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J’AI LU LE LIVRE DE VALERIE TRIERWEILER …

Yves-Léopold Monthieux,
J’AI LU LE LIVRE DE VALERIE TRIERWEILER …

« Le livre de Valérie Trierweiler ne m’intéresse pas ». C’est la phrase répétée en boucle par la classe politique depuis qu’on a appris la sortie du livre Merci pour ce moment écrit par l’ex-compagne du président de la République. Tout récemment deux journalistes martiniquaises reprenaient encore les refrains de la France bobo, l’une affirmant d’un air horrifié qu’elle ne veut surtout pas lire ce livre, l’autre reconnaissant qu’elle le lirait volontiers mais ne veut surtout pas l’acheter pour ne pas enrichir son auteure. Bref, du déjà entendu hexagonal.

 On croyait entendre en effet ces messieurs-dames du microcosme parisien dont on ne connaissait pas une si grande sensibilité, celles et ceux qui n’ont pas beaucoup à apprendre des pratiques révélées par Mme Trierweiler, et dont le souci était surtout de ne pas les divulguer. J’ai du mal à comprendre de telles déclarations sous la plume ou de la bouche de journalistes qui tous, finalement, font le même commentaire, comme s’il était dicté par un cerveau unique. N’est-ce pas le devoir de tout journaliste politique de lire, même parmi les plus pénibles, tout ce qui touche à la politique, ainsi qu’aux hommes et aux femmes qui la font ?

Quatre ou cinq phrases ont été extraites de l’ouvrage et jetées en pâture à l’opinion. Les beaux esprits en font leur miel tandis que le snobisme intellectuel est mis en alerte. Tous ceux qui se sentent un peu quelqu’un dans cette société croient devoir, sinon ne pas lire le livre, du moins ne pas laisser croire qu’ils le lisent. Cette mise en garde ne visait certainement pas les lecteurs de Harlequin ou de Closer, sachant que toute interdiction ne pouvait qu’attiser leur curiosité en raison du caractère croustillant annoncé de l’ouvrage.

Me méfiant par nature des unanimismes, qui sont généralement orchestrés, j’ai estimé que cette femme est trop critiquée par la meute médiatico - politique pour qu’il n’y ait pas de l’intérêt à lire son livre. Je l’ai donc acheté sans faire croire que c’était pour quelqu’un d’autre et j’ai perçu, au-delà des confidences d’une femme blessée et vengeresse, certes, un aspect du mode de fonctionnement au quotidien du haut niveau du pouvoir. C’est très certainement, au-delà de la personnalité des héros du livre, la révélation au public de certaines pratiques qui justifie les réactions horrifiées des usagers du pouvoir. Ils s’étaient pourtant régalés lors du dépassement de bornes de DSK, mais c’est l’arrestation de l’ancien patron du FMI qui avait surpris l’élite et fait tomber les digues, et non le fait délictueux, en lui-même, qui était beaucoup moins surprenant pour les familiers du quadrilatère germanopratin.

En Martinique, j’ai retenu deux commentaires qui nous éloignent du psittacisme médiatique convenu. Raphaël Confiant vise l’hypocrisie des libraires qui ont refusé de vendre le livre Merci pour ce moment, sachant que c’est grâce aux ouvrages de ce type que les éditeurs et libraires arrivent à vivre. Je songe à Bernard-Henri Lévy, l’un des principaux contempteurs du livre, qui serait obligé d’interrompre sa pièce de théâtre, Hôtel Europe, faute de spectateurs.

Pour sa part, et pour ce qu’on a pu entendre à travers l’exquise cacophonie du vendredi soir, le Directeur d’une télévision libre a presque réussi à contester l’irréprochabilité du mode de recrutement, en France, des journalistes de sexe féminin, ainsi que la qualité des rapports de celles-ci avec les hommes de pouvoir. La confusion ambiante lui a peut-être évité de prolonger son propos au-delà du souhaitable. En effet, on a eu peur qu’il ne sût garder pour lui des choses que, comme dit la chanson, « rigoureusement ma mère m’interdirait de prononcer » (Georges Brassens).

Ce livre a des qualités qu’il appartiendrait à d’autres de développer. Du moins, convient-il de reconnaître qu’il est bien écrit, se lit facilement et qu’on peut le lire entièrement sans y laisser une part de soi-même ou se sentir obligé de détester Valérie Trierweiler.

Yves-Léopold Monthieux, le 19 octobre 2014.

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