En 1929, une institutrice seychelloise, Rodolphine Young, publiait un recueil de fables dans la langue de son pays, s'insérant ainsi dans une tradition vieille de plus d'un siècle puisqu'elle a commencé à la Réunion, en 1826, avec Louis Héry. Cette tradition a consisté à traduire ou à adapter les Fables de La Fontaine en créole. Toutefois, l'ouvrage dont s'est inspiré R. Young n'est pas celui de L. Héry mais celui du Martiniquais François Achille Marbot, "Fables de La Fontaine travesties en patois créole par un vieux commandeur", publié en 1846, deux ans donc avant l'abolition de l'esclavage. Béké hostile à l'abolition, F. Marbot fut d'abord magistrat avant de devenir gouverneur-adjoint de l'île de la Réunion où il décéda. Il a dû très certainement emmener son livre dans les Mascareignes d'où son influence sur celui de R. Young. "Les Fables seychelloises" sont enfin le tout premier ouvrage littéraire en langue seychelloise, langue qui a avancé à pas de géant puisqu'elle est aujourd'hui langue co-officielle de la République des Seychelles aux côtés de l'anglais et du français. Ces fables ont été redécouvertes et rééditées par la créoliste allemande Annégret Bollée à qui il convient de rendre un vibrant hommage.