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Elites politiques antillaises et formation à l'économie

Elites politiques antillaises et formation à l'économie

  Sur notre site, Jean-Marie Nol a récemment publié un article dans lequel il soulignait l'absence de culture économique des élites politiques antillaises modernes, chose dans laquelle il voyait l'un des principaux freins au développement de la Guadeloupe et de la Martinique. 

 Avant d'examiner cette affirmation, il convient de souligner trois choses : d'abord, en système capitaliste, ce sont les...capitalistes qui s'occupent d'économie, pas les politiques. Ces derniers ont pour rôle principal de mettre en place le cadre permettant aux entreprises de se développer en veillant surtout à empêcher les situations de monopoles. Or, les Antilles sont un paradis monopolistique, principalement béké, ce qu'évite de souligner J-M. Nol. C'est dire d'ailleurs le peu de pouvoir de nos politiques dans des territoires soumis à la tristement fameuse "économie de comptoir" que Nol n'évoque pas non plus, système qui transforme ceux-ci en simples plateformes ou déversoirs de produits franco-européens.
  Ensuite, la science économique est une fiction : aucun économiste n'avait prévu la grande crise de 1929 ni, plus près de nous, celle de 2008 qui a failli jeter bas le système monétaire mondial. Or, qu'est-ce qu'une science qui ne dispose d'aucun pouvoir prédictif ? Les spécialistes de cette discipline ont eu beau la mathématiser au maximum, rien à faire ! Tout ce qu'ils peuvent faire c'est conjecturer, avancer des hypothèses et on peut prendre l'exemple du remboursement de la dette de centaines de milliards déversés par les états européens pour sauvegarder leurs entreprises suite à la pandémie du covid-19. D'éminents économistes disent qu'il faudra la rembourser alors que d'autres, tout aussi éminents, affirment que cela n'a pas d'importance. Chacun développe de grandes analyses, présente toutes sortes de graphiques, déroule des chiffres et des statistiques qui pour la plupart se contredisent. Heureusement que les scientifiques qui ont construit le robot "Perseverance" qui a atterri sur Mars étaient tous d'accord sinon l'engin n'aurait même pas pu décoller !
  Enfin, on n'a pas besoin d'avoir un doctorat en "Sciences" économiques pour être un grand patron. Ni Hayot en Martinique ni Gadarkhan en Guadeloupe n'en possèdent. Pas plus que Bernard Arnault ou Bolloré en France. Ou encore le milliardaire chinois qui possède Ali Baba. Si les sachants en économie étaient si forts qu'ils le prétendent, pourquoi ne vont-ils pas créer des entreprises au lieu de se planquer dans des universités ou des instituts de recherche ? Pourquoi préfèrent-ils écrire des bouquins d'économie au lieu de se frotter à l'économie réelle ?
  Ces trois points soulignés, revenons à la question de la supposée inculture économique des élites politiques antillaises que critique J-M. Nol. D'abord, pour dire que ce n'est pas exact : le PPM, par exemple, lorsqu'il était au pouvoir, s'entourait d'économistes censés être éminents tels que Jean Crusol ou Fred Célimène, le premier nommé étant même conseiller régional. Cet aéropage n'a pas empêché le PPM de laisser une ardoise de 1,5 milliards de francs à l'époque de Camille Darsières, puis une ardoise de 80 millions d'euros à l'époque de Serge Letchimy. Sans même évoquer les affaires louches de la SODEM et du CEREGMIA...
  J-M. Nol se trompe : un homme politique n'a pas été élu pour faire de l'économie mais pour faire de la politique. Un chef d'entreprise veille d'abord et avant tout aux intérêts de sa propre entreprise et c'est parfaitement normal. Un élu politique doit d'abord veiller à l'intérêt général, ce qui est tout aussi normal. Quand le chef d'entreprise devient un homme politique, il devrait se délester de ses activités économiques sinon il court le risque de mélanger les genres. De confondre intérêret particulier et intérêt général : Bernard Tapie et Donald Trump en ont été des exemples peu reluisants. Sans même parler de ceux qui, comme les Békés du Crédit Martiniquais jadis, s'entourent, n'étant pas des élus, de solides protections politiques...
  A moins d'instaurer un régime communiste dans lequel, là, oui, le politique dirige l'économie. Mais on est en droit de douter que pareil régime a les faveurs de J-M. Nol. Donc, il faudrait éviter les mauvais procès...

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