Cette nouvelle rubrique suscite un grand intérêt chez nombre de nos lecteurs qui nous contactent pour avoir davantage de précisions sur tel ou tel point. Normalement, si nous étions un pays qui se respecte, pareille rubrique n'aurait jamais dû exister : ce qui s'y trouve aurait dû avoir été enseigné dès l'école primaire. Malheureusement, force nous est de constater que notre système scolaire tourne encore le dos à la langue et à la culture créoles ou les introduisent à doses homéopathiques alors que dans le même temps, l'anglais précoce ou l'espagnol précoce ont la priorité. L'école contribue donc à l'effrayant processus de décréolisation, pas seulement linguistique, qui affecte notre société. Il n'y a guère que dans le domaine musical que ce processus est bloqué même si des musiques étrangères (notamment le rap ou le ragga) ont réussi à s'implanter chez nous.
Le "bèlè", la "biguine", la "haute-taille" etc... résistent encore assez bien, portées, il est vrai, par un puissant mouvement de défense et de promotion de ces pratiques. En agriculture, on assiste à un phénomène similaire de résistance autour du "lasotè".
Il n'y a donc qu'un moyen de stopper la décréolisation : mettre en œuvre un processus de recréolisation. A tous les niveaux de la réalité, mais d'abord et avant tout linguistique car c'est la langue qui permet d'exprimer la réalité et ce que nous avons dans notre tête. C'est l'outil premier de la pensée. La présente rubrique se veut donc un outil, un minuscule outil, de recréolisation. Minuscule car il est évident que le créole ne pourra être sauvé que par une glottopolitique ou politique linguistique forte, structurée et scientifiquement élaborée. Tout folklore ou toute démagogie politicienne sont à bannir et seraient de toute façon néfastes à la cause du créole. Il y a des spécialistes du créole comme il y a des spécialistes de la faune marine, des cultures vivrières, de l'élevage du bétail ou des abeilles, des danses traditionnelles ou de la pêche. Les politiques n'ont qu'à faire appel à leurs services afin d'élaborer ladite glottopolitique. Point à la ligne.
Venons-en à l'expression du jour :
FRANCAIS : prendre quelqu'un comme souffre-douleur // CREOLE : pwan an moun sèvi pou lapidanm.