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"Je ne suis venu au monde que pour écrire Une trop bruyante solitude" Bohumil Hrabal.

Marie-Noëlle RECOQUE DESFONTAINES
 "Je ne suis venu au monde que pour écrire Une trop bruyante solitude"   Bohumil Hrabal.

Hanta travaille à alimenter la presse d’un atelier de recyclage de vieux papiers dans laquelle sont englouties des tonnes d’ouvrages que l’on devine condamnés par une censure implacable. Il aime son travail autant paradoxalement que les livres dont il s’efforce de sauver le plus grand nombre. Les livres, il les aime « parce qu’un vrai livre le renvoie toujours ailleurs, hors de lui-même ». Ce « tendre boucher » vit seul, uniquement préoccupé de préserver de la destruction les œuvres interdites, qu’il entasse dans sa maison. Et chez lui, le soir, il s’instruit malgré lui. Ses compagnons sont Socrate, Sénèque, Jésus, Erasme, Nietzsche… Sa vieille presse mécanique, il l’aime aussi et économise pour l’emporter avec lui, à l’heure de la retraite qui va bientôt sonner. En attendant, il s’efforce de donner une note artistique aux ballots de papier qu’il produit en y insérant, intact, un livre choisi avec soin.

ballots de papier qu’il produit en y insérant, intact, un livre choisi avec soin.

 

Le style de Bohumil Hrabal fait se heurter, se chevaucher, trivialité et onirisme, prosaïsme et poésie, hyperréalisme et irréalité. Des visions et des hallucinations délirantes ponctuent le récit par ailleurs bien ancré dans une réalité sociale et politique désignée comme étant celle du socialisme.

 

Hanta travaille avec les ouvriers du chauffage central, les racleurs d’égout, dans des souterrains où les rats et les souris pullulent et s’entredéchirent. Les eaux usées coulent à flot, les vieux papiers sanguinolents de boucherie se décomposent dans des mares putrides, l’écœurement est à son comble mais toujours il trouve son antidote dans l’élévation spirituelle et le raffinement de l’intellect.        

     

Ce court roman  (120 pages) enchaîne une série de tableaux très visuels, parfois surréalistes,  qui force l’imagination du lecteur et le convie à dépasser les limites du réel. Une atmosphère à la Kafka, son compatriote, règne aussi dans ce roman. Les livres, eux-mêmes,  sont souvent présentés comme animés d’une vie qui leur est propre, ils se rebiffent,  ils complotent, se hérissent, résistent à la destruction…

 

A la fin, Hanta apprend qu’une monstrueuse presse hydraulique moderne vient d’être installée à proximité, activée par de jeunes gars disciplinés qui n’aiment pas l’odeur du papier et travaillent avec des gants. Des « hommes nouveaux » explique-t-il, qui boivent du lait ou du coca (alors que lui s’imbibait de bière) et font bien attention de ne pas s’abîmer les mains, les siennes sont « usées par le travail, noueuses comme des sarments de vigne ». Son patron trouve qu’il lambine et le menace. Une ère nouvelle s’ouvre à laquelle il ne voudra pas s’adapter, on le met au placard, il choisit alors sa fin, avec les livres, dans sa cave, dans sa presse…

 

 Marie-Noëlle RECOQUE DESFONTAINES

 

 

Bohumil HRABAL est né en 1914, en Moravie. Diplômé en droit, il n’a aucune envie d’être juriste. Il pratique divers métiers : ouvrier dans les chemins de fer, agent d’assurance, représentant de commerce, emballeur de vieux papiers, figurant de théâtre…

Il travaille aussi comme directeur d’une brasserie avant de pouvoir se consacrer à l’écriture grâce au succès obtenu par son premier livre La petite perle au fond de l’eau (1963). Il est avec Milan KUNDERA un des grands auteurs tchèques et sa notoriété sera accentuée par l’adaptation de plusieurs de ses romans au cinéma. En 1968, l’invasion de la Tchécoslovaquie par les Russes mettant fin au Printemps de Prague, il se voit interdit de publication, certains de ses textes étant jugés pornographiques. Deux de ses ouvrages déjà publiés sont pilonnés en 1970. Il n’en cesse pas pour autant d’écrire des récits qui circulent sous le manteau (samizdats). C’est le cas d’Une trop bruyante solitude en 1976. Il faut noter que Bohumil HRABAL ne quitte pas son pays et ne se déclare pas dissident. Dans les années 80 et 90, il rédige des essais relatifs à l’actualité mais le 3 février 1997, il se défenestre du cinquième étage d’une clinique à Prague.

 

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