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Décès de Carlos Menem, ancien président de l’Argentine : L’hommage poignant du ministre Essy Amara à l’illustre disparu

Décès de Carlos Menem, ancien président de l’Argentine : L’hommage poignant du ministre Essy Amara à l’illustre disparu

Le Président Carlos Menem fut élu Président de l’Argentine de 1989 à 1999. Il était surnommé « Le Turc » en raison de ses origines arabes. Sa famille était d’origine syrienne et il était musulman puis devint plus tard catholique.

Il s’est éteint à l’âge de 90 ans et reçoit en ce moment les hommages de tous les dirigeants de l’Amérique Latine car il fut un brillant orateur, un illustre porte-parole de l’Amérique Latine dans les enceintes internationales. Il fut l’un des créateurs importants du MERCOSUR (Marché Commun du Sud) regroupant le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et le Venezuela, défenseur d’un ordre économique nouveau plus équitable dans les relations économiques internationales. En raison de la question des Iles Malouines ou Falkland, tous les responsables Argentins s’étaient intéressés à la Côte d’Ivoire et son Président Félix Houphouët-Boigny qui, à leurs yeux, fut un artisan remarquable pour la décolonisation en Afrique.

Une résolution fut adoptée en 1965 par l’Assemblée Générale de l’ONU intitulée : « Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays coloniaux ». Le Comité Juridique Interaméricain, organe consultatif de l’Organisation des Etats Américains (OEA), avait déclaré l’existence d’un « Droit de Souveraineté Irréfutable » de l’Argentine sur les Malouines.

La 5ème conférence du Mouvement des Non-Alignés tenue en août 1976 à la Havane avait déclaré « l’Argentine propriétaire légitime du territoire ». Pour les responsables Argentins, le combat diplomatique était de réussir à matérialiser en acte concret toutes les résolutions et déclarations multiples sur ce problème.

Pour les Argentins, le Président Félix Houphouët-Boigny, avec sa stature de grand leader africain, était une personnalité qui pouvait convaincre Madame Margaret Thatcher à trouver une solution diplomatique à ce contentieux qui, malheureusement, sera soldé par ce que l’on a appelé, La Guerre des Malouines qui débuta le 2 avril pour aboutir à un cessez-le-feu le 14 juin 1982. Le bilan de cette guerre éclaire fut de 907 tués dont 649 militaires Argentins, 255 militaires Britanniques et 5 insulaires de l’Île. La défaite argentine précipita la chute de la junte militaire qui gouvernait alors le pays. Elle renforça par contre Madame Margaret Thatcher qui fut brillamment réélue en 1983.

C’est dans ce contexte que je fus reçu pour la première fois par le Chef de la junte militaire S.E. Alejandro Agustin Lanusse qui insista pour que je dise au Président Félix Houphouët-Boigny que le problème des Malouines était un problème de décolonisation et qu’il pouvait réussir en Amérique Latine ce qu’il avait déjà fait en Afrique. Il m’avait reçu avec tous les honneurs à la Casa Rosada (Palais Présidentiel) devant les caméras latino-américaines.

Après l’audience à ses côtés, nous fîmes en voiture un tour à la Plaza de Mayo, site central de la capitale Buenos-Aires où défilaient toute la journée et la nuit les péronistes, partisans de la guerre pour récupérer les Malouines ainsi que des centaines de mères habillées en blanc, membres de l’Association des Mères dont les enfants avaient disparu, assassinés pendant la « guerre sale » par la dictature militaire.

Toute cette mise en scène spectaculaire était faite par la junte pour montrer que par ma personne, la Côte d’Ivoire, le Président Houphouët-Boigny et l’Afrique soutenaient l’Argentine dans son contentieux avec la Grande Bretagne. J’en informai le Président Houphouët-Boigny de toute cette mise en scène. Il reçut alors l’Ambassadeur de Sa Majesté Britannique qui informa la Première Ministre Margaret Thatcher qui avait une haute estime pour le Président Félix Houphouët-Boigny qu’elle avait déjà reçu au 10 Downining Street à Westminster. Elle ne douta pas un seul instant de la neutralité du Président Houphouët-Boigny dans ce différend.

Plus tard en ma qualité de Président de la 49ème Session de l’Assemblée Générale, je reçus le Président Carlos Menem pour une audience après son discours à l’Assemblée Générale.

A sa demande, j’effectuai une visite officielle à Buenos-Aires avec un grand dîner à la Casa Rosada puis une visite à Barrichelo, ville mythique dans un paysage vallonné à la Suisse et face à la Pampa Argentine.

Dans la rivalité Brésil-Argentine, deux géants de l’Amérique Latine, il avait l’ambition de faire de la Côte d’Ivoire le point de départ de l’implantation de l’Argentine sur le continent africain, comme grâce à la Côte d’Ivoire avec l’Ambassadeur Elimane Diarra, le Brésil avait découvert l’Afrique par la Côte d’Ivoire.

Cet épisode a néanmoins permis un développement des relations entre l’Argentine et la Côte d’Ivoire. Une forte délégation d’hommes d’Affaires Argentins visita la Côte d’Ivoire et le Consortium Consulting International Group devait rénover l’hôpital du Plateau sous la direction du Ministre Jean Baptiste Mockey alors Ministre de la Santé. La Côte d’Ivoire, en contrepartie, avait ouvert à Buenos-Aires la plus grande Ambassade de l’Afrique qui sera dirigée de main de maître par le Général Ouassenan Koné.

Le temps n’effacera pas de sitôt les traces de la Côte d’Ivoire en Argentine, pays de football, qui connait Drogba l’Ivoirien comme l’un des meilleurs footballeurs du monde tout comme Yaya Touré, coéquipier de Messi à Barcelone.

L’histoire retiendra que Péroniste convaincu, une fois élu Président de l’Argentine contrairement à son mentor qui était un ennemi traditionnel des USA, il se transforma en un allié inconditionnel des USA qualifiant ses relations avec les USA comme « des relations charnelles ».

Ainsi va l’histoire des relations internationales où se font et défont les alliances sur la scène internationale.

Amara ESSY

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