Si le «sentiment de la nature» trouve sa naissance, dans notre civilisation occidentale, à ses sources mêmes, c’est récemment que le «paysage» est devenu un sujet de représentation autonome, tant dans le domaine épistémologique que dans celui des formes artistiques. Il naît lorsque se fait jour une séparation par rapport à la grande unité de la «nature», lorsque celle-ci était encore appréhendée et justifiée par le mythe, comme dans les mondes anciens, lorsque celle-ci était conçue comme puissance de donation totale, comme dans la «phusis» grecque ou bien elle était la matière symbolique et légendaire pour l’esprit du Moyen-âge. Le «paysage» naît d’une rupture avec l’unité indivisible de la «nature», de cette totalité où chaque composante (arbre, talus, rocher, montagne) ne vit que dans sa relation à un tout , elle naît comme un acte de l’esprit qui constitue une unité auto-suffisante, autonome et individualisée, remodelée par le regard humain, reconduite à la forme où chaque élément divers se rassemble en une nouvelle unité comme dans le cycle de tableaux qui marque la naissance de l’esprit renaissant européen : les {Allégories du bon et du mauvais gouvernement} (1337-1339) d’Ambrogio Lorenzetti, fresques des salles du Palazzo Pubblico de Sienne.
Dans {les Effets du bon gouvernement à la campagne} la campagne siennoise, extérieure aux murs qui entourent et délimitent la ville, connaît pour la première fois l’éclosion d’un monde habité par l’homme, où les potagers, les vignes, les champ de blés sont disposés symétriquement et désignent l’espace rendu fertile par le travail de l’homme, tandis que les bois, les forêts semblent s’éloigner à l’horizon et perdre leur caractère inquiétant.
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