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Comment escalader le mur de Planck ?

Raphaël CONFIANT
Comment escalader le mur de Planck ?

    Chacun se souvient de cette assertion terrible de Stephane HAWKING selon laquelle la philosophie, n'ayant pu se raccrocher au train de la science, n'a plus rien à dire aujourd'hui. Comment ne pas lui donner raison ? Pendant trois mille ans, Philosophie et Science ont marché de concert et puis, durant trois siècles, les trois derniers (18è, 19è et 20è), leurs chemins se sont radicalement séparés.

     Ce qui fait que de nos jours, au 21è donc, les vrais philosophes sont des...scientifiques. Pour ne prendre qu'un seul exemple, ce que racontent les manuels de philo des classes Terminales sur une notion comme "le Temps", c'est du grand n'importe quoi. Comment, en effet, disserter sur ladite notion en ignorant complètement la théorie de la Relativité générale d'Einstein qui date pourtant de...1915 ? La philosophie croit s'en tirer en parlant de "Temps humain", ce qui est risible. Elle ne fait guère mieux sur d'autres notions toutes aussi fondamentales que celle d'Origine, de Matière ou de Néant.  

   Oui, mais rétorquera-t-on, comment faire, nous, pauvres mortels qui ne maitrisons aucune équation, pour pénétrer  les territoires supposés arides de la Science ? Très simple pourtant ! Il suffit de se plonger dans les ouvrages de vulgarisation scientifique rédigés par des scientifiques (pas par des journalistes ou des amateurs !). Puisque 80% des romans publiés chaque année sont un gaspillage de pâte à papier et un crime contre la forêt, il vaut mille fois mieux lire nos physiciens, astrophysiciens, mathématiciens, biologistes, climatologues et autres paléontologues. Au moins on en tirera quelque chose même si on ne comprend pas tout alors que depuis 3.000 ans qu'elle existe, la littérature et la philosophie ont quand même fini par faire le tour de l'âme humaine. L'amour, la haine, l'amitié, la jalousie, la dévotion etc..., c'est bon ! On sait ce que c'est maintenant.

   C'est ainsi qu'un ouvrage tel que Discours sur l'origine de l'univers du physicien Etienne KLEIN est tout à fait passionnant et stimulant et peut se lire presque d'une traite. Déjà, le titre nous interpelle : autrefois, c'étaient les philosophes qui se risquaient à tenir de tels discours ; aujourd'hui, ce sont les scientifiques et c'est tant mieux. Ecoutons-le:

   "Nous avons l'habitude de répéter__et donc de croire__que depuis Galilée la science ne s'attache qu'à comprendre que le comment des phénomènes et non le pourquoi. Mais c'est parce qu'il est justement d'un des rares à intriquer ces deux questions__Comment l'univers est-il apparu et Pourquoi il est apparu ?__que le problème de l'origine nous oblige à sonder les capacités ultimes de la science."

  En fait, il s'agit de se demander comment a-t-on pu passer  de "l'absence de toute chose'" à "la présence d'au moins une chose". Autrement dit, comment le néant a pu cesser d'être le...néant. Et si ce que nous appelons l'univers est apparu, il convient de prendre conscience du fait qu'il "ne va pas de soi que le contenant de tous les objets physiques soit lui-même un objet physique". C'est là qu'intervient la révolution einstenienne et donc de la théorie de la Relativité générale qui fait de l'univers un authentique objet physique. Longtemps, l'homme a cru que l'univers, le Cosmos en fait, était statique et donc éternel jusqu'à ce que Edwin HUBBLE découvre en 1929, que celui-ci était en réalité en expansion et que les galaxies s'éloignaient inexorablement les unes des autres. Non pas parce qu'elles se déplacent elles-mêmes mais parce que le Cosmos enfle, s'étend, grandit.

   L'homme a aussi découvert que quatre grandes "forces" ou plus exactement interactions gouvernaient non seulement sa minuscule planète Terre, non seulement sa petite galaxie (la Voie lactée), mais aussi l'ensemble de l'univers observable. Ce dernier adjectif, "observable", est important : il indique qu'il existe des zones de l'univers, peut-être même la plus grande partie de ce dernier, qu'aucun télescope, même placé à bord d'un engin spatial, ne pourra atteindre. Ces quatre interactions sont donc pour le monde macroscopique, la gravitation, et pour le monde microscopique, l'électromagnétisme, l'interaction nucléaire faible et l'interaction nucléaire forte. La Relativité générale s'attache à expliquer la première ; la mécanique quantique, les trois autres. A la date d'aujourd'hui et malgré tous les efforts des physiciens, il n'a pas été possible de réunir ces quatre interactions en une seule, ce qui permettrait d'expliquer l'univers. Cette "théorie de la grande unification" a hanté EINSTEIN, SCHORDINGER, HAISENBERG, BOHR, DIRAC etc...et bien d'autres génies de la physique. Et continue de défier les savants modernes...

    En tout cas, il y a consensus sur le fait que l'univers est né du Big-Bang, expression journalistique malheureuse qui est tout le contraire de ce qui s'est produit il y a 13,7 milliards d'années (l'âge jusqu'auquel la science peut remonter). D'abord, il n'y a rien eu de "big" c'est-à-dire de gros au départ, mais une "singularité" à savoir un minusculissime élément et il n'y a eu aucun "bang" (bruit) non plus puisque le son ne se propage pas dans l'espace. A la place de "Big-Bang" donc, il aurait fallu dire "Minusculissime flash", "flash" parce que la lumière, elle, se déplace dans l'espace sans contrainte et elle est même ce qui voyage le plus vite (300.000kms par seconde). C'est d'ailleurs grâce à elle qu'astronomes, planétologues, cosmologistes etc. peuvent travailler.

   L'homme peut remonter donc jusqu'à 13,7 milliards d'années et arrivé là, il bute sur un mur. Le fameux mur de PLANCK du nom d'un autre génie de la physique. Impossible ni de voir par-dessus ce mur et encore moins de l'escalader ou de tenter de l'enjamber. 
 

? Et Etienne KLEIN de nous expliquer que:

   "Le mur de Planck est ce qui nous barre l'accès à la connaissance de l'origine de l'univers...Il est moins un mur proprement physique qu'un mur pour notre physique..."

   En fait, la question de l'origine de l'univers coïncide avec celle de l'Etre (retour donc à la philosophie mais par le truchement de la science), question suprême s'il en est. Il est évidemment impossible de résumer ce livre puissant en quelques paragraphes. Quasiment chaque page nous renvoie à notre ignorance et au fait que ce que nous appelons "la culture générale", exclusivement centrée sur les Lettres et Sciences humaines, est sans doute du bla-bla-bla. Ce qu'il nous faut désormais, c'est une "culture générale scientifique", ce qui a assez peu de rapport avec l'enseignement des sciences tel qu'il est asséné aux élèves de l'école primaire à l'université.

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