- Quel est le 3ème élément du désastre financier ?
- Nous découvrons dans tous les Offices et agences, pour ne pas dire dans tous les services de la CTC, des retards de paiements de toute nature, tout à fait considérables. Au sein de l’ADEC, en termes d’action économique, c’est-à-dire de subventions, d’aides aux entreprises, d’avances remboursables…, le retard de paiement est de l’ordre de 5 millions € ! Il concerne l’ensemble des acteurs économiques : boutiques de gestion, couveuses d’entreprises, entreprises, filières dans le cadre d’actions collectives… C’est colossal !
- De quoi s’agit-il clairement ? D’engagements pris par l’ADEC, qui n’ont pas été tenus ?
- Il s’agit de décisions prises, ces deux dernières années, qui ont donné lieu, dans quasiment tous les cas, à des arrêtés attributifs et, d’un point de vue budgétaire, à des autorisations de programme ou des ouvertures de crédits qui n’ont pas été payées. La moitié du budget de l’action économique sera engloutie, cette année, dans le paiement des retards ! Parce que nous avons fait du Riacquistu un axe central de notre campagne, nous sommes obligés de renégocier globalement et d’arbitrer au plus juste pour que chaque office et agence ait une capacité d’action. Aujourd’hui, nous en sommes clairement privés !
- Cela signifie-t-il que vous n’aurez pas, cette année, les moyens financiers de payer toutes ces dettes ?
- Je prends l’engagement, en ma qualité de président de l’ADEC, à l’instar des autres présidents d’offices et agences, de les payer parce que c’est légitime et que l’attente est forte. Nous le ferons, conjointement avec le Conseil exécutif, au terme d’arbitrages qui seront douloureux. J’ai programmé de raccourcir considérablement les délais d’instruction des dossiers et les délais de paiement. Entre l’envoi d’une lettre d’intention et le paiement effectif, il peut s’écouler entre un an et demi et deux ans, ce qui est inacceptable !
- Payer vos dettes réduira d’autant votre marge de manœuvre. Ne sera-t-elle pas, de fait, très limitée ?
- Elle sera limitée pour peu que l’on tienne pour acquis le simple fait de résorber le retard. Ce n’est pas ma politique, ni celle du Conseil exécutif ! Nous avons décidé de ne pas marquer de pause sur les financements publics, même si nous serons contraints de réduire la voilure et de ralentir le rythme. Nous respecterons les engagements qui ont été pris. Ce qui a été engagé, sauf erreur de gestion ou anomalies flagrantes, sera exécuté dans un cadre légal, clair et légitime. Pour le reste, nous cherchons à mobiliser de nouvelles ressources et à arbitrer au plus juste les réalités vécues par les uns et les autres. Les erreurs, pour ne pas dire autre chose, qui ont été commises, ces deux dernières années, nous placent dans une situation inextricable. Il faudra beaucoup de travail et d’intelligence pour en sortir.
- Vous aviez dénoncé cette situation financière, est-ce son ampleur qui vous surprend ?
- Exactement ! Nous savions que ce serait particulièrement dur, mais nous ne nous attendions pas du tout à découvrir autant de choses ! En termes d’ampleur, comme en termes de dérives de gestion, c’est colossal ! Nous travaillons sur l’idée d’un audit interne, office par office, agence par agence. Nous aurons, ainsi, très vite, une photographie plus nette de la situation. Nous avons écarté l’idée d’un audit purement externe qui suppose un marché et un délai qui ne nous paraissent pas pertinents dans le contexte. Nous réfléchissons à la possibilité d’un audit mixte, partagé par d’autres services avec, peut-être même, l’aide et l’ingénierie des services de l’Etat. La CTC en a besoin, compte tenu du caractère dramatique dans lequel nous retrouvons l’état de ses finances.