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CONFLIT AU SEIN DU MIM : AFFAIRE INTERNE OU AFFAIRE MARTINIQUAISE ? (2è partie et fin)

 CONFLIT AU SEIN DU MIM : AFFAIRE INTERNE OU AFFAIRE MARTINIQUAISE ? (2è partie et fin)

   Dans un premier article nous avons expliqué que le conflit qui secoue actuellement le MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais), s'il est bien une affaire interne, est tout autant une affaire martiniquaise car de très nombreux Martiniquais pas forcément membres du parti d'Alfred MARIE-JEANNE ont eu l'occasion, à un moment ou un autre, de mettre un bulletin dans l'urne pour lui soit aux législatives, soit aux régionales, puis aux territoriales

   D'autre part, le MIM occupe une place trop importante sur la scène politique martiniquaise depuis bientôt 40 ans pour qu'on s'avise de négliger ce qui s'y passe en ce moment. Ce n'est pas un simple groupuscule qui tiendrait dans une cabine téléphonique. D'ailleurs, son leader charismatique, CHABEN, est à la tête de la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique) et c'est son mode de fonctionnement que remettent en cause un groupe de frondeurs. Ou de "fractionnistes" comme les désignent les militants fidèles à l'actuel président du MIM.

   Tout un chacun a le droit de s'interroger sur cette mise en cause.

   Le premier reproche qui est fait à CHABEN est de se comporter comme un dictateur et de n'avoir pas organisé d'assemblée générale du parti depuis plusieurs années. On s'étonne que de telles accusations surgissent maintenant quand on sait que le MIM a quatre décennies d'existence derrière lui. Les frondeurs d'aujourd'hui auraient-ils été aveugles durant tout ce temps-là ? N'auraient jamais repéré le penchant effectivement autocratique de leur leader, largement compensé, il est vrai, par une intégrité morale à toute épreuve et une gestion rigoureuse de la chose publique ? D'ailleurs, est-il imaginable d'être un leader et d'être tout à la fois un parfait gentil démocrate ? Que l'on soit dans un régime de droite, du centre, de gauche ou d'extrême-gauche, il est peu probable que pareille chose existe. Un leader se doit d'être fort ou alors ce n'est pas un leader. Quand Aimé CESAIRE avait lancé "Pas de ministres martiniquais dans un gouvernement français !", c'était démocratique peut-être ? Il y a eu un vote au sein de son parti pour prendre une décision aussi radicale ?

   Un second reproche, pas clairement formulé, mais aisément décelable dans le discours des frondeurs concerne l'alliance qu'a fait le MIM avec d'autres partis afin de constituer le GRAN SANBLE (RDM, PCM, PALIMA, CNCP et MARTINIQUE-ECOLOGIE), puis avec la Droite, au second tour, pour constituer le GRAN SANBLE POU BA PEYI-A AN CHANS, coalition qui a remporté les premières élections territoriales de décembre 2015. Ce que les frondeurs feignent d'oublier, c'est qu'entre les deux tours de cette élection, le MIM et le GRAN SANBLE avaient fait une proposition d'alliance en bonne et due forme au mouvement NOU PEP LA, qui se proclame "souverainiste", et que cette proposition a été sèchement rejetée.

   Sinon comment les frondeurs peuvent-ils confondre un "pacte de gestion" de la durée de la mandature avec un alignement sur des positions droitières ou anti-indépendantistes ? Il s'agissait de redresser le pays : trouver une solution de relogement pour les élèves du lycée Schoelcher (fait !) ; lancer le transport maritime FDF/Case-Pilote (fait !) ; finaliser le pont de la rivière du Prêcheur (fait!) ; lancer le "CAFE EXCELLENCE MARTINIQUE" avec une société commerciale japonaise qui le promotionnera à l'ouverture des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 (fait !) ;  faire enfin démarrer le TCSP (fait !) ; mettre à deux fois deux fois la portion de route de Trois-Rivières dans la commune de Sainte-Luce et la route de L'Estrade entre les communes du Robert et de Trinité où trop de chocs frontaux et donc mortels se sont produits (fait !)  ; mettre en place un dispositif d'aides de la CTM aux moyennes et petites entreprises (fait !) lancer le "Label Zéro Chlordécone" pour commencer à soulager les agriculteurs (fait !) ; assurer la finalisation, puis l'ouverture du Musée du Père PINCHON (fait !) etc...etc...

   Cela s'appelle de la gestion. Avant cela, le pays était à l'arrêt même si les panneaux de l'ex-Conseil régional affirmaient "LA MARTINIQUE AVANCE". Oui, à l'arrêt comme le pseudo "lycée de transit" de l'ancienne Maternité (Hôpital Victor Fouche) censé accueillir les élèves du lycée Schoelcher et qui n'a jamais pu être opérationnel ; comme le TCSP que, par démagogie, on a essayé de faire rouler (en vain !) peu avant les élections territoriales ; comme l'affligeant projet "Grand Saint-Pierre" qui n'a laissé comme trace qu'une dizaine de totems qui ont coûté la bagatelle de 750.000 euros (sept cent cinquante mille) etc...

   Troisième reproche des frondeurs : CHABEN est trop vieux ! Il faut le remplacer et il y a toute une jeunesse qui attend de prendre la relève. Quand on sait que ladite jeunesse est en grande partie composée de quinquagénaires, voire de sexagénaires, on a envie de s'esclaffer, mais effectivement, ils sont moins vieux qu'un octogénaire. Ca, c'est sur ! Sauf qu'ils oublient que ce qui importe dans la vie d'un homme ou d'une femme, ce n'est pas l'âge, mais la santé. Frantz FANON est mort à 36 ans, Eugène MONA à 48, Hugo CHAVEZ à 47 etc...On peut citer un nombre considérable de personnes de grande valeur qui n'ont même pas réussi à atteindre le demi-siècle. Certes, l'horloge biologique tourne et AMJ, tout comme Claude LISE, seront forcément amenés à un moment ou un autre de rendre leur tablier, mais qu'ils le fassent de leur plein gré, quand ils sentiront qu'ils n'auront plus la force de s'occuper des affaires publiques, et pas parce que des ambitieux trop pressés (et qui n'ont jamais rien accompli de particulier) leur auront donné un coup de pied au derrière. "Mach !" c'est pour les chiens normalement.

   Mais derrière le paravent de l'absence de démocratie , de collusion avec la Droite, voire de l'abandon de l'idéal indépendantiste ou encore de la vieillesse s'est caché ce qu'Alfred MARIE-JEANNE a appelé "un complot". La plupart de nos journalistes, peu soucieux d'investigation, y ont vu la manifestation d'une certaine forme de sénilité. "CHABEN voit des complots partout !", tel était l'antienne de nos principaux diffuseurs et commentateurs de l'information.  Or, oui, il y a bel et bien eu complot au sens le plus basique du terme. Pourquoi et comment ? Très simple : certains au MIM et pas des moindres étaient intimement persuadés que CHABEN aurait été condamné dans l'affaire "GREEN PARROT" et que par conséquent, il aurait été obligé de démissionner de son poste de président de la Collectivité. Des réunions secrètes s'étaient même tenues durant des mois pour se partager les postes entre "jeunes" ! Donc au lieu de faire bloc autour de leur leader injustement menacé par la justice "coloniale", certains misaient sur sa défaite judiciaire. Si ce n'est pas du complot, on ne sait pas ce que c'est. Et tout le monde, à commencer par nos chers journalistes, savent très bien qui fut et qui est encore à la tête dudit complot !

   Enfin, quand on examine qui sont ces frondeurs, on est obligé de constater qu'il s'agit pour certains de personnes qui étaient conseillers ou conseillères régionales du MIM, à l'époque du Conseil Régional, et qui n'ont pas figuré sur la liste du GRAN SANBLE pour les élections territoriales de 2015. Ces écartés ont été mécontents de voir que des membres des 5 partis qui composent ce GRAN SANBLE figuraient, eux, sur ladite liste. Ignorent-ils ces frondeurs, la signification du mot "sanblé" (rassemblement, alliance etc.). S'imaginaient-ils qu'il était possible de faire un rassemblement sans faire la moindre place à des candidats des autres partis composant le GRAN SANBLE ? Le résultat du premier tour, en décembre 2015, a donné raison à l'idée de faire cette alliance car avec seulement 30% des voix, elle était loin derrière l'autre alliance PPM/EPMN qui frôlait les 39%. En supposant que l'on attribue 0,5% des voix à chacun des quatre partis composant, avec le MIM, le GRAN SANBLE, estimation volontairement exagérée à la baisse, on obtient 28% des voix pour le MIM au premier tour s'il s'était présenté tout seul !

   28% contre presque 39% au PPM/EPMN, autant dire que les carottes auraient été cuites ! 

   D'ailleurs, même avec son score du premier tour (30%), elles étaient déjà à moitié cuites pour le GRAN SANBLE, n'eut été le génie politique d'Alfred MARIE-JEANNE. Il a voulu tirer le pays de l'ornière en tendant la main aux adversaires irréductibles d'hier à savoir la Droite de "BA PEYI-A AN CHANS" après le refus catégorique, rappelons-le, de NOU PEP LA. C'est qu'il fallait à tout prix sortir de la désastreuse gestion du PPM et remettre le pays sur les rails, cela sans qu'aucun des partis du GRAN SANBLE POU BA PEYI-A AN CHANS abandonne pour autant ses convictions et son idéologie. La liste impressionnante des réalisations évoquées plus haut, auxquelles il faut ajouter des actions fortes dans le domaine du "Social", est la preuve éclatante du bienfondé de cette alliance que les fractionnistes jugent inacceptable.

   Certes, tout n'est pas rose dans une île où des milliers de jeunes partent chaque année sans espoir de retour, où chaque mois des petites et parfois de moyennes entreprises mettent la clé sous la porte alors que le patronat béké prospère plus que jamais, où 20.000 hectares de terres agricoles ont été polluées pour les cent cinquante prochaines années, où le chômage, la drogue et la violence n'ont jamais baissé d'intensité etc...Mais n'était-ce pas déjà le cas lors des 5 années de mandature du PPM à la tête de l'ex-Conseil régional ?

   Venir accabler aujourd'hui MARIE-JEANNE de tous les maux et chercher à le déchouquer "malproprement" est choquant. Faire appel, afin de régler un problème interne à un parti indépendantiste, à la justice française pour des gens comme les fractionnistes qui se veulent des indépendantistes purs et durs est tout simplement indécent. CHABEN est loin d'avoir dit son dernier mot comme chacun le verra dans les prochains jours...

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