Il nous aura surtout donné une oeuvre monumentale en 6 volumes publié aux éditions Désormeaux : "Littératures des Antilles-Guyane françaises" (1978). En fait, il s'est agi du doctorat d'Etat de celui qui était par ailleurs agrégé de Lettres modernes et qui fit l'essentiel de sa carrière à l'Université Michel de Montaigne à Bordeaux. Jack Corzani y passe en revue l'ensemble des textes publiés depuis le début de la colonisation (1635) jusqu'aux années 80 du 20è siècle, moment où des auteurs tels que Maryse Condé, Simone-Schwartz-Bart, Xavier Orville ou Vincent Placoly émergeront sur la scène littéraire antillaise, française et même internationale. Corzani n'aura pas l'opportunité de travailler sur la génération suivante, celle de la Créolité.
Personnage discret, peu présent dans les médias et rarement photographié, il a dirigé pas moins de 24 thèses de doctorat sur les différentes facettes de la littérature antillaise et guyanaise. Il fut l'ami et collègue d'éminents professeurs tels que Roger Toumson, André Claverie, Alain Yacou, Jacques Adelaïde-Merlande ou encore Jean Bernabé et Aimé Césaire le tenait en haute estime. Ses travaux, incontournables par leur richesse historique, constituent un trésor pour les nouvelles générations de chercheurs antillais.
Jack Corzani est décédé le 22 mai dernier, jour de la commémoration de l'abolition de l'esclavage à la Martinique. Il a tenu à être incinéré au crématorium de La Joyaux de Fort-de-France le 4 juin prochain. Dans la discrétion et le recueillement de ses proches. Le meilleur hommage qui pourrait lui être rendu serait que la Collectivité de Martinique, la Collectivité de Guyane et la Région Guadeloupe s'entendent pour rééditer les six volumes de son histoire de nos trois littératures.