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DES ANTILLES A LA RÉUNION, PAUL-HENRI RAMIN, UN PASSEUR DE MÉMOIRE

De JEAN-RÉGIS RAMSAMY
DES ANTILLES A LA RÉUNION, PAUL-HENRI RAMIN, UN PASSEUR DE MÉMOIRE

{Paul-Henri Ramin, né du soufre de la Montagne Pelée en Martinique,
d'un père descendant d'engagés indiens, vient d’être rappelé par
le grand faucheur - il avait à peine la quarantaine.
Celui qui allait devenir un de nos plus grands érudits en culte
tamoul stimula vaillamment nos danses sacrées aussi bien aux
Antilles, qu'à Paris, et jusqu'à la Réunion. Alors qu'il est
regretté par le monde indianophile antillo-réunionnais tout entier,
voici le récit que nous envoie un de ses amis, indo-activiste comme
lui : le Réunionnais Jean-Régis Ramsamy. Ce dernier est par ailleurs
l'auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la culture réunio-
tamoule.} {{J. S.S.}}

{{DES ANTILLES A LA RÉUNION, PAUL-HENRI RAMIN, UN PASSEUR DE MÉMOIRE}}

Agent d’une société parisienne d’entretien d’ascenseurs (OTIS), P.-H. Ramin se battait surtout pour que l’ascenseur culturel fonctionne. C’est de son domicile parisien à Shelles, qu’il avait lancé ses activités en faveur de la culture diasporique indo-îlienne. La collection d’ouvrages et de documents qu’il avait réussi à réaliser, font de lui le premier collectionneur indo-antillo-réunionnais de livres de Paris.

Ce n’est ni pour exagérer à sa mémoire, ni sous-estimer le travail des autres, mais Paul-Henri Ramin avait cette particularité, ce charisme, qui lui permettait d’être en lien avec tous les projets francophones liés à la mémoire des descendants d’engagés indiens.

Martiniquais, il s’est tellement appesanti sur la culture des ‘Malbar’, culture qu’il possédait très certainement bien plus que beaucoup de Réunionnais. La qualité première de Paul-Henri, restera sans doute, son humilité. Autant il pouvait connaître des personnalités françaises de l’histoire ou de la mémoire de l’immigration indienne (Jacques Weber, Jean Benoist, Snackenbourg, Sully Govindin, Ringou, Valleama, M. Appassamy…) autant il savait partager sans égoïsme l’ensemble de ses acquisitions livresques. Grandement aidé de l’Internet ces dernières années, il avait réussi à se procurer les pièces les plus rares retraçant l’immigration indienne. Le temps, ne comptait pas pour lui.

Mais toute évocation de la mémoire de Paul-Henry Ramin serait totalement ratée, si on omettait de mentionner sa principale passion : Le bal tamoul, ou Nardegom (nâdron aux Antilles). Avec sa famille, c’est cette passion qui le retenait à la vie. Ce souffle, il l’avait « chopé » très jeune, et il ne se passait pas une journée sans qu’il distille ici ou là entre deux dépannages d’ascenseur dans la région parisienne, quelques « lagôn », des bribes du bal tamoul.

Il les connaissait pratiquement tous. Du Koussédéven à Harishandran, Paul-Henri les maniait tous, à sa guise. Une coincidence voulut que le dernier bal donné à sa mémoire à St Louis (La Réunion), ce samedi 18 avril, ne fut nul autre que Markandeya relatant la vie d’une jeune homme à la jouvence éternelle. Le talent qu’il puisait pour traiter de cette partie de la culture des engagés, faisait de lui un Grand Maitre. A moins que ce soit un virtuose des Nadegam qui ait occupé son enveloppe charnelle. L’assemblée approuva la minute de silence proposée.

Sa passion , Paul-Henri Ramin ne devait pas la garder pour lui. En 2006, épaulé par un écrivain de Pondichéry, il mit à la disposition du grand public, une traduction d’un célèbre cantique tamoul, le Mariaman Talattu, ouvrage composé d’un CD et d’un livret.

Au début de l’année, il revenait à La Réunion, avec sous le bras une publication sur Madurai Viran. Son premier opus rencontra un vif succès dans l’ile, succès auquel il ne s’attendait pas lui-même. Un réseau militant s’était constitué autour de lui, et très rapidement il écoula ce premier livre.

D’aucuns pourraient penser que Paul-Henri possédait une formation initiale. Non, ce n’était pas un universitaire Il n’eut pas l’opportunité de fréquenter les bancs d’une quelconque faculté… Mais la connaissance qu’il avait accumulée, et les hypothèses qu’il partageait, faisaient naturellement de lui un vrai chercheur à vocation universitaire. Avec cette capacité d’exploration, sans relâche, il traquait les moindres détails d’une étude ancienne. Des personnes érudites telles Francis G. Ponaman, Gerry l’Etang (historiens), Jean Benoist (anthropologue), Jacques Weber (historien), Murugayaien Appassamy (chercheur, Paris 8), Ernest Moutoussamy, homme politique guadeloupéen – et bien d’autres que nous n’avons pas relevé - l’ont tous cotoyé à un niveau ou à un autre. Enfin à La Réunion, sa passion pour le bal tamoul - en voie de disparition - encourageait régulièrement les derniers vartial, les deniers maitres, Alexis Apave, Patrick Soubaye, David Tolsi, Augustin Valeama, sans ignorer le plus ancien d’entre eux : Lingou… Ses amis réunionnais dépassaient ce cercle, puisqu’il s’est aussi lié d’amitié avec Marc Cadivel, Serge Camatchy, François Imazoute, Daniel Minienpoullé, Christian Vittori…

Paul-Henri Ramin, Réunionnais dans l’âme, était un enfant des Antilles.
Nous pensons qu’il n’est guère exagéré de situer Sri P.H. Ramin dans le sillage d’un Henri Sidambarom, ce fils d’engagé qui mena un dur combat pour le droit des Indiens en Guadeloupe, d’un Zwazo, porteur de mémoire centenaire, disparu il y a quelques années, et d’autres méritants ancêtres….

{{Jean-Régis Ramsamy}}
_ ODI-Réunionnais,
_ Association pour les Initiatives de la Diaspora

{Avec la collaboration de Jean S. Sahaï.}

PHOTO 1 : Paul-Henri Ramin, martiniquais, de père d'origine indienne,
ardent défenseur de la culture tamoule aux Antilles et à la Réunion
(1971-2009).

PHOTO 2 : St Benoît, La Réunion, janvier 2009 : Paul-Henri Ramin et
Marc Cadivel, président du temple, exécutant quelques pas de bal
tamoul à la fête de Pongol (Photos J.R. Ramsamy).

{{EN SAVOIR PLUS :}}

- Berceuse de Mariyamman, de Shanmuganandan Madanacalliany et Paul-Henri Ramin, ouvrage bilingue tamoul/français et enregistrement en
tamoul (triple CD). Livre : imprimerie Mother’s Grace Offset,
Pondichéry, 182 p., 2006. CD : orchestre de P. Gnanaraj, St-
Xavier’s Communication studio, Pondichéry, 2006. Livre et CD.

- Histoire des bijoutiers indiens à l'île de La Réunion / Jean-
Régis Ramsamy. - Sainte Marie (La Réunion) : Azalées éd., 1999. -
159 p. : ill. ; 21 cm. ISBN 2-913158-16-1

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