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Jean d'Ormesson : "Je tiens le pari qu'avant dix ans, LA LEZARDE fera pleurer de rire le lecteur que l'ennui n'aura pas foudroyé"

Jean d'Ormesson : "Je tiens le pari qu'avant dix ans, LA LEZARDE fera pleurer de rire le lecteur que l'ennui n'aura pas foudroyé"

   En 1958, un petit événement s'est produit sur les berges de la Seine, plus précisément au Quartier latin, haut-lieu de l'intelligentsia française et plus particulièrement de sa littérature avec son célèbre boulevard Saint-Germain-des-Prés et son café, "Le Flore", lieu de ralliement des écrivains connus : le deuxième prix littéraire le plus prestigieux de France et de Navarre, le Prix RENAUDOT, est attribué à un jeune Martiniquais relativement inconnu, Edouard GLISSANT pour son roman "La Lézarde". Roman qui rompt avec les règles habituelles de ce genre littéraire en l'ouvrant à la poésie, au théâtre et surtout à une certaine forme d'oralité (que l'auteur nommera plus tard "poétique créole"). Roman audacieux et forcément difficile pour le lecteur habitué à être caressé dans le sens du poil et à s'adonner à la seule lecture-plaisir.

   Le milieu littéraire, conservateur dans l'âme, n'est pas follement content de l'attribution de ce prix à un tel roman d'autant qu'à la même époque, un mouvement mené notamment par Alain ROBBE-GRILLET, celui du "Nouveau Roman", bousculait les vieilles habitudes de l'écriture romanesque. C'est dans ce contexte qu'un auteur déjà bien en cours dans ledit milieu et qui devait, au fil des années, en devenir l'un des pontes, à savoir Jean D'ORMESSON, se permet d'écrire ce qui suit :

   "Une histoire d'îles, là-bas, cannes à sucre, soleil, bons sentiments, révolte bien pensante, retour aux sources, les flamboyants, des images en pagaïe et le langage le plus fleuri...En un mot ? En un mot comme en cent, c'est atterrant...Si j'ai bien compris, les personnages luttent dans un style affolant, plein de tamarins et de sources, contre quelque chose d'informe qui pourrait être le fascisme. On se surprend à se demander (horresco referens) s'il ne vaudrait pas mieux qu'il passe...Je tiens le pari qu'avant dix ans, La Lézarde fera pleurer de rire le lecteur que l'ennui n'aura pas foudroyé.." (in revue "ARTS", 3/9 décembre 1958).  

   20 ans plus tard, l'œuvre de GLISSANT est traduite dans la plupart des grandes langues du monde, est étudiée dans les universités des Etats-Unis, du Canada, d'Angleterre, d'Allemagne et du Japon où de multiples thèses de doctorat s'y sont consacrées, sans compter qu'il sera quatre fois nobélisable alors que celle du dandy D'ORMESSON est totalement inconnue en-dehors de l'Hexagone et même à l'intérieur de ce dernier, ne passionnant que les ménagères de plus de 50 ans et tous ceux et celles pour qui un écrivain, c'est quelqu'un qu'on a vu à la télé. Il est vrai que notre dandy, devenu directeur du FIGARO, sera un abonné des plateaux-télé sur lesquels il distillera de bons mots et exposera dents blanches et sourire charmeur, toutes choses qui n'ont rien à voir avec l'activité littéraire et encore moins avec la qualité de cette dernière.

   Sinon voici ce qu'écrit un autre écrivaillon totalement oublié de nos jours, Robert KEMPS dans "LES NOUVELLES LITTERAIRES" :

« Quant aux Renaudot qui couronnent La Lézarde, roman d'un Martiniquais, je crois qu’ils ont été saisis d’une crise collective de délire vaudou… C’est un livre impénétrable, plus touffu qu’un champ de cannes à sucre, d’où l’on sort étonné, exténué, n’ayant presque rien compris, quoique le sujet soit des plus secs […] Ce n’est à mon avis qu’une involontaire caricature excessiviste de la poésie tropicale. Avec infiniment de prétentions, de recherches ; et une virtuosité extraordinaire à créer du désordre avec le simple, de l’incompréhensible avec le clair […] En tout cas, je sors de cette lecture épuisé, rompu ; et j’ai besoin d’un jour de lit pour me remettre… ».

   Donc quand nos Facebookiens antillais se sont mis à rivaliser de "RIP" ou de "C'était un grand homme" sur leur mur à l'annonce du décès de Jean d'ORMESSON, ils ont prouvé une fois de plus qu'un écrivain qui se respecte devrait fuir la télé autant que faire se peut. "Autant que faire se peut" ne signifiant pas "totalement"...

Commentaires

Cyril Charpentier | 08/01/2018 - 20:02 :
Quand on est Antillais ,doit-on OBLIGATOIREMENT aimer Glissant et détester ceux qui ne l'aiment pas ?Au nom de quoi D'Orrmesson n'aurait -il pas le droit de critiquer un écrivain qui ne lui plait pas ?Parce que cet écrivain est Noir et lui Blanc?Je ne comprends pas la raison d'être de cet article.

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