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Consécration. Maryse Condé, prix Nobel alternatif de littérature

Consécration. Maryse Condé, prix Nobel alternatif de littérature

Le jury de la Nouvelle Académie a couronné la romancière française d’origine guadeloupéenne, voix majeure de la littérature des Caraïbes et d’Afrique.

La Guadeloupéenne Maryse Condé (81 ans), voix majeure de la littérature des Caraïbes et d’Afrique, a remporté vendredi dernier le prix Nobel alternatif de littérature, décerné par la Nouvelle Académie. Cette récompense a été créée par des intellectuels suédois après l’annonce du report du prix Nobel de littérature 2018 à la suite du scandale sexuel touchant, au sein de cette assemblée, l’époux français d’une académicienne, condamné à deux ans de prison ferme début octobre.

« Dans ses œuvres, avec un langage précis, Maryse Condé décrit les ravages du colonialisme et le chaos du post-colonialisme », a souligné la Nouvelle Académie lors de la proclamation. Dans une vidéo projetée ce jour-là, la romancière, qui vit aujourd’hui dans le village de Gordes (sud de la France) et ne peut plus écrire en raison de problèmes de santé, a déclaré être « très fière de ce prix ». Elle a précisé à nos confrères de Jeune Afrique : « Les Français n’ont jamais voulu entendre la voix de la Guadeloupe. Je suis heureuse qu’enfin cette voix singulière soit reconnue. »

Romancière et essayiste, Maryse Condé s’est forgé une notoriété au fil d’une œuvre au style dûment reconnaissable, martelé en phrases courtes, rapides, efficaces. Elle est aussi connue pour le ton ironique de ses récits. On lui doit une trentaine d’ouvrages dont Ségou (tomes I et 2 parus en 1984 et 1985), considérable succès populaire pour cette saga monstre située au Mali, à la fin du XVIIIe siècle, dans le royaume polythéiste et animiste des Bambaras, bientôt touché par l’esclavage et la colonisation. Maryse Condé n’a aussi cessé de s’interroger sur l’identité des descendants des exilés.

Dans la Vie sans fards (2012), elle disait avoir publié son premier livre à l’âge de 42 ans, « quand d’autres, écrit-elle, commencent de ranger leurs papiers et leurs gommes ».

Née à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) en 1937, dans une famille de huit enfants, mère institutrice, Maryse Condé est une élève brillante. Elle décide tôt d’aller chercher ses racines dans l’Afrique des années 1960. Sa première rencontre avec le continent de ses ancêtres n’a provoqué en elle « aucun coup de foudre ». Elle vivra longuement, entre autres, dans la Guinée de Sékou Touré (« Conakry, écrit-elle, a été ma véritable porte d’entrée en Afrique »), mais aussi en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Sénégal. C’est aussi en Afrique qu’elle prendra conscience du racisme des Africains envers les Antillais. En Guinée, « seul pays d’Afrique francophone à se vanter de sa révolution socialiste », elle se politise.

De sa quête des origines naîtront Moi, Tituba sorcière… noire de Salem (1986), qui reçoit le grand prix littéraire de la femme, la Vie scélérate (prix de l’Académie française en 1988) ou encore Traversée de la mangrove (1989). On lui doit aussi, entre autres, la Migration des cœurs (1995), Desirada (1997), le Cœur à rire et à pleurer (1999), Célanire cou-coupé (2000), Victoire, les saveurs et les mots (2006), les Belles Ténébreuses (2008), En attendant la montée des eaux (2010). Son dernier livre, le Fabuleux et Triste Destin d’Ivan et d’Ivana (JC Lattès) est paru en 2017, deux ans après Mets et Merveilles, annoncé comme son ultime ouvrage. Maryse Condé a présidé le Comité pour la mémoire de l’esclavage, créé en janvier 2004.

Les quatre finalistes du Nobel alternatif de littérature (la Québécoise d’origine vietnamienne Kim Thuy, Maryse Condé, le Britannique Neil Gaiman et le Japonais Haruki Murakami) avaient été choisis parmi une liste de 47 auteurs suggérés par les bibliothécaires suédois, liste à partir de laquelle 32 000 internautes du monde entier ont voté. Quatre jurés – une éditrice, une professeure de littérature, un critique littéraire et la directrice d’une bibliothèque, tous suédois – ont été ensuite chargés de désigner le lauréat. Le prix, qui sera remis le 9 décembre à Maryse Condé, est accompagné d’un versement d’un million de couronnes (environ 97 000 euros), soit un peu plus du dixième du chèque perçu par les lauréats d’un Nobel.

Muriel Steinmetz

 

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