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IRAN : LA GRANDE DESINFORMATION

IRAN : LA GRANDE DESINFORMATION

Les télévisions occidentales ont passé en boucle ces images de miliciens en motocyclettes qui fonçaient sur la foule des manifestants pro-Moussavi (le candidat, favori de l’impérialisme, battu aux dernières élections iraniennes) et qui tabassaient sans discernement jeunes, vieux, femmes etc…Ces miliciens sont les fameux « bassidji » que l’on nous présente comme les Tontons-Macoutes du régime d’Ahmadinedjad, le président réélu, et d’Ali Khamenei, le Guide de la Révolution Islamique. Des voyous des bas quartiers, dit le « New-York Times », des délinquants, des chômeurs, payés par le régime pour « écraser l’opposition démocratique » renchérit « Le Nouvel Observateur ». « Des assassins » assène « La Republica » qui nous montre même des photos de « bassidji » armés de longs couteaux ressemblant à des yatagans.

Soit…

Mais l’Occident a, comme d’habitude la mémoire courte et l’indignation à géométrie variable. Car qui sont les « bassidjis » ? Pour le comprendre, il faut remonter à 1980, lorsque Saddam Hussein (pour le compte de l’Occident qui ne le considérait pas comme un dictateur à l’époque !) se décide brusquement à attaquer l’Iran. Motif officiel : l’Irak souhaite reprendre trois minuscules îles occupées par l’Iran dans le Golfe arabo-persique que les Irakiens appellent le « Chatt-el-Arab » et du même coup contrôler la navigation des supertankers pétroliers sur cet axe maritime stratégique. En fait, il s’agit surtout de renverser le régime de l’Ayatollah Khomeini et déjà, d’écraser la Révolution islamique qui inquiète fortement Washington, Londres et Paris. A cette époque, Saddam Hussein, derrière sa logorrhée pan-arabiste, cherche à prendre aussi le contrôle d’une partie du territoire iranien riche en pétrole que les Irakiens ont dénommé « Arabistan ».

Bref, durant huit longues et interminables années, un véritable déluge de feu s’abat sur l’Iran. Les armes les plus modernes sont fournies par l’Occident à un Saddam Hussein qui se déchaîne sur le pays voisin où il sème la terreur à coups de missiles américains à longue portée. Cela jusqu’à Téhéran où les sirènes retentissent de jour comme de nuit pour prévenir la population de se rendre aux abris. Bien que considérablement plus vaste et plus peuplé que l’Irak (15 millions d’habitants), l’Iran (70 millions d’habitants) est dans un premier temps K.O. debout. Les armes, soviétiques ou chinoises, dont dispose l’armée de Khomeini ne sont pas de taille à rivaliser avec la technologie occidentale dernier cri. Alors, de guerre lasse, si l’on peut dire, le chef de la Révolution islamique décide de jouer la carte du nombre. Des millions d’Iraniens de 12 à 65 ans sont enrôlés pour monter au front et pour faire barrage quasiment de leur corps à l’avancée des blindés de Saddam Hussein. Il en résulta évidemment un véritable carnage, mais ce n’était pas pour faire peur à des chiites habitués à l’idée du martyr. Par vagues incessantes, des centaines de milliers de jeunes, de très jeunes gens, ont fait face à l’ennemi, se jetant parfois volontairement sur des champs de mines afin d’ouvrir la route aux blindés iraniens. Cette stratégie a porté ses fruits car l’armée super-équipée de Saddam a d’abord été bloquée dans son avancée avant d’être obligée de reculer et d’abandonner les portions de territoire iranien qu’elle avait occupé.

Des milliers de martyrs, souvent à peine adolescents, reposent pour l’éternité au cimetière de Behezchte-zahra, dans la banlieue sud de Téhéran, sans doute le plus grand cimetière du monde. 400 hectares de tombes où des fontaines de sang symbolisent celui qu’ont versé des années durant ces soldats-adolescents.

Or, qui étaient ces jeunes gens qui se sont sacrifiés pour la patrie ?

Les fils des bourgeois de Téhéran-Nord, le quartier huppé de la capitale iranienne ? Les fils des riches marchands du bazar ? les fils des avocats, des médecins, des pharmaciens, des patrons d’entreprise ? Que non ! Les fils de la plèbe. Car la bourgeoisie s’est arrangée soit pour exfiltrer sa progéniture à l’étranger (le plus souvent en France ou aux Etats-Unis) soit pour soudoyer des gradés corrompus pour que leurs enfants n’aillent pas à la guerre. Pendant 8 ans donc, la guerre féroce imposée par Saddam Hussein a l’Iran a broyé 1 million de vies iraniennes.

Vous avez bien lu : l’Iran a payé le lourd tribut d’1 million d’hommes (souvent jeunes, voire très jeunes) pour empêcher ce suppôt de l’Occident qu’était, à l’époque, Saddam d’envahir leur pays.

Les « bassidji » étaient encadrés et formés par un corps militaire d’élite appelé « Les Gardiens de la Révolution » et lorsque la guerre s’est arrêtée, en 1988, il n’a pas été possible de démobiliser d’un seul coup ces dizaines de milliers de miliciens qui s’étaient battus corps et âme pour défendre et leur patrie et le régime khomeiniste. Ils ont donc repris progressivement la vie civile tout en conservant un pied dans la milice laquelle d’ailleurs fonctionna plus comme des scouts que comme une milice. Des camps de vacances, des cours du soir, de l’entraînement militaire aussi étaient régulièrement organisés pour ces fils du prolétariat. En quoi donc est-ce condamnable ? Est-ce bien différent des réservistes de l’armée française ou étasunienne qui chaque année sont réunis, encasernés et entrainés en cas de guerre ?

N’est-il donc pas tout aussi normal que ces gens du peuple se soient rangés derrière le président Ahmadinedjad lorsque l’Occident a cru pouvoir fomenter une soi-disant « révolution verte » à l’image de la « révolution orange » en Ukraine ? N’est-il pas normal qu’ils aient brisé les reins à la contre-révolution menée par la bourgeoisie de Téhéran, les riches marchands, les profiteurs de tous poils, tous soutenus par la CIA et le Mossad ?

A ce propos, les Occidentaux ont utilisé tous les outils qu’offrent les NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) pour tenter de discréditer le candidat Ahmadinedjad, cela tant pendant la campagne électorale qu’après la victoire de ce dernier : SMS, mails, Facebook, Twitter etc…Les Iraniens étaient littéralement bombardés de mini-messages à toute heure du jour et de la nuit afin de créer une situation d’insécurité permanente. Il s’agit là d’une nouvelle panoplie guerrière qu’il faudra que les anti-impérialistes apprennent aussi à utiliser car de nos jours, la désinformation pèse autant dans les conflits que les chars ou les missiles.

Non, les « bassidjis » ne sont pas des nervis ou des Tontons-Macoutes !...

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