On connaissait, dans les années 80-90, les centres de tri parisiens de la Poste, avec une majorité de personnel antillais, dans lesquels la direction faisait apposer des affiches demandant de ne plus parler en créole. Cela avait fait grand bruit à l'époque et suscité de très vives réactions au sein de la communauté antillaise vivant dans l'Hexagone. On a connu aussi, à peu près à la même période, en Martinique, la mise à pied d'enseignants qui s'étaient exprimés en créole dans leurs cours. Tout le monde se souvient de la grève de la faim mémorable, pendant plus d'un mois, de l'un d'entre eux.
Enfin, on a constaté l'extrême-réticence, jusqu'aux années 2005, de l'enseignement primaire et secondaire aux Antilles a faire une petite place à la langue et à la culture créoles, les collèges de Capesterre-Belle-Eau (Guadeloupe) et Basse-Pointe (Martinique) étant tout justes tolérés. Et puis, grâce à l'énorme travail durant plus de vingt ans d'un groupes de recherches universitaires sur le créole, le GEREC et son directeur, le Pr Jean BERNABE, grâce aux auteurs créolophones de plus en plus nombreux (H. Poullet, M. Rippon, R. Valy, R. Confiant, Joby Bernabé, T. Léotin, G-H. Léotin, S. Restog, Jala, G. Barthéléry, R. Belllay, J-M. rosier et tant d'autres), grâce aux radio-libres créolophones comme Radio Inité et Radio Tanbou en Guadeloupe ou Radio RLDM et Radio Asé Pléré Annou Lité en Martinique, le créole a pris un véritable essor dans nos pays. Essor qui s'est vu couronné par la création, grâce aux actions déterminantes du GEREC, de deux concours de recrutement d'enseignants de créole : le CAPES de créole pour l'enseignement secondaire et le Professorat des écoles-Option "Créole" pour l'enseignement primaire.
On pouvait donc s'imaginer avec tout cela que la question de l'utilisation du créole était réglée ou, à tout le moins, avait des pas de géants. Or, quand on lit le tract syndical ci-après des employés de la clinique de Choisy, au Gosier (Guadeloupe), force est de reconnaître que non...