû étudier le français et l'espagnol, et c'était le français qui m'a beaucoup plus intéressée, au tel point qu'à la fin du lycée, j'ai choisi le français et je suis allée en France pour commencer mes études universitaires. Je me souviens des vacances passées à la Martinique, que mes parents avaient organisées pendant les grandes vacances scolaires en 1980 pour nous aider à faire des progrès en français. Mais à cette époque-la, on ne savait pas grand-chose sur le créole à base lexicale française. C'est quand je me suis inscrite à l'Université de Grenoble III (Stendhal) pour poursuivre mon DEUG que j'ai pris conscience de la langue créole.

J'ai toujours su que ma grand-mère du côté maternel et sa famille parlaient créole, mais je ne l'ai jamais entendue parler parce qu'elle vivait en Angleterre. Ma mère se souvient de quelques mots, quelques expressions, quelques chansons. Mais aussi, notre langue trinidadienne (anglais et créole à base lexicale anglaise) est riche en non seulement des mots directement hérités du créole français mais aussi des traductions mot pour mot. Tout ceci, j'ai commencé à le remarquer au lycée. Mais c'était à Grenoble que je me suis rendue compte combien nous avons en commun avec les Antillais francophones et créolophones du point de vue de la langue et la culture (cuisine, musique, danses, etc.). Beaucoup plus qu'avec les Jamaïquains, les Barbadiens et les Guyanais de Guyana, par exemple.

Quelques petites choses m'ont frappée en France. Quand un Martiniquais a dit « kagou », je me suis demandée comment etait-ce qu'il savait ce mot trinidadien. Un jour, je parlais à ma soeur à voix basse, et nous avons appelé quelqu'un « mako », sauf que quelqu'un d'autre nous a entendu, à sa grande horreur. Cet ami martiniquais nous a rapidement informé que c'était vraiment impoli utiliser cette expression. Pour nous, ce n'était pas un gros mot, mais nous nous sommes souvenues que c'était considéré mal élevé à l'époque de notre enfance, mais à l'âge des jeunes adultes, le mot avait déjà perdu sa force vulgaire et péjorative (au moins à T&T, pardonnez-moi si c'est toujours vulgaire aux Antilles francophones et ailleurs). Tout cela m'a beaucoup intéressée. J'avais essayé d'apprendre un peu de créole en France, mais je n'ai passé que 18 mois là-bas, et je n'ai pas appris grand-chose.

Quand je suis rentrée définitivement, j'ai décidé continuer avec le français, et j'ai décidé de poursuivre aussi sciences du langage. Avant de m'inscrire à UWI, j'avais assisté à une conférence de la Société de Linguistique des Caraïbes ( SCL ) au campus. La communication qui a fait une très forte impression sur moi était sur le créole de Ste-Lucie, écrite par un membre de la SCL et de la SIL . J'ai essayé de relire les histoires racontées en créole pour notre doméstique de Ste Lucie et mes efforts étaient vraiment rigolos.

Finalement, j'ai poursuivi mon doctorat en linguistique (language obsolescence/linguistique sociohistorique). Mon travail principal a été sur la langue portugaise - mon héritage paternel. Il ne reste plus d'espoir quant à la révitalisation de la langue portuguaise pour les Luso-descendants (Portugais) à T&T. Je continue mes recherches sur le portugais aux Antilles, mais maintenant je m'occupe aussi de mon héritage maternel  : le créole français. Mon héritage maternel comprends aussi l'espagnol de Cuba et des Îles Canaries, mais ça c'est une autre histoire. Je m'intéresse aussi du créole parlé au Vénézuela et au Brésil. (D'ailleurs, je m'intéresse beaucoup à l'héritage et l'influence des langues latines - le portugais, le créole français, voire anglais, avec toutes ses racines françaises avant et après le moyen anglais jusqu'à la renaissance.) A vrai dire, mes sujets de recherches ont la tendance d'être très narcissiques, vraiment enracinées dans ma propre histoire familiale. C'est donc une combinaison de mon histoire et mon héritage personnels avec une passion pour les langues vivantes, surtout les langues minoritaires menacées d'extinction.

MONTRAY : D'où vient ce créole puisque Trinidad n'a jamais été une colonie française et pourquoi est-il en voie d'extinction ?

FERREIRA : Comme vous avez dit, Trinidad n'ai jamais été colonisé par les Français, mais le créole était une langue largement répandue dans toute la société trinidadienne au point de devenir la lingua franca dans cette île multilingue.

Cette situation s'est développée pendant la deuxième partie du dix-huitième siècle. Après 285 ans de colonisation espagnole, Trinidad était relativement sous-peuplé, ce qui a provoqué la dissatisfaction de la couronne espagnole. Trinidad et Vénézuela appartenaient à la Vice-royauté de Nouvelle Granada à partir de 1717. Cette viceroyauté comprenait la Colombie, Costa Rica, Ecuador, Guyana, et Panama. Depuis 1777, Trinidad est devenu une des provinces du Capitaine-Général du Vénézuela. Selon l'historien FitzRoy Baptiste, « Avant 1797–1802 [l'invasion des Anglais], Trinidad était une "Provincia de Venezuela" … le térritoire était un trou perdu dans l'empire espagnol des Amériques », ce qui présentait un problème pour le dévéloppement de l'île.

Tout ceci changera en 1783 quand Philippe-Rose Roume de St. Laurent, un Français installé à la Grenade, a réussi à obtenir le "Real Cédula para la Población y Comercio de la Isla de Trinidad de Barlovento" de la part du Roi Charles III , conçu pour rendre cette colonie espagnole plus prospère tout en encourageant des planteurs et d'autres colons. Le Cedula leur accordait des conditions de colonisation favorables, surtout aux colons catholiques prêts à prêter l'allégance au roi espagnol. De telles conditions comprenaient des terrains et une exonération fiscale. C'était la même période d'agitation sociale et politique en France et dans ses colonies. Pendant les années suivant le Cedula, des centaines de planteurs français (et catholiques) et leurs esclaves, surtout des Petites Antilles, sont venus dans cette colonie espagnole de Trinidad. En conséquence, les langues française et créole se sont installées à Trinidad.

Quand les Anglais sont arrivés en 1797, et quand les Espagnols ont finalement cédé l'île aux Anglais entre 1802 et 1803, Trinidad « semblait être une colonie française que l'Espagne a récemment acquise », selon l'historien Pierre-Gustave-Louis Borde, quoique l'espagnol ne cessât pas être la langue du gouvernement, des archives et des tribunaux durant plusieurs années dans cette nouvelle colonie britannique, presque vingt ans après l'arrivée des colons français. Le français était devenu la langue de commerce et de la haute société, et le créole était la lingua franca de la plus grande partie de la société, indépendemment de classe sociale ou des origines ethnolinguistiques.

Pour répondre à la deuxième question, la langue créole est en voie d'extinction à cause d'une situation qui a ses origines dans le mi-dixneuvième siècle. Les années 1830 à 1860 représentaient une période de l'immigration non-britannique et non-anglophone très importante ce qui allait changer Trinidad radicalement. Le gouvernement anglais, donc, a commencé à développer une politique d'anglicisation de grande envergure, selon l'historienne Bridget Brereton. Avant 1830, un groupe de colons ont activement soutenu l'introduction de lois et institutions britanniques pour Trinidad, y compris la langue, la religion et l'éducation. En première position, la nouvelle politique était dirigée contre les lois espagnoles. En deuxième lieu, pour habiliter les Anglais à dominer et à maîtriser la population variée et multilingue, la politique visait à modifier le système d'éducation et aussi à modifier les conditions de travail et de commerce. Bien sûr, l'éducation et le commerce influent sur l'ascension sociale et aussi politique.

L'élite française constituait une cible évidente pour cette politique d'anglicisation qui était élaborée pour combattre l'influence des Français créoles qui se faisait sentir un peu partout, non seulement pour les questions (socio)linguistiques, mais dans de nombreux domaines, c'est-à-dire dans toute sphère d'influence. Deux Anglais de Saint-Christophe étaient à la barre du plan d'anglicisation. Sir Henry McLeod, Gouverneur entre 1840 et 1846, et Charles William Warner, le Procureur Général de 1844 jusqu'à 1870, étaient en grande partie responsables pour la promotion de la langue anglaise, au détriment du français, surtout M. Warner. Celui-ci a été décrit par quelques contemporains comme “le Procureur Général avec le plus d'influence dans toute l'histoire de Trinidad”, “le dictateur de Trinidad,” “le mauvais génie de l'anglicisation,” et “le mauvais génie du pays.” Warner était aux commandes de la politique d'anglicisation. Selon l'historien Carl Campbell, “la passion dévorant de sa longue carrière était de donner une identité anglaise à une colonie qui était plutôt une mosaïque d'éléments culturels non-anglais…”.

C'était pendant cette période d'anglicisation que notre première grammaire du créole a été écrite par John Jacob Thomas, pour dit-on aider les nombreux étrangers qui visitaient Trinidad.

Cette politique touchait tout le monde, tout locuteur de n'importe quelle langue. En 1923, un siècle après, le français a totalement disparu, et le créole n'était plus la lingua franca puisque la majorité de la population parlait anglais ou créole anglais. Pendant les 8 dernières décennies, la langue créole a continué a lutter pour sa vie.

 

MONTRAY : Quelle place occupe l'étude du créole trinidadien à l'Université des West-Indies ?

FERREIRA : Quant à l'enseignement de la langue, nous offrons un cours de deux semestres pour les étudiants de licence. Ce cours est offert sur les trois campus, mais c'est offert à Trinidad regulièrement, chaque année , tandis que c'est irregulier aux autres campus. Le point de départ à St Augustine et à Cave Hill est plutôt le ste-lucien, et pas le trinidadien (du moins, pas encore, ce qui est étonnant). A Mona, l'accent a été mis sur l'haïtien ou le guadeloupéen, maintenant peut-être le trinidadien, à cause d'un chercheur basé là-bas . A St Augustine, c'était obligatoire, mais c'est facultatif maintenant, et par conséquence, il n'y a pas grand nombre d'inscriptions. Les étudiants qui poursuivent le cours sont les étudiants de sciences de langage, de langue française ou bien des Ste -luciens d'autres facultés qui s'intéressent à devenir alphabétisés en créole, une de leurs langues nationales. L'origine du cours est un manuel tout prêt, originellement développé par Lawrence Carrington et Albert Valdman pour le Peace Corps à Ste-Lucie. Le professeur est aussi d'origine ste-lucienne, mais dès le début ce même cours a été enseigné par deux martiniquais, Jacques Ransau de 1991 à 1995 et par Nathalie Charlery (dans la photo, à droite) jusqu'à 2005. Un des anciens étudiants enseigne le créole actuellement - c'est Nnamdi Hodge. Je parlerai de lui plus tard.

Nos conférenciers invités ont parlé sur plusieurs thèmes, y compris le créole au Brésil, à l'île Maurice, etc. Le cours comprends de petits stages à Ste-Lucie ou à la Martinique, et aussi la célébration de Jounen Kwéyòl, où on invite des résidents des villages créolophones de Trinidad à participer. Une année, Nathalie et moi, nous avons fait un atelier d'alphabétisation sur le terrain à Paramin auprès des professeurs de l'école primaire. Pour quelques-uns c'était une première que d'apprendre le créole ; pour d'autres, c'était l'occasion d'apprendre l'orthographe, etc. Un officiel du Ministre de l'Education a été présent pour la fin du cours, et on a eu son approbation, informellement parlant.

En ce qui concerne nos recherches, il y a eu plusieurs projets spéciaux faits par des étudiants de licence, sur une variété de sujets qui ont à voir avec le créole trinidadien. La plupart ont écrit sur Paramin, quelques uns sur Blanchisseuse (la liste est sur notre site de kweyol.wikispaces.com ). Au niveau du troisième cycle, on a deux étudiantes de doctorat, une Jamaïquaine à Mona qui étudie la syntaxe du trinidadien, et une Ste -lucienne à St Augustine qui recherche les droits linguistiques et la linguistique légale à Ste-Lucie, et il y a eu une Trinidadienne à Mona qui a fait son maîtrise sur des aspects sociolinguistiques du trinidadien. La Ste-lucienne à Trinidad, Sandra Evans, enseigne le cours de créole actuellement ( Montray Kreyol a un exemplaire du travail de ses étudiants, un journal écrit en créole ).

Je dirais en toute honnêteté que nous les linguistes de mon département (et de mon université) nous ne faisons pas assez pour documenter et décrire la langue (dictionnaire, grammaire, etc.), encore moins la sauver d'extinction. La plupart sont engagés dans d'autres projets. Nous avons besoin de faire des recherches sur l'index de la vitalité linguistique, la variation sociolinguistique, le créole dans le calypso, et beaucoup plus. La Faculté des Humanités et de l'Education a besoin de faire encore plus - linguistique/sciences du langage, le français et d'autres langues et littératures modernes (y compris les littératures anglophones, par exemple les oeuvres de Derek Walcott et bien d'autres ), communication, film, études culturelles, théâtre, musique, théologie, éducation, nous tous dans notre faculté (et aussi, d'autres facultés comme celle d'anthropologie et de sciences sociales, agriculture, etc.) nous pourrons nous réunir pour sauvegarder cette unique langue trinbagonienne qui a historiquement cassé toute barrière ethnique et sociale.

MONTRAY : On sait que le créole est encore parlé dans des villages tels que Paramin, Moruga ou encore Blanchisseuse. On sait aussi que certaines personnes rassemblées dans des organisations comme "Patois people are alive" ou "Annou palé patwa" ou "Vini chanté" essaient de sauver la langue, pensez-vous qu'ils pourront réussir ?

FERREIRA : C'est une question bien difficile. Personnellement, je doute que le créole puisse retourner à sa place de lingua franca avec tout sa vitalité antérieure, avec toutes nos pressions nationales. Mais il peut certainement devenir une langue d'héritage enseignée à tout niveau scolaire, donnant aux locuteurs l'occasion de se former sinon ici, à la Martinique ou à la Guadeloupe, à partir du lycée jusqu'au DEA. C'est une langue qui nous explique, c'est notre miroir historique, la source de notre sagesse populaire et médicinale, et c'est la langue véhiculaire de la plupart des Antilles au travers de laquelle on peut s'entendre et communiquer avec nos voisins. Le créole représente une partie intégrale de notre histoire et de notre cutlure - et il faut absolumment s'aimer et se connaître avant d'aimer et connaître les autres. Donc, même si on ne peut pas redonner la place originale au créole à Trinidad, pays natal de John Jacob Thomas et bien d'autres créolistes (vous savez les luttes de toutes les langues créoles de la région et les politiques linguistiques en ce qui concerne la place des langues d'origine européenne et colonisatrices), on peut tout à fait commencer à reconnaître le créole, et lui accorder une place nationale.

Actuellement, nous ne sommes pas encore une organisation formellement reconnue, mais un petit groupe peu structuré. On n'a même pas un nom - on a pensé à PATWA - the Patois Association of T&T and the Wider Antilles, mais ça va changer, puisque notre intérêt est le créole en voie d'extinction de Trinidad, Grenade et de Vénézuela.

On est au début de se lancer dans un programme de sensibilisation linguistique et sociolinguistique. On utilise l'internet informellement à travers de Facebook et Wikispaces, et plus formellement à travers les sites de CIEL (Caribbean Indigenous and Endangered Languages de UWI), et de la SCL .

Les médias nationaux (y compris les 3 principaux quotidiens, une station de radio, et deux de TV) ont montré de l'intérêt pour le sujet, surtout le livret et CD de chansons traditionelles organisés par Florence Blizzard et Nnamdi Hodge. Chaque journal a consacré un article au lancement. Bien avant, pendant cette année, une jeune journaliste française, Graciela Mathieu, a écrit 2 articles sur le créole pour le Trinidad Guardian. Donc ces 2 articles, et les 3 sur le lancement, ont vraiment commencé à réveiller l'intérêt publique. Aussi, Holly Betaudier essaie de interviewer à la radio des aficionados du créole chaque semaine. Gayelle, une station de télévision, nous a interviewés 2 fois aussi - la première fois a été juste après le premier encontre de "patuaparlantes" de Venezuela et des Antilles. En parlant de Vénézuela, eux, ils nous ont donné beaucoup d'espoir. Notre créole est beaucoup plus vivant que celui de Vénézuela, mais en 2005, ils ont organisé 2 grandes événements, surtout portés sur la langue et culture créoles. S'ils peuvent le faire, nous aussi, nous pouvons le faire.

On ne réussira qu'avec des individus ardents et convaincus, des communautés enthousiastes et pleines de bonne volonté, une organisation minutieuse et une bonne gestion, un dynamisme soutenu, et un ensemble d'objectifs, activités et programmes bien définis et réalisables dans l'immédiat, à moyen terme et à long terme. On doit soutenir tout ceci avec des ressources humaines et financières, et nous espérons réussir à ré-implanter le créole dans l'imagination et l'esprit populaire, avec le but à long terme de raviver cette belle langue. Les Vénézueléens ont posé la question : « quelle est la valeur economique du créole pour nos jeunes ? » C'est une question que nous devons nous poser, nous aussi, dans un contexte de domination anglaise non seulement nationale mais internationale. Nous aimerions au moins a) donner la liberté de choix à tous ce qui veulent, surtout les petites poches de résistance - toutes les familles créolophones - de bien transmettre la langue sans crainte de discrimination, comme autrefois, et b) créer un espace culturel et académique pour la langue, en plusieurs sphères. On ne veut pas que la langue devienne un musée, mais on doit être réaliste - il faudra beaucoup de travail pour remettre le créole sur pied.

MONTRAY : Vous êtes à la tête de la Society for Caribbean Linguistics, en quoi consiste cette organisation et que fait-elle comme travail ?

FERREIRA  : Je suis la secretaire-tresorière depuis 2002, et John Rickford est l'actuel président, avec Jeannette Allsopp comme vice-présidente. Je vais citer notre site-web.

La Société a été conçue à l'occasion de la Conférence de Linguistique créole en 1968 à l'Université des Indes occidentales (UWI), sur le campus de Mona à la Jamaïque. La Société a été fondée officiellement en juillet 1972 sur le campus de St Augustine de UWI, à Trinité-et-Tobago, afin de promouvoir l'étude des langues avec une attention toute particulière à la région des Caraïbes, et de faire participer les personnes intéressées de tous horizons. La Société de Linguistique des Caraïbes est une société de chercheurs en linguistique, consacrée à l'étude des langues et de la linguistique dans les Caraïbes, et à la diffusion de la recherche théorique et appliquée de ses membres. Les membres actuels de la SCL viennent de plus de 25 pays différents dans le monde, et représentent diverses universités, institutions académiques, ministères, écoles et organisations publiques et privées.

Nous organisons des conférences biannuelles, et nous publions la série SCL Occasional Papers (OP) (Communications occasionnelles de la SCL ), et les SCL Popular Series (Série populaire de la SCL ). La série SCL OP met les recherches universitaires de nos membres à la disposition d'un plus grand nombre de linguistes, et les sujets des OP vont des études sur la variation phonologique à la grammaire des créoles néerlandais, anglais et français, de l'afro-séminole et de l'anglais de la Caraïbe. Les communications populaires sont destinées aux non-spécialistes ayant un intérêt dans les langues, et en particulier, les langues de la Caraïbe.

Nos sujets de recherche mettent l'accent sur les langues de la Caraïbe de toutes origines et époques, y compris les langues amérindiennes de l'époque précolombienne ainsi que les langues de l'époque coloniale en provenance d'Europe, d'Afrique, d'Asie, et surtout, les créoles de la Caraïbe. Les recherches, intérêts et publications des membres de la SCL ont toujours traité à la fois de recherche théorique et de linguistique appliquée, avec une augmentation de l'intérêt porté au rôle et au développement des langues dans les systèmes pédagogiques des Caraïbes. Les sujets de recherche des membres de la SCL touchent les langues des Caraïbes de toutes origines et époques, allant des langues amérindiennes de l'époque précolombienne aux langues de l'époque coloniale en provenance d'Europe, d'Afrique et d'Asie, et surtout les créoles des Caraïbes, dont les membres de la SCL ont été les pionniers en ce qui concerne l'étude et la reconnaissance.

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