De retour d’un voyage officiel en Russie où il venait de participer au sommet des pays producteurs de gaz, le Président de la Bolivie, Evo Morales, regagnait son pays ... Alors que l’avion présidentiel bolivien se trouvait à quelques kilomètres des frontières françaises, l’autorisation, accordée le 27 juin, de survoler l’espace aérien français, était annulée.
De cette scandaleuse décision violant le droit international et l’immunité absolue dont jouit tout chef d’Etat, la responsabilité revient au gouvernement «socialiste» français1 qui s’est fait l’exécuteur d’une injonction des Etats-Unis qui pensait que Edward Snowden, ex-agent de la CIA et auteur des révélations concernant les opérations d’espionnage universel des USA, se trouvait dans l’avion présidentiel, qui a dû atterrir d’urgence en Autriche2.
Un tel agissement de la part de la France dont les dirigeants successifs ne cessent de s’autoproclamer les blancs chevaliers défenseur des Droits de l’Homme, rappelle un acte non moins indigne perpétré il y a 57 années de cela.
Le 22 octobre 1956, des chefs historiques du Front National de Libération Algérien (FLN), de retour de Rabat où ils s’étaient entretenus avec le sultan du Maroc, Mohamed V, s’apprêtent à rejoindre Tunis où l’entretien devait se poursuivre avec le Président de Tunisie, Habib Bourguiba.
Le sultan du Maroc prend un avion spécial qui survolera l’Algérie et les membres du FLN embarquent dans un DC3 de la compagnie Air Atlas (dont l’équipage est entièrement français), lequel avion, par sécurité, devait faire un détour par les Baléares.
A Alger, deux membres du cabinet de Robert Lacoste (ministre résident et gouverneur général de l’Algérie dans le gouvernement du «socialiste» Guy Mollet) ont vent de l’affaire; ils obtiennent le feu vert de Max Lejeune, secrétaire d’Etat à la Guerre et d’Abel Thomas, directeur du cabinet du ministre de la Défense, Bourges-Maunoury: la décision est prise d’intercepter l’avion ayant à son bord les membres du FLN.
Les autorités militaires d’Oran prennent contact avec le DC3... Le pilote qui ignorait l’identité des passagers, hésite, prend contact avec sa compagnie, obtient, par crainte de représailles (de la part du FLN) que les familles de l’équipage soient mises en lieu sûr en France.
Pour éviter d’attirer la méfiance des passagers, l’hôtesse de l’air ferme les rideaux, joue aux cartes avec les membres du FLN ... Pendant ce temps, l’avion tourne en rond afin d’atterrir à Alger à l’heure prévue pour Tunis.
Les lumières d’une grande ville apparaissent... «Tunis, annonce l’hôtesse! Attachez vos ceintures!» et puis l’équipage s’enferme dans la cabine de pilotage; à l’atterrissage, ils quittent l’avion par la sortie de secours; les lumières à l’intérieur de l’avion s’éteignent; à l’extérieur, des projecteurs illuminent l’avion; un commando fait irruption et kidnappe les cinq chefs historiques du FLN qui seront internés dans diverses prisons françaises jusqu’en 1962, année de la proclamation de l’indépendance de l’Algérie.
Ce 7 juillet 2013.
Daniel Boukman